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"Faso Bara"
Bâtir le Burkina Faso

Entretien avec Kady Diarra A contre-courant du mouvement d'occidentalisation des musiques africaines, Kady Diarra propose un univers musical résolument acoustique sur une musique enracinée dans les traditions burkinabé, et traite dans ses textes de l'actualité des questions posées à la société de son pays, en continuatrice de l'héritage familial du griotisme. Quelques instants en compagnie de cette chanteuse-danseuse-percussionniste accomplie:







CMTRA : Vous serez le 5 juillet à Lyon au Jardin des Chartreux pour un concert de musique du Burkina Faso. Quel est votre parcours artistique et quelles ont été vos activités de ces dernières années?

Kady Diarra : Pendant toute mon enfance, j'ai accompagné ma mère dans les cérémonies traditionnelles pour danser et chanter. En 1992, au Burkina Faso, j'ai commencé à travailler avec le Ballet Coba du Houet, qui a une réputation dans toute l'Afrique de l'Ouest. C'est là que Adama Dramé m'a repérée et m'a emmenée tourner en Europe avec Folibia, comme danseuse et comédienne, en 1994. En 1995, je suis revenue en France avec une troupe de Ouagadougou, Suruntu Kunu, en tant que chanteuse et danseuse. Puis en 1996, j'ai travaillé en Suisse sur un projet jazz et musique traditionnelle, Gondwana, qui a abouti à un album. Fin 1997, j'ai fondé ma propre troupe avec laquelle je suis venue tourner en France dès 1999. Cette année, c'est la quatrième tournée. CMTRA : Dans l'orchestre avec lequel vous allez jouer à Lyon, vous utilisez un très grand nombre d'instruments. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

K.D. : Nous ne sommes pas très nombreux sur scène pour un groupe traditionnel, mais tous les musiciens sont polyvalents et jouent de plusieurs instruments, ce qui crée une musique riche et diversifiée. On joue les tamas. Le tama, c'est un tambour grâce auquel on donne des messages dans les villages, pour appeler les gens à venir manger ou à écouter des informations.

C'est le chef du village qui dit au griot d'appeler les villageois. Donc le tambour dit quelque chose, il faut être initié pour le comprendre. Chaque tambour dit quelque chose. On joue aussi du balafon, du djembé. Le djembé existe dans toute l'Afrique de l'Ouest. Il y a également le dundum qui est un ensemble de trois tambours, le sokou qui est un violon, la guitare africaine qu'on appelle le goni.

Ce sont tous des instruments traditionnels. Nous ne sommes que cinq sur scène mais quand on joue on croirait qu'il y a quinze personnes ! Moi je joue du tama, du dundum, je danse et je chante. CMTRA : Au Burkina Faso, il y a un très grand nombre de peuples et de langues différentes. De quelle origine précise êtes-vous ?

K.D. : Moi je suis une Bwaba. Il y a 90 ethnies et beaucoup de dialectes. Je suis d'origine burkinabé mais je suis née en Côte d'Ivoire et j'y ai grandi. Ensuite je suis retournée au Burkina Faso avec mes parents. CMTRA : C'est vous qui composez, qui écrivez les paroles ?

K.D. : Oui, j'écris les paroles à partir de mélodies qui me viennent dans la tête, et puis nous plaçons la musique et les arrangements avec les musiciens. CMTRA : Justement, que racontent vos textes ?

K.D. : Je raconte la vie quotidienne, les joies, les peines. Comme les griots, je donne des messages et des conseils aux frères, aux surs, au monde entier CMTRA : Pourriez-vous traduire quelques vers de la première chanson qu'il y a sur le CD et qui s'intitule "Faso Bara" ?

K.D. : "Faso Bara" ça signifie le travail à faire pour bâtir le Burkina Faso, le but à atteindre. Je chante pour l'unité des ethnies et le travail collectif à accomplir pour atteindre ce but. CMTRA : Sur les trois autres chansons qui sont sur votre disque, la quatrième chanson qui s'appelle "Bana" parle d'une maladie.

