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"Le musette est une musique complètement métissée."

Entretien avec Daniel Denéchau, du Groupe Denéchau Jâse Musette. Daniel Denécheau : Le Denécheau Jâse Musette est un ensemble de trois musiciens qui se sont toujours intéressés aux craquements des 78 tours musette. Au départ c'est Didier Roussin et moi-même, puis Robert Santiago. On s'est regroupés pour essayer de retrouver le son et l'atmosphère des orchestres musette.

On a reconstitué la formation d'époque avec le banjo, avec le jazz (Prononcer : "jâse", la batterie d'époque et avec ses accessoires : jazzoflûtes, ocarina, flexatone) et l'accordéon diatonique (diatonique main droite, chromatique main gauche) comme jouait Émile Vacher, l'un des créateurs du style musette. C'est à partir de cette base que l'on fait en concert ou en bal l'histoire du musette.

Nous voulons montrer d'où vient le musette, qu'elles ont été les origines du musette. Parfois se joignent à nous Michel Esbelin, qui amène la partie auvergnate puisqu'il joue de la cabrette et Daniel Colin à l'accordéon chromatique qui montre l'influence des manouches à la fin des années 30 en interprètant des valses swings de Gus Viseur, Muréna, Privat et également l'influence de la musique viennoise avec Offenbach ou Louis Ganne. CMTRA : Il y a eu de nombreux ouvrages, des livres, des CD d'anthologie qui sont sortis sur l'histoire du musette. Ce sont des ouvrages très volumineux ; peux-tu tenir le pari de raconter cette histoire du musette en quelques instants ?

D.D. : Le musette est né dans les bals auvergnats. Au début du siècle, les musiciens auvergnats jouaient dans des petits bals à Paris et en banlieue. Il s'est trouvé que des ouvriers italiens avec des accordéons, ont réussi à s'implanter dans ces bals et petit à petit à imposer un nouveau répertoire. A

u début, ils accompagnaient les auvergnats puis ils se sont adaptés à la demande de la clientèle qui réclamait des airs à la mode. Ils ont adapté aussi des airs de chez eux. Mais c'est surtout Émile Vacher qui n'était pas italien et Charles Péguri qui ont su synthétiser tout cela pour en faire un nouveau style : le musette. De là est parti une grande mode, les gens couraient en fin de semaine dans les bals musette pour danser au son de l'accordéon. Il y eu aussi d'autres influences sur le plan instrumental. On peut voir par exemple le banjo, un instrument américain qui a été rapidement au côté de la cabrette et de l'accordéon.

Toujours par rapport aux États-Unis il y a eu la batterie (le jazz) qui donnait un côté plus moderne à l'orchestre et qui, par sa puissance dans les bals où il n'y avait pas de sonorisation, facilitait la danse. Puis après les manouches qui, déjà au banjo à côté des accordéonistes, ont introduit petit à petit la guitare. Des gens comme Django Renhard et les frères Ferret ont amené un nouveau style et de nouvelles harmonies plus jazz. Alors, est né au début des années 40 ce qu'on appelle le swing-musette avec un répertoire de valses qui a permis de développer tout un jeu à l'accordéon avec des improvisations et des harmonies plus riches. Donc, ça c'est la deuxième époque du musette.

Ensuite on a le musette d'après-guerre qui là se sépare en plusieurs branches. Certains accordéonistes ne se sont plus contentés de jouer les danses de base du musette qui étaient la valse, la java, le fox-trott..., ils ont voulu jouer de la variété. Le musette s'est ainsi faufilé à travers des chansons sur des rythmes de valses et de java (Mouloudji, Colette Renard, Ferré, Brel). CMTRA : Que recouvre exactement l'appellation "répertoire typique" ?

D.D. : Ce que l'on entend par "typique" maintenant, c'est le répertoire d'origine latino-américaine ou cubaine : les rumbas, les tcha-tcha-tcha, boléros qui s'est développé dans les années 50. Maintenant quand je parle moi du Denécheau Jâse Musette qui est "la" formation typique, j'entends par là, la formation typique parisienne du début du siècle car le musette est née à Paris. CMTRA : Le musette est donc le produit d'influences auvergnate, italienne, américaine, manouche, variétés et puis donc, par le biais aussi de ces variétés, influence latino-américaine. Est-ce que l'on n'est pas dans un exemple parfait de brassage, de métissage permanent ?

D.D. : Si, complètement. Le musette est fait de musiques et de cultures très différentes, d'Europe centrale, autrichienne, manouches, italienne, américaine et quelque part sûrement espagnoles par plusieurs accompagnateurs banjoistes, guitaristes qui étaient d'origine espagnole. Donc le musette qui est typiquement parisien est en fait une musique complètement métissée, comme d'ailleurs beaucoup d'autres musiques traditionnelles urbaines. CMTRA : Est-ce que le musette est mort ?

D.D. : Le musette si l'on veut, persiste toujours et est toujours dansé. Mais petit à petit, le musette devient comme le jazz. S'il survit ce sera à travers une musique de concert à écouter davantage qu'une musique de danse. Et moi je crois que le musette va être forcément de plus en plus influencé par le jazz, bien que déjà dans les années 50 il y ait eu des morceaux interprétés par Barrot Ferret et Jo Privas qui étaient à la limite du free-jazz. Mais le musette est mort dans la mesure où il ne répond plus aujourd'hui à un besoin de distraction de fin de semaine du peuple, de l'ouvrier. Il persiste cependant à travers les disques et les concerts. CMTRA : Alors, est-ce que le musette est vivant ?

D.D. : Le musette est encore là dirons-nous dans les bals du 14 juillet ! CMTRA : Est-ce que l'on aura du musette pendant le troisième millénaire ?

D.D. : Ah, Ah, Ah ! Alors là, ça je n'en sait rien du tout, j'espère !


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