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Danse orientale égyptienne

Entretien avec Marion, et Alain Veil, du centre de danses "Maryon". MARION : La danse orientale égyptienne, c'est la danse classique égyptienne, qu'on appelle Raks El Sharki en arabe, ou Belly Dance en Europe et aux Etats-Unis, et que j'appelle familièrement, comme beaucoup d'européens, la danse du ventre. On n'a pas beaucoup d'informations sur l'origine de cette danse, on suppose qu'elle est très ancienne, et on sait qu'elle évolue tout le temps. Pour certains, elle a été pratiquée dans les temples, pour d'autre, c'est une danse complètement profane, pratiquée à la maison. Elle est d'ailleurs toujours pratiquée à la maison. Mais on a très peu d'informations sur ses origines.

Actuellement elle est dansée en Egypte, mais aussi dans le Maghreb, dans certaines parties de la Grèce, en Yougoslavie, en Turquie, au Liban, dans tout le Moyen-Orient. C'est peut-être une danse qui vient d'Asie, c'est peut-être les Tziganes qui l'ont amenée dans leurs nombreux déplacements, elle s'est peut-être transformée au contact des populations rencontrées pendant leurs voyages, on ne sait pas grand-chose, et il n'y a pas beaucoup de documents écrits concernant cette danse.

C'est une danse exclusivement féminine, et une danse de spectacle. Par contre, en Orient, tout le monde danse, même les hommes. Ils peuvent danser un style de danse très proche de la danse féminine. La danse de spectacle est un petit peu à part, c'est une danse qu'on pratique couramment à la maison, et qui a été un peu modifiée pour le spectacle. Elle fait partie de la vie quotidienne, on danse tous les jours, dans le Maghreb comme en Orient. Dès qu'on entend un air à la radio, on laisse la vaisselle, la lessive et on danse, on peu taper sur des bassines. Nous avons eu souvent l'occasion d'assister à ce genre de choses.

C'est une danse très très sensuelle. Dans son contexte habituel, c'est une danse de femme entre les femmes, pratiquée à la maison. Je sépare toujours la danse faite à la maison et la danse de spectacle. Mais cette danse est très sensuelle, parce que les femmes orientales n'ont pas du tout les mêmes tabous par rapport au corps que ceux qu'on peut avoir en Europe. Elles vont au hammam ensemble, elles se lavent ensemble, elles se massent. Il n'y pas les mêmes tabous, les mêmes contraintes, et la sensualité fait partie de la vie quotidienne. Au niveau du spectacle, ça peut être plus que sensuel. Il y a des cabarets ou la danse est presque sexuelle.

En Egypte, en Turquie, et au Maghreb, on voit parfois des choses qui sont à la limite du supportable, avec une image donnée à la danse orientale qui n'est pas tout à fait... bien.

Pour moi, ce sont les hasards de la vie qui m'ont amenée en Tunisie, où j'ai eu la chance de travailler avec des femmes, qui m'ont accueillie chez elles, et elles ont dansé, spontanément, pour elles, pour moi. Et ça m'a beaucoup intriguée, au début je trouvais ça un peu curieux qu'on se mette à danser, comme ça, parce qu'en Europe, pour danser, on va dans un endroit spécial, une discothèque, une guinguette. Là-bas, on danse tout le temps, il n'y a pas un endroit précis. Et ce qui m'a vraiment passionné, c'est cette communauté de femmes, qui se retrouvent ensemble, très libres, qui dansent sans être obligées de faire des performances physiques pour épater les messieurs, par exemple.

Ensuite, j'ai eu envie d'en savoir un peu plus, d'apprendre, j'ai vu la différence entre la danse pratiquée à la maison, très spontanée, un peu désordre, et la danse pratiquée sur les scènes, dans les cabarets, un peu plus élaborée. Ca m'a beaucoup intéressée, et j'ai eu la chance de rencontrer à Tunis un Égyptien qui a commencé à me révéler quelques petits secrets, avec difficulté, parce que je ne parlais pas sa langue. Ca a été difficile, mais amusant de commencer à apprendre, parce que je n'ai pas fini d'apprendre. CMTRA : Comment fait-on pour apprendre cette danse en Orient ou en Egypte, quels sont les lieux de transmission, les sources?

