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Les oiseaux migrateurs

Entretien avec Eliane Mazet, de Mosaïque, et Nicole Marnet, &laqno;griotte» du groupe Aksak. CMTRA : Eliane Mazet, vous êtes l'une des responsables de la section Mosaïque de l'Association Familiale Laïque de Montplaisir, et vous organisez la journée du 17 octobre à Saint-Genest-Lerpt près de Saint Etienne, qui sera construite en une demi-journée de stage de danses des Balkans suivi le soir d'un concert du groupe Aksak, et d'un bal. Pouvez-vous en amont nous présenter vos activités et la journée du 17 octobre ?

Eliane Mazet : La section Mosaïque existe maintenant depuis le début des années 80. Au départ, nous dansions 2 fois par semaine, aujourd'hui, nous avons regroupé nos ateliers sur un seul jour, le mercredi soir : nous proposons des cours de danses traditionnelles de l'Europe de l'est avec la Roumanie, la Bulgarie, la Yougoslavie et des danses d'Israël. Les cours sont répartis de la manière suivante : d'une part, de 19h30 à 20h30 deux ateliers en parallèle, un de niveau débutant et un de niveau intermédiaire, d'autre part de 20h30 à 23h00 un atelier pour les plus avancés. Nous organisons régulièrement des stages sur des week-ends, ou sur deux soirées consécutives. Nous invitons des chorégraphes français mais aussi des chorégraphes étrangers à l'occasion de tournée en France.

En ce qui concerne la journée du 17 octobre, nous avons demandé à Laure Heller de venir animer le mini-stage qui débutera le samedi après-midi à 15h00. Elle est passionnée de danses de l'Europe de l'est et surtout elle connaît bien le répertoire du groupe Aksak pour avoir déjà travaillé avec eux plusieurs fois. Aksak assurera donc la partie musicale de ce stage d'initiation aux danses de la région des Balkans. La durée du stage étant assez courte, nous souhaitons apprendre aux personnes présentes des danses simples, afin qu'elles puissent savoir danser pendant le bal du soir. Le groupe Aksak ne viendra donc pas uniquement pour le concert qui se déroulera avant le bal, mais nous accompagnera tout au long de cette journée. CMTRA : Nicole Marmet, griote du groupe, pouvez-vous nous raconter comment est né Aksak ?

Nicole Marmet : "Aksak, les Oiseaux Migrateurs" est une formation de cinq musiciens qui jouent ensemble depuis 1989. Isabelle Courroy, Philippe Franceschi, Patrice Gabet, Christiane Ildevert et Lionel Romieu. Cinq musiciens dont quatre sont issus d'une formation classique. Au départ, Patrice, et aussi Isabelle avaient des liens privilégiés avec ces pays d'Europe de l'Est, et de voyage en voyage ils vont entraîner avec eux les trois autres. Les aller-retour vont se succéder, les musiciens d'Aksak sont partis pour un long voyage... au cours duquel ils vont consciencieusement étudier ces nouvelles musiques des pays traversés, Roumanie, Bulgarie, Grèce, Hongrie, Arménie... Ils vont se nourrir, ils vont graver leur mémoire, ils vont ouvrir leur horizon en abordant ces nouveaux répertoires avec beaucoup de respect et une certaine forme de réserve.

Aujourd'hui, leur revendication est une musique universelle au-delà du nationalisme et des nationalités. Ils sont des "musiciens migrateurs" qui ont au cours de leurs voyages appris, appréhendé de nouveaux alphabets qu'ils se sont appropriés pour trouver leur propre langage. Leur prochain répertoire sera donc essentiellement des compositions, mais quand même toujours entourées de quelques morceaux traditionnels adaptés.

Le titre "Les Oiseaux Migrateurs" est aussi à l'origine un spectacle musical qu'ils ont créé en collaboration avec le Vélo-Théâtre, Charlot Lemoine et Ténia Castaing. Le Vélo-Théâtre, théâtre de gestes et d'objets, théâtre d'images poétiques a apporté une véritable dimension scénographie et visuelle au groupe Aksak. Le spectacle qu'ils présenteront à Saint-Genest-Lerpt le 17 octobre sera un concert de leur nouveau répertoire, qui a pour titre provisoire &laqno;Cap Est-Sud/Sud-Est.» CMTRA : Comment expliquez-vous le fait qu'il y ait de plus en plus de musiciens issus de formation classique qui abordent un répertoire traditionnel ?

N.M. : En ce qui concerne "les oiseaux migrateurs", je pense avoir ma petite idée, sans en être certaine. Ce sont des musiciens consciencieux, honnêtes, passionnés qui ont été au bout de leur apprentissage classique, non pas au bout... parce que je pense qu'il n'y a pas de bout dans la musique classique ou autres, et comme ils sont voyageurs dans l'âme, ils sont partis sur d'autres routes, des routes plus fréquentées... à la rencontre d'une musique plus "libre", une musique du monde, de tout le monde !

