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Le continent Maezah
Trio vocal

Entretien avec Sandra, Sabine et Isalbelle Dans ce trio, chaque chanteuse a un parcours particulier, mais toutes ont leurs racines dans ce continent musical qu'est l'Afrique. Quelques instants en compagnie de Maezah, qu'on entendra aux Jeudis des Musiques du Monde à Lyon le 26 juillet. Sandra : Nous proposons ce que l'on appelle de la musique afro-américaine. Une partie du répertoire est africaine et l'autre américaine : gospels, negro-spirituals, des morceaux jazzy, blues, réadaptés a capella. Sabine : Au départ, pour replacer le contexte, le projet est de créer un spectacle musical qui retrace l'histoire du peuple noir africain exilé dans les Amériques en partant de chants traditionnels et en évoluant dans le temps, donc en passant par le chant traditionnel africain avec un petit détour dans les îles, pour ensuite arriver aux Amériques avec l'apparition des premiers negro-spiritual, gospels et qui ont ensuite évolué vers le blues, le jazz et la soul. C'est un peu comme ça que nos deux sets sont construits. On fonctionne beaucoup par coup de coeur pour le choix des chansons et c'est pour cette raison qu'il n'y a pas de rigueur historique au niveau de la chronologie.

Mais il y a quand même cette volonté de retracer vocalement ce cheminement musical du peuple noir. Sandra : De plus, nous avons nos propres compositions qui ne sont pas forcément liées à ce répertoire africain ou américain. Elles sont un peu un mélange des deux liées aux influences de chacune. CMTRA : Toutes ces musiques, et particulièrement les musiques afro-américaines, sont nées dans la douleur de l'exil, l'esclavage, l'oppression. Faites vous référence à ces événements dramatiques dans vos choix de répertoire ?

Sabine : On travaille comme par des touches de pastel, quelques notes. Le but n'est pas de plomber le public en disant : "Regardez ce qu'on nous a fait !". L'objectif, à travers tous ces genres musicaux qui ont pu apparaître, est de donner une couleur, par ces différents chants et nos propres compositions. La question du temps est traitée par touche successive. Isabelle : Je ne sais pas si notre démarche est d'amener les gens à une réflexion. Mais à la base, on fait du chant, donc c'est du ressenti, nous souhaitons faire partager ce qu'on ressent aux gens mais pas forcément les faire réfléchir sur le sujet. CMTRA : Entre autres styles, vous chantez du gospel. Gardez vous uniquement l'aspect musical, magnifique, ou prenez vous en compte la dimension religieuse du gospel, dont le nom, en rapport direct avec les textes, signifie, God Spell, la parole de Dieu.

Sandra : En ce qui me concerne c'est plus l'aspect musical et la force historique du gospel qui m'intéressent au même titre que les chants sud africains présents dans le 1er set. Sabine : Pour ma part les gospels songs et spirituals sont des chants que j'affectionne pour l'émotion qu'ils me procurent et je me sens particulierement touchée par le rôle qu'ils ont joué dans la musique noire américaine.

En ce qui concerne les gospels et les negro-spiritual, les gospels sont tirés de l'Evangile et le lien qui est fait par rapport au répertoire, c'est que les esclaves noirs essayaient de chercher des similitudes dans l'histoire. Des similitudes de peuples qui avaient vécus les mêmes souffrances, et qui avaient les mêmes espoirs, les mêmes tristesses, les mêmes joies. Et à travers les negro spiritual, le peuple noir s'est identifié aux Hébreux qui étaient sous le joug des Égyptiens. Pour eux c'était l'espoir d'avoir une vie meilleure, d'être sauvés un jour. Au niveau des gospel-songs qui sont arrivés plus tard, ils apportaient une sorte de réconfort, c'est la joie, c'est la libération des esclaves. C'est dans ce sens que la joie des gospels est universelle. Le côté sacré est mis de côté. Le seul lien c'est qu'ils sont tirés de l'Evangile. Mais les gens l'occultent un peu parce que c'est quelque chose qui va droit au cur, c'est un chant joyeux. Il y a forcément une communion. L'essentiel est que la joie et l'émotion passent même si le côté sacré est occulté.

De plus, il y a plusieurs personnes qui chantent des gospel-songs, et qui sont musulmanes, protestantes ou baptistes. Il y a différentes mouvances religieuses qui s'approprient un peu la chose. Je pense que l'essentiel est de ressentir cette vibration et cette communion à travers ces chants-là. Dans notre spectacle, c'est un vecteur parce que ça a été une étape importante dans l'histoire du peuple noir. Pour eux c'était le seul moyen de s'exprimer. Au départ ce n'était pas chanté en anglais, c'était un mélange de leurs langues africaines et de l'anglais parlé par les colons. C'était aussi un moyen de communiquer entre eux. Il y a beaucoup d'éléments historiques qui ont forgé et qui ont nourri ces mouvances musicales. CMTRA : Les sources nord-américaines sont assez faciles d'accès, il y a beaucoup d'enregistrements, alors que les sources africaines sont peut-être moins accessibles. Comment choisissez-vous votre répertoire ?

