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Maksoum
Le partage des savoirs

Entretien avec Ismaïl Mesbahi et Anoun Bouchara, responsables de Maksoum, association d'enseignement des musiques et danses orientales et du Maghreb basée à Lyon







CMTRA : Quelle est l'histoire de cette association ?

I.M : Tout a commencé il y a un an. L'idée nous est venue simultanément à Anoun et à moi. Elle a travaillé dans l'organisation de spectacles et connaît bien ce domaine-là et elle avait dans l'idée de créer une structure. De mon côté, je voulais créer une école de musique orientale sur la région lyonnaise, à partir d'un enseignement bien traditionnel. Nos deux idées se sont agencées parce qu'on avait le même objectif, la même vision des choses sur le projet et la manière de fonctionner de cette association. J'ai commencé la musique il y a quelques années déjà. J'ai commencé en autodidacte, ensuite j'ai joué dans différents groupes. Quelques années après, je suis entré à l'Ecole de Musique de Villeurbanne. Au début j'ai papillonné d'un instrument à l'autre, entre les percussions et le oud notamment. Ensuite je me suis spécialisé en percussions orientales. J'ai passé mon DEM, tout en poursuivant mon premier métier, celui de musicien de scène. Ensuite, j'ai commencé à donner des cours particuliers. J'ai poursuivi mes études au CEFEDEM où j'ai passé mon diplôme d'Etat.

Simultanément, j'ai beaucoup travaillé à l'accompagnement de la danse orientale et j'ai fais des recherches poussées concernant le lien entre la danse et le rythme. J'ai donc beaucoup travaillé avec plusieurs professeurs de danse orientale. J'ai toujours accordé de la place à l'enseignement parce qu'il permet d'apprendre beaucoup de choses : on décortique, on se sert d'autres outils que l'on a appris dans d'autres domaines et que l'on peut transposer. On apprend beaucoup des élèves, en voyant leur manière de sentir le rythme, de percevoir la musique, leurs difficultés et comment réussir à leur faire passer un message surtout lorsqu'ils sont d'une autre culture. C'est ça qui m'a intéressé. Cela m'apporte une richesse incroyable. A partir d'un savoir que tu as acquis toi même en autodidacte...

I.M : Oui. Quand je vois mes élèves, ça me rappelle mes débuts, quand je galèrais sur certaines choses. J'ai dû trouver moi-même des solutions et je me rends compte que j'ai perdu un peu de temps en apprenant seul. Un prof peut beaucoup apporter en peu de temps et puis il y a toute la transmission culturelle qui accompagne la transmission instrumentale : l'explication des contextes, la transmission historique et culturelle de cette musique, ses modes... On soulève des problèmes et c'est très enrichissant. Beaucoup d'élèves confondent la musique orientale et la musique du Maghreb, le raï, le traditionnel, la musique turque... Là on explique bien les répertoires, les spécificités des structures et les caractéristiques propres de ces musiques. L'association, pour le moment, fonctionne avec deux intervenants, toi et Iyad Haimour ?

I.M : Oui. Iyad est un très bon ami et un complice musical puisque nous jouons énormément ensemble. Nous lui avons proposé de se joindre à nous et il a accepté. Il est syrien de Damas et il a appris la musique avec un maître, en cours particulier, avec une forme de transmission orale et traditionnelle. Il a commencé par le oud puis il s'est mis en autodidacte à d'autres instruments comme le qânoun, la cithare arabe et le nay.

Il a dû trouver, lui aussi, des outils dans son apprentissage pour ces instruments-là. Aujourd'hui il est diplômé d'Etat lui aussi. Il enseigne depuis très longtemps et de manière traditionnelle. La politique de l'association est de travailler avec des gens qui sont spécialistes de leur domaine et qui transmettent de manière traditionnelle. On privilégie l'enseignement oral, sans pour autant bannir complètement le solfège. On sait que le solfège tient une place importante dans un enseignement et qu'il peut être un outil. Quels enseignements propose l'association ?

