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C'est pas des manières !

Entretien avec Christophe Jacques, fondateur du collectif C'est pas des manières. C.J : La structure a été crée en 1992. Au début, nous étions trois musiciens, et l'objectif était de s'occuper de nos groupes de rock réciproques, Jo Staline et les Porcs. Au fil des années, on a trouvé un local de répétition puis on a décidé d'ouvrir la structure et d'en faire un outil professionnel. C'est vraiment un collectif au départ, de mise en commun de savoir-faires, de partage de nos compétences issues du milieu du spectacle. On a vite compris qu'en dehors de l'autoproduction, on ne pourrait pas aller bien loin, par rapport à la musique qu'on faisait et des choses qu'on défendait. Au début, nous étions dix. Aujourd'hui nous sommes plus de 115 intermittents et un mi-temps en CDD. Quelles sont vos activités ?

Notre activité première est la production discographique et la vente des spectacles des groupes du collectif. Nous aidons aussi des formations musicales qui sont indépendantes et proches de nous (locaux de répétition, maquettage). Nous relayons aussi des formations venant d'ailleurs, qui ont du mal à trouver un relais ici. On fonctionne sous forme d'échange. Un collectif artistique audiovisuel nous a rejoint en 2000 : Les Machineurs. Ils produisent des documentaires musicaux et culturels sur des artistes de la région (Fun Carmen, Jo staline, Fred Oscar, Meî tei Cho etc...), mais aussi nationaux pour des diffusions sur les télés locales. Nous sommes détenteur d'une licence d'entrepreneur du spectacle et assurons le salariat et l'administration de tous les projets que nous développons. Vous fonctionnez un peu comme un label ?

Un peu. C'est un collectif artistique mais qui est en train de devenir un label par la force des choses. En 2005, nous aurons produit quatre disques dont celui de Fun Carmen et réalisé plusieurs démos et albums d'autres artistes régionaux (Gillie Mac Pherson, Musafiri...) . Nous avons encore à réaliser deux albums d'ici la fin janvier 2006 et deux productions internes pour le premier semestre 2006. Chaque année on monte d'un cran, nous avons embauché récemment une chargée de communication et nous allons bientôt créer un autre emploi administratif. Le but est de viabiliser un instrument de travail différent d'une structure de production privée, qui reste associatif. À moyen terme, on voudrait créer une coopérative, en nous associant avec d'autres structures, pour développer tous les domaines du secteur et combler « le grand trou » que nous ont laissé nos amis des majors et les responsables de la politique culturelle de ce pays. Quelle est votre ligne artistique, comment choisissez-vous les groupes ?

Nous fonctionnons par commissions formées de gens de chez nous et de personnes extérieures (universitaires, professionnels du spectacle, artistes), qu'on invite. Jusqu'à présent, notre ligne musicale est plutôt « musiques du monde actuelles » (Trio Soulayres, Et pourtant elle tourne, Main Swing ) mais nous avons aussi de la chanson française iconoclaste (Ze Fred, Les Dents Sales) et des formation de rock métissé,( Fun Carmen, Jo Staline, Khalid H,) ou punk alternatif (Les Porcs), un peu d'électro (Shrink Orchestra). La dominante reste celle des musiques très métissées. Nous faisons de nombreuses passerelles avec des formations issues de musiques traditionnelles, qui évoluent vers des métissages culturels. Nous n'aimons pas la musique formatée, la chanson française à la con, dont on nous saoule toute la journée à la radio. Nous essayons donc de développer des alternatives.

Il y a des choix politiques qui déterminent vos choix culturels et artistiques... Pour nous, la notion de culture est éminemment politique. Ce qui se passe aujourd'hui dans les banlieues et ce qui se passe au niveau de la dépréciation du travail artistique dans ce pays, sont les effets d'une même politique sociale et culturelle, celle du nivellement par le bas. On développe une société de consommation culturelle de masse dont le contenu est purement mercantile, sans effet d'éducation, ni d'enrichissement du savoir et des connaissances. La diversité culturelle doit être accessible à tous, c'est la seule richesse qui reste à ceux qui n'ont rien dans cette société. Il y a des groupes, chez nous, qui ont choisi de ne pas distribuer leur disque mais de mettre les morceaux gratuitement sur internet, parce que la musique est faite pour être écoutée. Les SMAC sont devenus la chasse gardée des majors, il n'y a plus de développement d'artistes locaux et ce sont toujours les mêmes groupes (signés en général) qui se partagent ce juteux marché d'une année sur l'autre en fonction des modes imposées par les majors et relayées par des organismes comme le FAIR, le Printemps de Bourges, ou Région en Scène. Le réseau marche à fond, formant un petit cercle très fermé et privé qui régit la diffusion de la musique en France, dans lequel les indépendants n'ont pas leur place.

Je crois qu'il y a un gros problème de politique culturelle dans ce pays. On fait une politique de consommation, une espèce de formatage de ce qui doit être écouté et vendu. Des styles sont imposés par des petits groupes de décideurs (marchands, médias et diffuseurs institutionnels), l'uniformité paye, et les programmateurs l'ont comprit. On confond artistes et produits, plaisir et besoin. Le résultat de cette politique n'a rien de culturel : la référence artistique des jeunes est devenue la Star Ac, le cercle est donc bouclé. En attendant nous sommes encore là. Propos recueillis par Y.Epstein Contact :

C'est pas des manières 34 avenue Roger Salengro 69100 Villeurbanne, France

Tél: +33 (0)4 78 94 84 12 Fax: +33 (0)4 78 94 84 72

Mél: [info@cestpasdesmanieres.org->info@cestpasdesmanieres.org]

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