Sandra : Ça n'est pas compliqué. Nous sommes toutes d'origine africaine, ou antillaise, donc nous connaissons cette culture par nos parents. D'autre part nous sommes influencées par de grands chanteurs et chanteuses africains pour qui nous avons eus des coups de coeur. En effet, lorsque nous écoutons des morceaux africains à la radio, chez des amis ou ailleurs, nous essayons d'en connaitre les interprètes, puis le contenu de leurs albums. CMTRA : Quels sont les artistes, les chanteurs qui provoquent chez vous des émotions directes ?

Maezah : Myriam Makéba, Djéli Moussa, Sally Nyolo, Boubacar Traoré... CMTRA : En Europe, la musique africaine est souvent identifiée à une musique du rythme, on le voit bien avec la pratique en expansion exponentielle du jembé en France. Vous avez fait le choix de montrer un aspect extrêmement riche, et pour mon sens primordial des musiques africaines, l'aspect vocal, mélodique et polyphonique. Pourquoi ce choix ?

Isabelle : Tout d'abord nos chants afro sont rythmés, enfin je trouve. Et d'autre part, la musique africaine ce n'est pas seulement du rythme, c'est aussi la tradition orale, donc vocale. On arrive dans le vocal tout de suite, c'est indissociable, la tradition orale et le rythme. Les deux font la musique africaine. Sandra : Dans les morceaux que l'on a choisis certains au départ sont purement a capella et naturellement rythmés. Les autres par contre ont un support instrumental, nous les réarrangeons a capella de telle façon qu'ils ne perdent pas leur aspect rythmique. Isabelle : On utilise quand même des percussions, mais toutes petites et très peu. CMTRA : Sur le continent nord-américain, il y a beaucoup de mélanges musicaux avec un apport africain et puis d'autres apports, nord-européens ou d'Europe du Sud, d'Amérique du Sud ; et sur le continent africain même, il y a toujours eu des circulations musicales, je pense aux gnawas, au Maroc, aux formes musicales du Soudan, d'Ethiopie. Allez vous continuer à explorer ces possibilités d'expression? Comment allez vous développer votre répertoire ?

Sabine : Si j'ai bien compris nos ambitions communes, après avoir absorbé la musique des autres, on a envie de développer nos propres compositions. Le prochain spectacle sera beaucoup plus coloré Maezah c'est-à-dire ce qu'on est, quoi! Tout ce qu'on a écouté jusqu'à maintenant, tout ce qu'on aime, va ressortir sous forme de chansons qui nous sont plus personnelles. CMTRA : La musique du continent Maezah ?

Maezah : Oui, à peu près, c'est un continent universel ! C'est vrai, c'est le mélange de tout ce qu'on peut écouter, qui est le mélange de nos racines et de ce qu'on a écouté ici puisqu'on vit en Occident, de l'influence américaine aussi, puisqu'en France, on est inondé par la musique américaine. CMTRA : Dans un ensemble vocal, et surtout en trio, se pose souvent la même question : comment vous répartissez vous les parties musicales ? Il y a-t-il des rôles fixes ?

Isabelle : Jusqu'à présent, on se répartissait les voix en fonction de nos tessitures. Moi par exemple, j'ai la voix la plus haut perchée, donc je chante les voix du dessus. Mais il y a aussi la démarche de vouloir étendre sa tessiture personnelle, on en parle entre nous. On va essayer d'échanger les rôles à partir de maintenant. Ça n'est quand même pas systématique mais c'est possible, on échange les lignes rythmiques et mélodies. CMTRA : Sandra, vous chantez quelle partie ?

Sandra : Je suis souvent dans les basses. Mais ça arrive que ce soit Sabine aussi quand je suis en lead sur un morceau, et bientôt Isabelle. Maezah : En général sur un morceau qu'on compose, on le chante et il y a une voix lead et deux autres voix. Et puis on choisit : «moi je prends celle d'en haut, moi celle d'en bas» on choisit ce qui sonne le mieux. Ça dépend aussi de la couleur de la voix, la répartition ne sera pas la même d'un morceau à l'autre. Si un morceau doit sonner en puissance, certaines voix vont être mises en valeur, s'il y a des morceaux qui doivent avoir un côté plus doux, d'autres vont être mises en valeur. CMTRA : Avez-vous pensé à élargir le trio ?

Sandra : Non la formule trio est très bien. C'est comme un tabouret à trois pieds, bien équilibré. Propos recueillis par J.B. Jeudis des Musiques du Monde du 05/07 au 23/08 au Jardin des Chartreux (Lyon 1er)

Concert de Maezah le jeudi 26 juillet

rens. CMTRA 04 78 70 81 75 - www.cmtra.org Contact scène

Tour manager : Da Silva Philippe

Tel : 06 07 31 57 64 / Fax : 04 78 39 94 92

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