K.D. : J'ai composé cette chanson pour les handicapés et les aveugles. C'est pour dire que même si c'est pas facile d'être handicapé ou aveugle, il faut prendre les choses comme elles sont. Chacun est venu avec son destin. CMTRA : Malgré la longue période coloniale pendant laquelle la France a occupé le pays, les traditions sont restées très vivantes au Burkina. Comment ça se passe aujourd'hui pour apprendre la musique, la chanson, la danse ?

K.D. : Si quelqu'un vient au Burkina et veut apprendre ces traditions, nous avons les bras ouverts, le cur ouvert pour lui apprendre. Je donne des cours de danse traditionnelle. Et j'ai très envie de partager avec des gens motivés pour apprendre.

Pendant mes cours ou mes stages, j'apprends aussi à mes élèves les chants traditionnels. CMTRA : En France, il existe des écoles de musique avec des professeurs pour apprendre la musique. Comment ça se passe au Burkina ? Y-a-t-il des écoles ou faut-il aller rencontrer des gens chez eux ?

K.D. : Au Burkina, pour la danse, il y a des groupes qui sont là. Mais il n'y a pas d'école pour la danse traditionnelle : on l'apprend avec les parents, la famille. Elle est traditionnelle ! CMTRA : Et pour le concert de cet été, vous allez jouer avec quatre musiciens qui vivent au Burkina. Qui sont-ils ? Dans quelles circonstances est-ce qu'ils jouent la musique au pays ?

K.D. : Et bien au pays, ils font les mariages, les baptêmes, les funérailles. On les contacte à ces occasions, ce sont les griots, quoi ! Ils vivent dans la musique, ils n'ont pas envie que la tradition se perde. Tous mes musiciens vivent là-bas et moi-même je répète et travaille au Burkina. CMTRA : Nous serons très heureux de vous entendre à Lyon. Et est-ce qu'il y a quelque chose que vous voudriez ajouter ?

K.D. : Oui, j'ai envie de dire aux gens de venir découvrir ce qu'est la musique traditionnelle, et ce que le groupe Kady Diarra fait. Je les invite tous à venir apprendre la danse traditionnelle avec moi. Faso denou Burkina Faso denou

Bobo denou Burkina bobo denou

Dafi denou Burkina dafi denou

Samogo denou Burkina samogo denou Am bé ka willi anga dié ka Faso bara Sénéké la yo Burkina danatigou baria

Malo séné la yo Burkina dabatigou baria

Kaba séné la yo Burkina dabatigou baria

Koli séné la yo Burkina dabatigou baria Am bé ka willi anga dié ka Faso bara Togo na yala gendarmou togo na yala

Togo na yala policier togo na yala

Togo na yala douanier togo na yala

Togo na yala militaire togo na yala

Togo na yala kambélé, ka sa i togo ma be

I togo yé gouansayé artisi té dougou mi na ho dougou ma di

Sénéké té dougou mi na ho dougou ma di

Policier té dougou mina ho dougou ma di Am bé ka willi anga dié ka Faso bara Eh les enfants du Burkina

Eh les enfants Bobo

Eh les enfants Dafi

Eh les enfants Somogo Il faut se lever ensemble pour bâtir le Burkina Faso Le cultivateur qui sort ses outils, merci

Les cultivateurs qui font pousser le riz,

Le maïs et le coton, merci Il faut se lever ensemble pour bâtir le Burkina Faso Le gendarme si tu fais le bien, ton nom ira dans le monde entier

Les policiers, les douaniers, les militaires, si vous êtes honnêtes,

vos noms iront dans le monde entier

Les jeunes, il faut faire le bien maintenant,

Après il sera trop tard Un pays sans artistes n'est pas un bon pays

Un pays sans cultivateurs n'est pas un bon pays

Un pays sans policiers n'est pas un bon pays Il faut se lever ensemble pour bâtir le Burkina Faso Propos recueillis par J.B. Jeudis des Musiques du Monde du 05/07 au 23/08 au Jardin des Chartreux (Lyon 1er)

Concert de Kady Diarra le jeudi 5 juillet.

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