I.M : Des cours de percussions du Moyen-Orient et du Maghreb, avec tout un panel d'instruments comme la derbouka, le riqq (tambourin oriental), le daf pour le Moyen-Orient et le tar, le bendir pour le Maghreb. On met bien l'accent sur la différence des répertoires pour ces différentes percussions, dans un même atelier collectif. Aussi, nous proposons des cours bi-mensuel d'assise rythmique et de sagats (cymbalettes) destinés aux danseuses orientales en complément des cours hebdomadaires de danse orientale. Iyad propose un cours de oud, un cours de qânoun et un cours de nay. A.B : On projette également de mettre en place des stages de danse orientale pendant l'année, en faisant venir des professeurs qui ne sont pas de Lyon et qui proposent d'autres styles ainsi que des stages de percussions orientales et maghrébines animés par d'autres professeurs. On aimerait développer des partenariats avec d'autres enseignants, d'autres associations pour que chacun vienne partager son savoir, sa pédagogie. Qu'est-ce qui vous a poussé à ouvrir une nouvelle structure d'enseignement de musiques orientales en sachant que l'offre existante est importante ? Est-ce lié à une demande croissante du public, ou plutôt à une proposition d'enseignement particulière ?

A B : C'est vrai qu'en danse orientale notamment il y a une offre importante mais on a choisi de le faire en complément du style culturel choisi. Parce que lorsque l'on parle de danse, on parle de musique et notamment de rythme et on s'est dit que ça pouvait être intéressant de travailler ces deux domaines, faire intervenir les percussions dans la danse, les faire se rencontrer.

En ce qui concerne les instruments mélodiques, mis à part l'ENM de Villeurbanne, le qânoun ou le nay ne sont pas enseignés, contrairement au oud. On a décidé de mettre en place ces cours parce qu'Iyad est spécialiste de ces trois instruments et qu'ils sont représentatifs de la musique orientale. Il y a aussi une question de valeurs, par une transmission traditionnelle, avec un répertoire précis et la volonté de transmettre un enseignement proche de celui d'Iyad par exemple, qu'on trouve difficilement ici et qui est recherché par les élèves. L'élément essentiel de ce type d'enseignement est l'oralité et puis il y a aussi le répertoire, le choix des morceaux... IM : On voudrait que cette musique soit respectée, que les personnes qui désirent l'apprendre, l'apprennent avec ses valeurs et sa culture indissociable. Le slogan de l'association est « le partage d'une richesse », ça veut tout dire. Tu es toi-même un spécialiste de la problématique de « l'enseignement inversé » des musiques orientales... Y a t'il un lien entre cette étude que tu as faite au Cefedem et la création de cette association ?

I.M : Oui, il y a un lien. Lorsque j'étais au Cefedem, il a fallu que je choisisse un domaine d'étude pour mon mémoire et j'ai choisi la méthode d'enseignement dans trois pays : la France, la Tunisie et la Syrie. J'ai eu la chance de pouvoir aller, dans le cadre de ma formation, au Conservatoire Supérieur de Damas et là j'ai halluciné parce que j'avais une idée complètement fausse de l'enseignement de la musique du Moyen Orient dans ce pays-là, qui est le berceau de la musique orientale. J'ai débarqué dans ce conservatoire et mon premier cours de percussions orientales était un cours de solfège ! Je ne m'attendais pas du tout à ça parce que pour entrer au CNSM de Damas on demandait d'être lecteur, de privilégier la lecture.

En fait, l'enseignement oral s'efface dans le but de ressembler le plus possible à un conservatoire européen. Cela ressort dans différents domaines : le commerce, les médias... Ça m'a beaucoup choqué. J'ai rencontré le professeur de percussions qui est un excellent musicien, très reconnu, qui a joué avec les plus grands. Il m'a raconté qu'il se sentait coincé parce qu'il était obligé de se plier à une méthode d'enseignement académique. C'était incroyable, ça m'effraie beaucoup. En Tunisie, j'ai interrogé d'autres personnes et il s'est trouvé que l'école tunisienne employait à la fois la méthode orale et la partition et celle-ci restait comme un outil. En France, l'oralité est souvent privilégiée dans les cours de musique orientale. Donc on est dans une situation de miroir et c'est pour ça que j'ai parlé de transmission inversée. En Europe, on privilégie l'oralité et là-bas, on joue très carré, avec des pupitres... L'année suivant mon voyage à Damas, il y a eu un changement de directeur au conservatoire et le département de musique orientale a été supprimé, purement et simplement. Heureusement il y a toujours de vieux maîtres qui transmettent leurs savoirs de manière traditionnelle... Quelle est la signification de « Maksoum » ? « Maksoum » signifie coupé, divisé. C'est le nom d'un rythme très populaire en Egypte qui accompagne la vie de tous les jours. C'est le premier rythme que l'on apprend. Propos recueillis par Y.E Contact :

Association Maksoum 06 67 05 10 53

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