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Mè dze si eunna tsansòn
*je sais une chanson

La Région autonome de la Vallée d'Aoste, située dans le Nord-Ouest de l'Italie, est frontalière de la région Rhône-Alpes et de la Suisse. Cette région de montagnes a acquis en 1948 un régime « à statut spécial » reconnu par la Constitution de la République italienne.

Les Valdôtains utilisent couramment l'italien et le français, les deux langues officielles, mais aussi le « patois », dialecte francoprovençal, langue maternelle de beaucoup d'entre eux. Le domaine francoprovençal englobe également la région Rhône-Alpes, même si l'usage de cette langue s'est beaucoup raréfié en France. Le Val d'Aoste est riche de nombreuses initiatives institutionnelles et associatives visant à préserver la culture régionale, mais aussi à diffuser d'autres cultures, notamment à travers la musique.

Nous avons voulu en donner un aperçu à travers trois entretiens.
Entretien avec Alexis Bétemps Alexis Bétemps est président du Centre d'Études francoprovençales « René Willien » de Saint-Nicolas et a été directeur du Bureau Régional pour l'Ethnologie et la Linguistique (BREL) du Val d'Aoste, il est le fondateur de l'Association Valdôtaine des Archives Sonores. CMTRA : Le Val d'Aoste est une région trilingue italien-français-patois. À quoi est due cette spécificité ?

Alexis Bétemps : Comme en Savoie, autrefois en Vallée d'Aoste les gens parlaient le francoprovençal et avaient le français comme langue officielle. En Vallée d'Aoste, avec l'unité de l'Italie, l'italien a été imposé au détriment du français.

En ce qui concerne le patois, beaucoup de gens sont patoisants de naissance, mes enfants sont allés à l'école sans connaître l'italien (mis à part par la télévision et la radio). Nous essayons de préserver cette langue à travers diverses actions de terrain et de réflexion (colloques, tables rondes). Le Concours Cerlogne, concours scolaire de patois qui existe depuis 1963, permet de maintenir le parler patois. Comment se déroule-t-il ?

Il a lieu tous les ans, avec un thème différent. Les élèves des écoles valdôtaines ont presque toute l'année pour travailler sur le thème, avec leurs instituteurs, en plus de leurs cours habituels. Les instituteurs collaborent avec nous pour le concours, mais c'est difficile de trouver du temps avec les élèves, en plus des autres matières.

Les classes rendent leurs recherches à la fin du mois d'avril, et début mai nous organisons une grande manifestation. Comme nous accueillons environ 2 000 élèves, nous avons étalé cela sur trois jours, avec plus de 700 élèves par jour. Le matin, les classes sont accueillies à Saint-Vincent, avec des discours de bienvenue et une distribution des prix «Ami de Cerlogne».

Les enfants proposent les chants et spectacles qu'ils ont préparés et nous faisons un grand repas convivial avec tous les participants. L'après-midi, on peut visiter les différentes expositions des travaux du concours réalisés par les classes. Il y a également des animations dans les rues de Saint-Vincent. En fin de journée, tout le monde rentre chez soi, et nous recommençons les deux jours suivants avec d'autres classes. Le Centre d'Études Francoprovençales René Willien conserve les archives du Concours Cerlogne. Sont-elles accessibles au public ?

Au centre René Willien, les archives du concours de patois sont conservées, cataloguées et mises à disposition du public. Ce sont surtout les chercheurs et les étudiants qui les consultent dans le cadre de leurs recherches.

Pour ce qui est de la photothèque nous travaillons en collaboration avec le BREL, qui s'occupe aussi du catalogage des documents, mais ils ont eu un problème d'informatique, et les données ne sont pas toutes accessibles depuis quelques temps. Mais les fiches papier sont consultables. Nous avons mis en place un thésaurus «maison» qui nous permet de cataloguer les documents par sujet. Les archives du concours sont composées de dessin, photos, enregistrements, comment faites-vous pour traiter cette diversité de documents ?

Nous conservons les documents tels qu'ils nous sont livrés par les classes, pour garder l'unité du rendu. Au fil des années, les travaux se sont beaucoup étoffés, et la mise en forme du rendu a pris de l'importance. Aussi nous avons un petit souci de surenchère : certaines classes font un travail de qualité mais avec une mise en forme simple, alors que d'autres misent beaucoup sur la mise en forme de leurs travaux.

A l'origine, le concours décernait un prix aux meilleurs travaux, depuis une vingtaine d'années nous avons arrêté de primer, mais nous présentons tous les travaux sous forme d'exposition pendant les trois journées consacrées au concours à Saint-Vincent. Participer au concours Cerlogne demande un grand investissement de la part des instituteurs, mais ils sont tout de même nombreux à le faire :

Oui, je fais moi-même partie des personnes qui se sont investies dans ce concours, car j'étais enseignant. Les instituteurs sont prêts à consacrer du temps à la collecte du patois, car je pense qu'ils sont conscients de l'importance de la langue régionale dans notre culture. C'est un choix de leur part de participer au Concours.

Certains enseignants, par ce travail de recherche, arrivent à faire en même temps de l'histoire, de la géographie, des sciences naturelles et même les mathématiques, sans accumuler du retard sur le programme ordinaire.

Cela permet aussi aux gens de mieux se connaître. En général, les personnes collectées sont très contentes de participer à un enregistrement. Et les instituteurs eux-mêmes sont heureux de faire ce travail. La preuve en est que plus de 2 000 élèves chaque année participent au concours ! Propos recueillis par P.D.J. Contact

Centre d'Études Francoprovençales René Willien

I-11100 Saint-Nicolas (AO)

Tél. : (0039) 0165 908882


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