La musique classique en France, n'est pas la musique de tout le monde, c'est quand même un peu élitiste, il faut vraiment avoir envie pour convaincre nos enfants de résister à la rigueur rectiligne et absurde de l'enseignement dans certains conservatoires. En Hollande, en Allemagne, la musique et son enseignement font partie intégrante de la vie, c'est moins un domaine réservé.

Pour en revenir à Aksak, leur public est toujours reparti avec du bonheur en plus, mais pour certains avec quand même une pointe de frustration, ces derniers regrettaient un zeste de folie, ils les trouvaient trop sages pour cette musique, ils attendaient qu'ils se lâchent... C'est tout à fait leur côté studieux, respectueux et passionnés, ils n'osaient pas franchir la ligne de peur de mal faire. Je trouve que c'est tout en leur honneur. Aujourd'hui, ils ont trouvé leur propres mots avec cet alphabet qu'ils ont été chercher ailleurs, et ce qu'ils nous offrent est beau. CMTRA : Quand on joue un répertoire traditionnel depuis plusieurs années, qui plus est étranger, et lorsque d'un coup on se met à composer un répertoire qui prend ses sources dans la musique traditionnelle, ce qui en fin de compte est une forme de musique traditionnelle actuelle, classée dans ce vaste tiroir qu'est la world music, la musique du monde, n'y a-t-il pas une appréhension de jugement rapide de la part d'un public ?

N.M. : Ce que je défend, c'est que le groupe Aksak ne fait pas n'importe quoi ! Toute l'équipe a une réelle conscience politique au vrai sens du terme. Ils ne sont pas dans une logique de mode, ce n'est vraiment pas leur souci. Ce sont des musiciens qui revendiquent l'universalité de la musique. Pour raconter une anecdote : juillet 97, nous avons fait Avignon, nous avons rencontré des gens dans le public qui ne pouvaient pas intégrer qu'aucuns des "oiseaux" ne soient originaires de là-bas, que ce soient des français de France qui font de la musique d'ailleurs, qui plus est de la musique d'inspiration traditionnelle...

Comment et pourquoi n'auraient-ils pas le droit ? on revient à un nationalisme, à un intégrisme hallucinant !

Puis la tradition est intéressante quand elle est vivante, et tout ce qui est vivant bouge... Puis j'ai moi-même beaucoup d'affection pour l'Afrique, et je ne sais plus quoi penser de l'énonciation "musique traditionnelle" : lorsqu'on se trouve dans les "maquis" à Ouagadougou ou à Bamako, où tout le monde, jeunes et moins jeunes dansent sur des rythmes dits africains, traditionnels, mais c'est tout simplement de la musique de maintenant, leur musique nourrie d'eux-mêmes.

Oui, dans ces musiques du monde, il y a "à boire et à manger", mais des opportunistes il y en a partout ! le côté très positif est cet échange culturel, cette reconnaissance, cette rencontre de l'autre par la musique Aksak, à l'occasion d'un festival a rencontré un groupe roumain qui a été très touché par le travail des "oiseaux", ils ont dit à peu près ceci : "Vous ne faites pas la même musique que nous, même si vous vous en êtes pourtant inspiré, nous aimons cette musique que vous avez créée qui nous ressemble et qui vous ressemble. CMTRA : Pourquoi avoir choisi ce nom "Aksak", quelle est sa signification ?

N.M. : Aksak veut dire "boiteux" en langue turque. Dans les termes techniques musicales, cela signifie l'asymétrie, le couac, l'erreur... je crois que ce sont ces deux terminaisons qui leur plaisent : la fragilité, l'asymétrie, le côté "bancal" qui les mettent en situation d'instabilité et de recherche constante, et le couac qui donne un ton anarchiste. CMTRA : Aksak participe au stage du 17 octobre avant de présenter leur concert. Font-ils souvent des accompagnements musicaux pour des stages ?

N.M. : Souvent non, mais régulièrement, de l'ordre d'une à deux fois par an. Ils ont une grande complicité avec Laure Heller qui danse très bien et avec qui il y a une sorte de compagnonnage qui s'est établi au fil du temps. Ils aiment partager. CMTRA : Vont-ils sortir un CD de leur nouveau répertoire ?

N.M. : Oui, nous espérons voir sortir au printemps prochain le CD de Cap Est-Sud/Sud-Est. Leur dernier CD est toujours pour l'instant "Les Oiseaux Migrateurs". Contact :

AFLM "Mosaïque" 8, rue Dr Zamenhof - Saint Etienne

Tél : 04 77 33 83 50 /04 77 37 18 46 04 77 47 20 27


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