M: En Egypte, il n'y a pas d'école, on apprend à la maison, avec la télévision, en allant voir des danseuses dans les cabarets, quand on peut, parce que ça coûte très cher. Il y a quelques danseuses qui donnent des cours particuliers, chez elles, à des Européennes, des Américaines, des Japonaises, des Brésiliennes. Il y a une demande mondiale importante, mais les professeurs ne savent pas très bien enseigner, ils n'ont pas l'habitude. Je pense qu'il n'y aura jamais d'école de danse orientale en Egypte, tout d'abord parce que cette demande surprend les Égyptiens : "Pourquoi apprendre puisqu'on danse à la maison", et puis il y a les questions religieuses, qui interdiront l'ouverture de ce type d'école.

Dans le Maghreb, il y a des endroits où on peut apprendre, des clubs de sports où il y a des cours de danse orientale. Il n'y a pas d'école à proprement parler, mais cette solution est plus "discrète". Il est plus facile de dire qu'on va faire de la gym dans un club de sport que de dire"je vais à mon cours de danse orientale", parce que dans ce cas, les papas ou les mamans ne seraient pas très satisfaits.

Au début, je n'ai pas eu la volonté ni d'être professeur de danse orientale, ni danseuse. Quand j'ai commencé à apprendre à danser, c'est parce que j'avais vraiment envie de danser avec mes amies. J'avais envie d'être à l'aise dans les mariages auxquels j'ai eu la chance de participer en Tunisie, ou la danse orientale est beaucoup pratiquée. La Tunisie est assez proche de l'Egypte au niveau musical, et puis il y a la parabole, qui joue un rôle important. En fait, on a choisi pour moi. Un jour on m'a dit, Marion, il faut danser pour nous, il faut nous apprendre à danser. J'ai dit "jamais de la vie", parce qu'en plus c'est venu tard dans ma vie, c'est une révélation tardive. J'ai commencé à danser quand en France on arrête, et je trouve que c'est très important. Ca n'est pas parce que les femmes ont quarante, cinquante ans ou plus qu'il faut refuser de se faire plaisir, et d'apprendre à danser. CMTRA : Maryon, c'est aussi le nom de votre structure d'enseignement, comment enseigne--t-on la danse orientale ici ?

M : La première fois qu'on m'a sollicitée pour enseigner, j'ai été invitée dans une structure, et puis dans une autre, et pendant plusieurs années, je me suis déplacée de structures en structures. J'ai trouvé qu'il manquait quelque chose. A mon avis, la danse orientale n'est pas une simple technique de danse qu'on apprend comme ça, il ya vraiment tout un contexte culturel autour. Enseigner la danse orientale dans un lieu où juste avant, il y a eu un cours de cuisine ou de stretching, ou d'autre chose, c'est un peu étrange, il manque une ambiance, un environnement. C'est pour ça qu'avec Alain, nous avons eu envie d'avoir un endroit spécial pour enseigner cette danse, avec un décor, avec une ambiance appropriée. C'est pourquoi nous avons ouvert notre Centre de Danse Orientale avec son décor, et son Café Égyptien.

Nous y accueillons des personnes avec des objectifs au départ très différents. Au début, certaines viennent prendre un cours de danse orientale comme elles iraient à un cours d'abdo-fessiers ou de stretching, pour bouger. D'autres personnes, qui sont soit de la communauté juive soit d'origine maghrébine ou du Moyen-Orient, cherchent quelque chose d'un peu plus précis, retrouver leur racines, ou tout simplement apprendre. Comme elles vivent en France, elles n'ont pas la possibilité de danser au quotidien, comme au Maghreb ou en Orient. J'essaye de leur apprendre la danse, mais en plus de leur expliquer, de leur raconter, de leur faire vivre d'autres choses, de leur faire découvrir une autre culture, ce que j'ai découvert moi-même en allant là-bas.

