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Lettre d'information n°42. Eté 2001 L'atlas sonore du Vercors

Entretien avec Armelle Bouquet et Philippe Hannus Un quinzième numéro de l'Atlas Sonore Rhône-Alpes sera publié par le CMTRA en septembre. Il est consacré au Vercors, et réalisé en partenariat avec le Parc Naturel Régional. CMTRA : Le Parc Naturel Régional du Vercors et le CMTRA se sont associés depuis trois ans pour mener une série d'enquêtes sur le Vercors, dont la conduite a été confiée à Patrick Mazelier. Dans quel projet culturel large ce type de travail s'inscrit-il ?

Armelle BOUQUET : Le Parc a signé un contrat de développement culturel avec la Région Rhône-Alpes de 1996 à 1999, contrat culturel qui contenait un volet sur le patrimoine oral. C'est dans ce cadre que le poste de Philippe (Hanus) a été créé.

Le Parc accueille d'autre part un fond documentaire , L'Inventaire du Patrimopine Icinographique et de la mémoire du Vercors (l'IPIMOV), qui désire restituer ces connaissances au grand public. Le Parc possède en effet des fonds très importants, mais qui ont été très peu diffusés en dehors de publications scientifiques confidentielles.

La diffusion de spectacles dans les communes du Vercors, afin d'utiliser cette mémoire locale, s'est concrétisé par exemple avec la mise en place de « Vercors en accords », des concerts chez les particuliers, dans les fermes ou les maisons, pendant trois ans. Tout ceci s'est arrêté avec la fin du Contrat, mais nous avons réussi à pérenniser le poste de Philippe. CMTRA : Philippe, quel est le rôle d'un ethnologue ou d'un historien confronté aux besoins d'animation culturelle locale ?

Philippe HANNUS : Je suis un historien qui est venu à l'ethnologie par des chemins détournés ! J'aime rencontrer les gens, travailler sur du vivant. On peut parler d' « ethno-histoire ». Je suis employé par le CPIE, le Centre Permanent d'Initiatives pour l'Environnement, qui est une association consacrée à l'éducation à l'environnement.

Notre mission est d'établir des passerelles avec le grand public, principalement avec les enfants, mais aussi avec les personnes âgées. On essaye de favoriser les pratiques d'écriture autour de la mémoire, de l'histoire du pays. CMTRA : Vous parlez tous les deux beaucoup de « mémoire » : comment cette notion est-elle revitalisée dans le cadre d'un Parc Naturel ?

P.H. : Il y a plein d'entrées possibles. Moi j'aime bien dire que je fais de l'histoire, parceque l'histoire est un outil critique : l'analyse du passé nous permet de penser le vivre-ensemble d'aujourd'hui. On essaye de ne pas « célébrer » une culture muséifiée, qui serait l'effet pervers de nos travaux ; on essaye de se détacher de la nostalgie, de rester « modernes ». Cela prend des aspects différents : soit des collectifs de personnes réunies dans le cadre d'associations très repérées, et il en existe une dizaine sur le territoire du Vercors, qui font des travaux de recherche, par exemple sur l'espace monastique, le monde paysan, les forêts etc ou bien qui gèrent des petits musées de pays. Et il y a aussi des groupes informels, peut-être plus à notre initiative :

on a favorisé l'émergence de groupes de personnes qui aiment se rencontrer autour de la mémoire du pays. On explore les fonds d'archives, on fait des travaux d'inventaire, on les aide à réaliser des petites expositions. Ce réseau a été très utile pour les travaux d'enquêtes sur la mémoire musicale, qui a permis la réalisation de cet Atlas Sonore. CMTRA : Le Parc est-il devenu un objet que se sont approprié les populations locales ?

A.B. : Ce type d'opération, comme l'atlas sonore, y contribue, même si les politiques formulent très clairement leur désir de voir le Parc devenir un outil de développement touristique avant tout.

P.H. : Nos missions sont complémentaires, car au départ je n'ai pas à travailler avec les touristes : je crée de l'émulation, autour du patrimoine, afin de rendre possibles de nouvelles pistes d'accueil, une relation forte entre l'ici et l'ailleurs. CMTRA : L'ici et l'ailleurs : le Vercors apparaît toujours comme une citadelle, image symbolique renforcée par les souvenirs récents de la Résistance : est-ce véritablement un espace isolé, coupé du monde ?

P.H. : Le Vercors comme toutes les zones de montagne pré-alpine, est soumis à des influences depuis la nuit des temps, des mouvements migratoires de populations diverses. L'implantation des établissements monastiques au Moyen-Age a diffusé des idées nouvelles, tout comme plus tard la présence forte des protestants dans le Triève et le Diois, avec une « Université » à Die et un rayonnement intellectuel que la ville a un peu perdu. Il y a donc eu des dynamiques de population, des échanges techniques . Et puis bien sûr la transhumance depuis la proto-histoire.

Enfin à l'époque contemporaine, tout cela va s'accélérant, avec l'arrivée de Jurassiens, d'Italiens dans les métiers du bois, Bergamasques, Piémontais et Vénitiens. Puis les Italiens du sud, les Nord Africains qui seront les derniers charbonniers, et les réfugiés politiques espagnols anti-franquistes. Le Vercors est un espace où co-existent de nombreuses langues, que l'on va retrouver dans les chansons : le français, l'occitan et le franco-provençal, l'italien aussi. CMTRA : Peut-on observer ici une identification à un style musical local ? Que reste-t-il de la grande enquête de Marguerite Gauthier-Villars dans les années 20 ?

P.H. : C'est une réponse difficile, cela ne saute pas aux yeux Il n'y a pas ici de revivalisme autour de la musique traditionnelle, très peu de groupes folkloriques. C'est rare que l'on pousse la chansonnette dans un banquet Je ne sais rien du contexte dans lequel elle a travaillé à l'époque. Il ne faut pas oublier ce qui s'est passé ici pendant la guerre, et que l'on désigne ici sous le terme « les évènements ».

On ne glorifie pas la Résistance ici, on parle surtout de la douleur et des massacres, pas trop des actes héroïques. Le Vercors a toujours été un lieu de parole, de résistance. Cet esprit de fronde demeure ici, et c'est peut-être cela qui va servir de lien identitaire : par exemple un groupe de rock de Villard, les W5, qui a créé le collectif « les Maquisards ». C'est comme si les travaux de Gauthier-Villars renvoyaient à un monde différent, « d'avant quelque chose ».

A.B. : L'enquête et la sortie de l'atlas sonore sont un peu un test, et un acte de valorisation. Un inventaire a été réalisé par Patrick (Mazellier). Le disque restituera une partie de ce travail, liée à des enregistrements « commandés » à des groupes modernes comme Dédale ou le Syndrôme de l'Ardèche, autour des chansons recueillies sur place en 1929,. Cela permettra nous l'espérons, de mettre en valeur les pratiques musicales toutes nouvelles autour des chants traditionnels, quitte à les initier même. On organisera une petit fête à Saint-Gervais et à Saint-André en Royans, avec le groupe Sarreloup qui interprètera des chants de mai recueillis dans le coin, et puis bien sûr certains interprètes du disque.

PH : Cette inauguration mettra en avant l'idée de l'échange entre la plaine et la montagne, contre cette image lourde à porter qui est celle de la « citadelle » repliée sur elle-même. Propos recueillis par EM. Contact

Parc Naturel Régional du Vercors : 04 76 94 38 38


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