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La Nuit du Ghazal
Concert off des Thé Tard de Cat'mandou, samedi 10 octobre avec le trio Obaïb Joyenda, Youssof Mahmoud et Massoud Raonaq.

Entretien avec Massoud Raonaq Massoud Raonaq : Les Thés Tard de Cat'mandou est un petit bar associatif géré par l'association Golshane. L'association a aussi pour objectif de faire découvrir la culture afghane et les cultures orientales. Nous organisons un concert de musique afghane le 10 octobre avec deux musiciens qui viennent de Londres : le chanteur Obaïd Juenda, et Youssof Mahmoud aux tablas. Je les accompagnerais moi-même au chant. Ce sont de très bons musiciens, le tablaïste est le fils d'un des plus grands tablaïstes d'Afghanistan, élève de Alaraka, lui-même très grand tablaïste de l'Inde. Le chanteur est autodidacte en grande partie, il va prendre des cours avec l'un des plus grands chanteurs Ghazal d'Inde Ghulam Ali, hélas très peu connu en France.

Cela se passera au 30 de la rue René Leynaud dans le 1er arrondissement de Lyon, dans la salle Horslieu qui contient une centaine de places. J'ai appelé ce concert, "La Nuit du Ghazal" puisque nous interpréterons ce genre musical afghan semi-classique chanté en afghan et en indou.

Nous présenterons également des chants populaires, mais le Ghazal est peu connu en occident, je peux même dire que ce sont les premiers concerts de Ghazal qui sont organisés, ici à Lyon. Notre groupe Shams, qui fréquente les Thés Tard, présente aussi le Ghazal. Ce sont des chants d'amour profane ou d'amour mythique qui allie la qualité littéraire à la qualité musicale, puisque ce sont des poèmes de très grands poètes du 10e au 12e siècle. Dans les différents genres musicaux d'Afghanistan, il y a la musique populaire qui comme l'indique son nom est très répandue, ce sont des chants à danser. Puis, il y a la musique classique, très influencée par la musique indienne puisque nous sommes apparentés à l'Inde.

Entre ces deux répertoires, il y a la musique semi-classique avec le quawali qui est un genre présenté entre autre par Nusrat Faté Ali Khan, ce sont des chants religieux.

Dans ce même genre semi-classique il y a aussi le Ghazal beaucoup moins connu puisqu'il y a moins de rythmes, et qu'il présente un caractère littéraire. Il faut donc connaître un peu la langue pour pouvoir pleinement l'apprécier, mais cela n'empêche pas que la beauté mélodique est toujours là. CMTRA : Le public peut-il facilement s'accrocher à ce genre de chant ?

M.R. : L'expérience a montré que "oui". Évidemment ce n'est pas le genre de chant à danser, bien qu'un vrai danseur pourrait danser sur cette musique, mais ce n'est quand même pas rapide. Les gens qui fréquentent les Thés Tard et qui connaissent l'association Golshane disent à chaque fois : "C'est vraiment tout nouveau pour nous, et c'est une révélation !". CMTRA : J'imagine que la situation politique de l'Afghanistan depuis près de 20 ans doit motiver encore plus votre désir de faire connaître les valeurs de votre pays ?

M.R. : Bien sûr, si on fait ce genre d'initiative c'est par amour de ce pays, et pour les souvenirs ancrés en nous, on veut présenter toutes ses valeurs à l'Occident, et aussi pour attirer l'attention sur ce pays.

L'Afghanistan était un pays merveilleux que la politique internationale a complètement détruit, et cela ne s'est pas arrêté, maintenant le pays est entre les mains de pays étrangers, c'est malheureusement ce qu'il faut dire, et on se sent très faible face à cette situation. La seule portée que nous avons c'est à travers la culture. Le destin de l'Afghanistan est un pays ravagé par la guerre depuis 20 ans mais s'il y a une chose à garder, ce sont ses valeurs culturelles. CMTRA : Peut-on évaluer à peu près la communauté afghane ici sur Lyon ?

M.R. : Il doit y avoir entre 300 et 500 personnes sachant qu'un certain nombre d'afghans se sont faits nationaliser français. La plupart des réfugiés en France appartiennent à une couche d'intellectuels afghans, et s'ils ont atterri en France ce sont vraiment pour des raisons culturelles et humaines, parce qu'ils aiment ce pays. Les gens ont donc plutôt afflué vers les pays comme l'Allemagne qui proposait des aides sociales plus intéressantes, ou les Etats-Unis et l'Angleterre, sans toutefois nier qu'il y ait eu d'autres affinités à immigrer dans ces pays.

