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Le Temps du Rêve

La présentation du guide Images Spectacles et Musiques du Monde à l'Espace Beaudelaire à Rillieux le 22 avril dernier fut l'occasion de découvrir parmi de nombreux artistes Annie Rumani, danseuse de Katakali, M'Bemba Camara, chorégraphe guinéen ainsi qu'un instrument aux sonorités étranges : le didjeridoo, pratiqué par deux musiciens Lyonnais, Christian Wewerka et Alexandre Bartos. Cette trompe aborigène est fabriquée à partir de branches d'eucalyptus naturellement perforées par les termites qui se nourrissent de leur sève. Depuis 1996 s'est installé à Lyon un des plus grands virtuoses du didjeridoo en Europe : Phillip Perris, natif de Malaisie qui a vécu en Australie pendant 20 ans. Ce long séjour lui a permis de découvrir la culture aborigène et de s'initier à la pratique difficile de cet instrument mystérieux. Entretien avec Phillip Peris. Phillip Peris : Dans l'ouest australien, j'ai grandi avec les aborigènes. Pendant ma jeunesse, j'étais fasciné par ces sons lorsque mes amis jouaient. Je ne savais pas pourquoi à l'époque mais je pense savoir à présent. Peut-être ai-je été envoyé, choisi (rires).

Jouer du didjeridoo fait écho à ce que je ressens. Je me sens bien. Il n'existe par d'autres instruments comme celui-là. Aujourd'hui, les européens et les américains se passionnent et s'investissent dans la découverte de cet instrument pour les mêmes raisons : le sentiment d'être proche de la nature créant des émotions particulières que seule la musique peut engendrer.

J'ai ressenti un besoin très fort d'en jouer, un besoin connecté directement avec mon esprit, lié à une méditation existentielle. L'état d'esprit est le même pour les personnes qui ne jouent pas du didjeridoo mais qui assistent à des cours de yoga. Lorsque je joue, j'éprouve des sentiments provenant de ces exercices ou de la philosophie zen. Grégory Ramos : Comment s'est déroulé ton apprentissage de cet instrument ?

P.P. : J'ai eu la chance de rencontrer deux maîtres comme Danomalo et Black Alanbarka aux contacts desquels j'ai été instruit. Je ne dormais pas avec eux mais ils vivaient dans une zone urbaine comme moi ,près de la ville, non loin du bush. L'ouest de l'Australie est complètement hors-norme, la ville suivante se trouvant à plus de 2000 km. C'était notre petit monde.

Les aborigènes apprennent à toute personne qui veut ou plutôt à toute personne qui peut. Ils perçoivent celles capables de comprendre l'instrument. L'enseignement ne passe pas par de la pédagogie pure mais par une sélection naturelle. A l'époque, j'étais le seul à pouvoir reproduire ce que le maître jouait. L'initiation passe par la démonstration de ses convictions : "Regarde, écoute, apprend ". Cela fut plutôt facile pour moi au début car je pense avoir des talents naturels, talents que j'ai du développer par la suite. Arrivé en Europe, j'ai essayé de transmettre cette musique et non pas la culture aborigène. Je ne peux dire que je suis un spécialiste de cette culture, étant ni anthropologue ni sociologue ni musicologue. Je me considère comme un simple interprète de l'instrument pouvant faciliter le réveil des gens, susciter leur curiosité.

Quand je sensibilise des clarinettistes ou des saxophonistes au didjeridoo, je ne dis pas : Bon, nous allons apprendre à jouer du didjeridoo ». Les initier à ces techniques, notamment à la respiration circulaire, leur permet de devenir de meilleurs musiciens. G.R. : Le didjeridoo est utilisé dans de nombreuses formes musicales comme le rock ou la techno. Penses-tu avoir une démarche moderne ou plus traditionnelle ?

P.P. : J'ai conservé une démarche plutôt traditionnelle en incluant un sentiment contemporain avec des rythmes issus de la culture aborigène ajoutés à des rythmes qui m'ont influencés comme ceux provenant d'Afrique. À l'origine, le didjeridoo n'est pas utilisé en solo dans l'accompagnement des chants ou des danses. J'ai été parmi les premiers à proposer des récitals de didjeridoo. Dans ces moments-là, je donne ce que j'ai envie de donner. Tout ce que j'exécute sur scène n'est jamais une préméditation de l'esprit. C'est une rencontre sublime dans laquelle je ne pense à rien, où j'aime me sentir libre. J'utilise des rythmes simples au profit d'un message simple : &laqno; Bonjour, comment vas-tu ? Je veux être ton ami. » Les vibrations passent dans mon corps pour ensuite se diriger vers le public. C'est une sensation vraie, proche de la loi première du chamanisme. Ces concerts en solo ne m'empêchent pas de collaborer avec d'autres musiciens comme Ras Berny ou Moussafaye. De plus, ce sont des expériences que j'apprécie. Parfois, je m'ennuie quand je suis seul et prends plaisir à changer le rythme dans lequel je vis. Quand j'ouvre le jeu à d'autres, j'espère rencontrer un musicien génial : "Viens, joues, jam." Je ne veux pas m'enfermer dans des règles strictes. Je désire rester libre. G.R. : Ton deuxième CD Rainbow Heartbeat est sorti il y a quelques mois.

P.P. : J'ai demandé à Philippe Krüm s'il était intéressé par mon projet. Grâce au succès de mon premier CD, il a accepté. Je suis séduit par le travail qu'il fait. De festivals en concerts, Philippe a réussi à me faire connaître auprès d'un public susceptible de s'intéresser à cette musique.

Concernant le choix des morceaux, tout s'est passé dans un rêve où les nuages disparaissaient petit à petit laissant place au ciel. Tout est venu de nulle part excepté de mon inspiration. Être capable de retranscrire les choses que tu sens est le plus beau des sentiments. Propos recueillis par Grégory Ramos (Traduit de l'anglais)

Chargé de production en cultures traditionnelles à Inter Service Migrant Phillip Peris est tous les dimanches matin au

Marché de la Création Quai Romain Rolland 69005 Lyon à partir de 11 h Discographie : · L'ART DU DIDJERIDOO Alexandre Bartos (Arion) · LIGHTNING AND THUNDER Phillip Peris (MSI) · RAINBOW HEARTBEAT Phillip Peris (Cinq Planètes, Scalen' Disc)





Le Guide Images Spectacles et Musiques du Monde est disponible: ISM 32, cours Lafayette 69003 Lyon Tél : 04 72 84 78 90


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