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Die sur Volga

Entretien avec Laurence Mudler, directrice du festival Est-Ouest, festival qui abordera cette année le thème de la Volga du 17 au 26 septembre 2004 CMTRA : La 16ème édition du festival Est-Ouest se déroulera du 17 au 26 septembre 2004 à Die (Drôme) sur le thème de la Volga. Au-delà du fleuve, la Volga est un vaste territoire, sur quel(s) thème(s) avez-vous choisi de vous arrêter en particulier ?

Laurence Mudler : Les thèmes se sont révélés au fur et à mesure des recherches. Ici et sur place, là-bas jour après jour, rencontre après rencontre : villes noyées, villes fermées, villes usines, petits peuples, que nous pouvons rattacher à des problématiques de la mémoire, de la reconstruction identitaire, à des rapports entre la tradition et la modernité.

Les villes noyées, par exemple. Nous avons rencontré un ancien habitant de Mologa une ville de 700 000 habitants : ce Mologois de soixante-dix ans nous a raconté comment, lorsqu'il avait onze ans, sa maison a été démontée, transportée-flottée sur le fleuve, et enfin (mal) remontée à Rybinsk, une cinquantaine de kilomètres plus loin.

Quand vous savez que cela concerne environ 140 000 personnes (déplacées de cette région entre 1935 et 1950), que pendant plusieurs décennies ce sujet a été copieusement évité, que beaucoup d'habitants de la région descendent de prisonniers des goulags qui ont construit les barrages, vous réalisez, sans forcément encore être capable de nommer ce que cela a produit, que c'est un sujet à explorer. D'autant plus quand ce vieux monsieur charmant a vécu cela comme une ouverture, du renouveau dans sa vie d'enfant.

Les villes usines ou les villes ouvrières et l'importance de la technologie russe nous ont paru incontournables après notre séjour à Ijevsk, la ville natale de Monsieur Kalachnikov. Les musiciens de cette ville presque millionnaire fondée au 18e pour y construire une usine d'armement sont à la pointe de la techno. Le même label (KAMA) produit et distribue une universitaire-chanteuse traditionnelle accompagnée d'un unique musicien qui a créé son instrument avec une racine et une corde (je schématise à peine) et des groupes de techno. Un des musiciens qui sera à Die en septembre ne joue que sur des synthétiseurs soviétiques (il y tient), et au minimum sur 5 simultanément. Une autre formation (Groupe Volga) composite au niveau des origines géographiques, travaille à partir des recherches d'une musicologue-chercheuse qui part de textes anciens sur lesquels le compositeur Andrei Borisov crée une musique indescriptible !

Les villes fermées, nous avons dû en entendre parler en cours d'histoire, en terminale, sans plus. En fait, nombre de ces villes se sont ouvertes et sont apparues sur les cartes voici à peine dix ans ; Sarov, tout près de Nijni Novgorod, par exemple, la ville où Sakharov a travaillé sur la première bombe atomique russe, ne figure sur aucune carte géographique. Le festival Est-Ouest de Die aborde chaque année des thématiques différentes par le biais de plusieurs champs de la culture (cinéma, musique, littérature, théâtre, art contemporain ...), comment faites-vous pour élaborer une programmation aussi complète ?

C'est une histoire de désirs et de plaisirs partagés.

D'abord, sachez que nous avons fait dès l'origine le choix de la pluridisciplinarité. Nous voulons renforcer les structures existantes localement tout en ouvrant des perspectives. Le cinéma Le Pestel, le théâtre Les Aires, la médiathèque départementale Diois-Vercors, le musée d'Histoire et d'Archéologie, certaines associations comme Drailles ou les Amis des Arts et du Musée, et je vais certainement en oublier sont des partenaires permanents : nous avons tous besoin les uns des autres pour survivre et nous renforcer.

Ce qui se reproduit chaque année, c'est un ou plusieurs voyages de repérage dans le pays, la ville, la région désigné. Ces voyages sont très importants pour rencontrer les artistes, mais aussi des intellectuels, des sociologues, des journalistes. Nous n'allons pas faire notre marché. Nous rencontrons des êtres humains, des individus, des groupes, des associations. Nous leur racontons le festival, les festivals. Nous devons les embarquer dans l'histoire et sentir s'ils ont « le profil » voulu. Nous ne nous contentons pas des circuits officiels. Nous nous efforçons de repérer de jeunes talents pour qui une participation à un tel événement en France est souvent la première occasion de rencontrer l'Occident, d'être entendu, apprécié, encouragé. Le Festival Est-Ouest attend beaucoup de ses invités. Un écrivain ne va pas se contenter d'intervenir une fois en public, il va vivre à Die plusieurs jours. Il va converser avec des lycéens, prendre le petit-déjeuner avec la famille qui l'héberge, assister à une séance de cinéma suivie d'un débat dans lequel il pourra intervenir comme le public. Il visitera une cave de Clairette et pourra même traîner (ce qui est parfois mal vu !) à une terrasse de café.

Nous créons du temps pour la rencontre. Avec les Diois, dont beaucoup sont des irréductibles bénévoles, avec le public de partout, avec les autres invités. Il est fréquent que des artistes qui se connaissent de nom se rencontrent à Die pour la première fois et repartent avec des projets communs. Selon les destinations, nous partons seuls, après avoir activé notre réseau de personnes ressources sur place. En 2004, pour programmer le festival Volga, nous nous sommes attachés les services de deux poissons-pilotes hors pairs : Tania Moguilevskaia et Gilles Morel. "D'un festival à l'autre" vous permet de prolonger le festival sur une programmation à l'année, pouvez-vous nous expliquer comment cela se déroule ?

Cela se déroule avec plaisir ...

Il s'agit de poursuivre des relations avec des artistes invités dans le passé, de faire vivre un réseau constitué depuis 1989. De rebondir sur une opportunité qui se présente. Par exemple en novembre 2004, Les Belles Étrangères seront consacrées à la littérature Russe. Nous avons là une belle occasion de recevoir à Die quelques écrivains qui complèteront la présentation de septembre. Et puis il y a des rencontres un peu spéciales. Alexei Aigui et le goupe "4'33" par exemple. Arrivé à Die en septembre 2002 en bougonnant, Alexei est devenu un ami du festival. Si nous apprenons que son groupe est en France nous essayons d'organiser un concert ou un ciné concert avec lui ; C'est une grosse pointure de la musique actuelle et mais c'est un être sensible, chaleureux, plein d'humour, qui a du plaisir à venir à Die, et nous du plaisir à le programmer. Chaque été ou presque depuis 1993 nous invitons le Quatuor slovaque Moyzes à passer par Die.

Tant que nous recevons le petit budget spécifique pour la diffusion alloué par le Conseil Général de la Drôme nous pouvons continuer la programmation d'une saison. Le thème de 2005 semble déjà défini, pouvez-vous déjà nous dévoiler cette prochaine destination ?

Bon d'accord, je vous le dis. Ce sera la Slovénie. Et vous serez surpris par la différence entre les images d'Épinal que nous distillent actuellement les médias à propos de ce petit pays et sa réalité culturelle. Propos recueillis par L.D. Contact

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