D'ailleurs, j'ai moi-même de la famille un peu partout dans le monde : une de mes soeurs vit aux Etats-Unis, un cousin en Australie, j'ai des oncles au Pakistan et j'ai des cousins en Allemagne. C'est vraiment le destin du peuple afghan d'être dispersé dans presque tous les pays du monde. Egalement en Russie, dans les pays scandinaves, en Amérique latine, partout... Mais en général, on les retrouve surtout en Allemagne, en France et en Angleterre, puis bien sûr au Pakistan et en Iran qui sont nos voisins directs. CMTRA : Quand avez vous ouvert les Thés Tard de Cat'mandou ?

M.R. : Depuis 3 ans, ce lieu est ouvert 7 jours sur 7, de 20h00 à 02h00 du matin. Il s'y passe vraiment des choses inhabituelles. Les gens viennent se rencontrer, échanger et discuter en buvant du thé, en restant sobre, sans que l'alcool vienne détériorer le climat... nous avons quand même quelques bières légères. On dit que c'est un endroit unique, que l'on peut voyager tout en restant sur Lyon. C'est un lieu assez petit, où il y a donc du thé, de la bière, des petits gâteaux sucrés et salés pour ceux qui ont faim.

Nous présentons bien sûr de la musique afghane, de la musique orientale et indienne. Il faut dire que nous avons été étudié sà la loupe par des étudiants en anthropologie et en sociologie qui ont trouvé ce lieu original parce que la communication passe vraiment bien, qu'il n'y a pas de gêne avec la musique et avec l'alcool. On attends impatiemment un agrandissement pour faire des spectacles plus régulièrement et pour organiser des soirées à thème sur l'Afghanistan.

On espère que cela se fera d'ici la fin de l'année, ou au cours de l'année 1999. A côté des Thés Tard, nous organisons donc notre premier concert.

Mais, chaque samedi, aux Thés Tard il y a un concert de musique afghane, avec entre autre notre groupe Shams toujours présent qui joue de 23h00 à 3h00 du matin, tous les samedis et sur toute l'année. Les autres occasions pour jouer c'est entre autre une date que nous respectons, le 21 mars de chaque année, le nouvel an afghan où nous organisons une fête conjointement avec une association a but humanitaire d'aide aux enfants afghans. CMTRA : Vous fêtez ce nouvel an par rapport à quelle religion ?

M.R. : C'est un héritage des anciennes religions de l'Afghanistan du temps du Zoroastrisme, une religion qui vénérait les éléments naturels. L'Astrologie que l'on connaît actuellement vient de ce temps-là. En fait les mois afghans sont des mois zodiacaux. Le début de l'année c'est le printemps qui correspond au bélier. Par contre notre référence religieuse est quand même musulmane, l'année prochaine nous serons donc en l'an 1377.

C'est donc un mélange puisque l'Afghanistan a toujours été une synthèse de plusieurs cultures : le Zoroastrisme, le Bouddhisme, et l'Islam. Nous sommes au carrefour des cultures, et c'est cela que nous souhaitons faire connaître. Il y a une quinzaine d'ethnies différentes, dont les principales sont les patchouns, les tajiks qui parlent le persan, les ouzbeks, les turkmènes, les azaras... Il y a même une minorité arabe qui est restée après l'invasion des arabes, c'est donc très morcelé. Et si l'objectif de Golshane est de faire connaître les cultures arabes et orientales c'est aussi dans un esprit d'échange et de synthèse avec la culture française. Nous restons très ouverts, c'est notre premier principe. C'est ce qui fait le charme de ce lieu. On reçoit même différentes catégories d'âges : un monsieur de 75 ans qui vient presque tous les soirs ou encore des jeunes de 12-13 ans qui de temps en temps passent avec des copains. CMTRA : Les Thés Tard est un lieu d'échanges, alors j'imagine qu'il s'y passe plusieurs expériences de mélanges culturels musicaux ?

M.R. : Bien sûr, depuis 3 ans des dizaine de musiciens sont passés et n'ont pas hésité a présenté leur art et à se mélanger avec nous. Des boeufs se font régulièrement. C'est ainsi que j'ai pu jouer avec un djembé, avec un balafon, avec un saxophone, une flûte, un violoncelle, une contrebasse ou un violon. Ce sont des mélanges très différents à chaque fois mais qui en général se marient très bien. La musique touche vraiment aux sens et à l'être profond de chaque musicien, je dirais encore que c'est une question d'ouverture. CMTRA : Un groupe est-il né de ces échanges ?

M.R. : Il y a un groupe qui s'appelle Ham Nawa dont je fais partie, qui a présenté un concert le 28 mai au "Kafé Myzik", montée St Sébastien. Nous sommes trois musiciens, avec comme instruments le didjéridoo, la flûte et les tablas. Nous souhaitons faire venir d'autres musiciens pour compléter cette formation. Les Thés Tard de Cat'mandou

24 rue René Leynaud - 69001 LYON Renseignements :

Tél : 04 78 29 96 91


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