Ces personnes sont de tous les âges, la moyenne d'âge est de 36-38 ans. La majorité des jeunes femmes d'origine maghrébine a 18-20 ans. Les femmes d'origine européenne ont 35 ans et plus, nous accueillons une dame de 70 ans. Quelque fois, nous accueillons des hommes, très peu, mais ça arrive.

Très très vite, sans aucune obligation de ma part, ces personnes ont envie de porter des vêtements très colorés, et je les invite à se faire belles pour danser, avec un petit moment à elles pour se préparer. Elles retrouvent une certaine féminité. Alain Veil : Il y a un phénomène d'épanouissement, de révélation, au cours de l'année. Ces personnes développent leur image de femme, leur élégance, pour les femmes d'un âge mûr, mais aussi pour les jeunes femmes, qui au début n'ont pas une image très féminine, avec le port de jeans par exemple, et qui se découvrent par la suite une réalité plus féminine. C'est le caractère même de la danse orientale qui apporte ça. J'interviens en tant que musicien dans les cours, et je suis le regard masculin sur ces femmes. M. : Alain fait complètement partie du décor, et il n'est pas considéré comme un homme ! A.V. : Tout-à-fait, c'est une attitude à laquelle je fait très attention. Dans ma position je doit faire partie du décor, je suis musicien et non homme. M. : C'est ce qui se passe avec les rares élèves hommes, comme Nicolas que nous avons accueilli cette année. Je lui ai expliqué que si les femmes ne l'acceptaient pas, il ne pourrait pas rester. C'est elles qui choisissent, c'est un moment pour les femmes. Si elles n'acceptent pas l'homme, ça risque de poser des problèmes dans le déroulement du cours. Quand je l'ai présenté, j'ai expliqué qu'il était artiste, comédien et cascadeur je crois. Elles l'ont beaucoup observé, il a été très discret, et maintenant, il fait partie du décor, et elles le traitent comme &laqno;une» des leurs. Elles lui font les mêmes plaisanteries qu'elle font entre elles. Il a su s'intégrer.

Et ça n'est pas forcément facile, car je ne peux pas faire un cours technique sans inciter les élèves à se sourire, à se regarder. Tout n'est pas que technique, je ne peux pas détacher la technique sans âme, du reste, de la mise-en-scène de la féminité, de la sensualité. Ca peut être un peu gênant, délicat, il faut oser la mise-en-scène de soi. CMTRA : A propos de mise-en-scène, vous avez également une activité de production de spectacles, quels sont les contenus ?

M. : Nous avons mis en place depuis deux ans une petite troupe, six danseuses, et Alain qui fait une prestation de danse masculine. Ce sont des femmes, qui ne sont pas de toutes jeunes femmes, qui se sont beaucoup investies pour apprendre les danses, le spectacle, la scène. Nous proposons des répertoires traditionnels égyptiens, avec des danses très peu connues, et des costumes très éloignés de ce qu'imagine toujours le public européen, comme le costume deux-pièces et le nombril à l'air. Nous portons toujours, comme en Egypte, le petit filet sur le ventre, et des costumes très différents, comme le costume bédouin, le costume du Sinaï, des costumes qui évoquent le costume égyptien antique, "pharaonique", et des costumes pour le cabaret, très loin de ce qu'on imagine en Europe.

L'idée centrale de nos spectacles, c'est la vie quotidienne des femmes en Orient, les travaux quotidiens, les moments de préparation pour la danse, le mariage, l'enfantement. Toutes les situations, frivoles ou plus dures comme les travaux des champs, la condition de la femme dans son ensemble. Contact :

CENTRE DE DANSE MARYON

Danse orientale et égyptienne 120, rue Anatole France 69100 Villeurbanne

Tél/Fax 04 78 03 82 89


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