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Les Musiques du Monde à l'Auditorium de Lyon

Entretien avec Alain Surrans CMTRA : Alain Surrans, troisième saison de programmation de Musiques du Monde à l'Auditorium pour 98/99, avec six concerts. Quelle a été l'orientation de vos choix ?

Alain Surrans : Ce qui préside le plus à la programmation des Musiques du Monde c'est le souci de montrer en une seule soirée, tous les contrastes des pratiques musicales d'un pays.

Dans le spectacle Balinais qui ouvre la saison, Jean Luc Larguier a conçu un programme inspiré de celui de 1931 qui avait marqué la première apparition en France de musiciens, comédiens et danseurs balinais. Nous avons donc durant toute la soirée des formes instrumentales et scéniques qui sont très diverses, allant des sources les plus anciennes avec un "ketcha", ces percussions vocales extraordinaires qui montrent bien les racines océaniennes des premières traditions balinaises, jusqu'aux formes théâtrales comme le Baris qui illustre les grandes légendes du Ramanyana ou du Mabarama avec ces personnages très typés.

Deux traditions musicales différentes, une tradition de gongs métalliques c'est à dire d'orchestre avec des lamellophones, et par ailleurs un orchestre avec des xylophones à lames de bambou. Nous avons donc deux formules musicales induites par l'instrumentarium. Ce que nous recherchons ainsi c'est à l'intérieur d'une même soirée, donner les deux aspects d'une culture musicale dans un pays donné, la culture savante et la culture populaire, la culture ancienne et la culture plus récente. C'est aussi le cas dans les deux spectacles qui représenteront l'Afrique du nord, dans la soirée égyptienne et dans la soirée marocaine.

Avec, pour l'Égypte d'une part les musiciens du Nil, qui d'ailleurs étaient déjà venus dans la première saison des Musiques du Monde à l'Auditorium, mais avec aussi des musiciens de tradition arabo-musulmane.

Et dans la soirée marocaine, au mois d'Avril, nous avons de la même manière un groupe berbère de provenance montagnarde, et un ensemble de musique arabo-andalouse de Meknès pour montrer que les traditions musicales sont aussi diverses en termes de pratiques , en termes de fond traditionnel que peuvent être celle des pays d'Europe par exemple, où il existe de la même manière une tradition populaire et une tradition savante. C'est un petit peu ce qui a présidé à la programmation avec en outre des traditions qui sont populaires en apparences mais qui sont en fait d'un raffinement musical extrême, pas toujours soupçonné par le public, ici en France. Je pense, par exemple, à ces musiciens pygmées qui vont venir dans le cadre de notre saison qui chantent un chant tout à la fois essentiel, très proche de la nature, et d'une grande compléxité polyphonique.

L'école de Notre-Dame, qui a prétendument inventé la polyphonie au XIIIème siècle, ne fut qu'un balbutiement comparé à cette musique somptueuse d'un raffinement extraordinaire. Tout particulièrement ces polyphonies que Josquin et même tous ces prédécesseurs, ceux qui ont mis en place la polyphonies auraient bien fait de connaître, car cela aurait permis à l'histoire de la musique occidentale d'aller encore plus vite. CMTRA : La présence d'un concert de tango ne signifie-t-elle pas qu'on a actuellement, sous cette étiquette, évidemment imprécise "Musiques du Monde", une redécouverte de traditions qui était plutôt cataloguées jusque là dans le genre "typique" dans les musiques populaires occidentales. Le tango par exemple a trouvé sa place depuis longtemps dans le bal populaire français, et se resitue maintenant dans ce vaste mouvement d'intérêt pour les musiques du monde.

Alain Surrans : Les traditions sont éminemment vivantes, ce ne sont jamais des arts de conservation parce qu'elles vibrent, qu'elles respirent exactement comme l'homme et comme l'humanité. Elles portent toujours une part de création et quelque fois de manière beaucoup plus importante qu'on ne croit. C'est vrai pour les musiques traditionnelles françaises, mais aussi pour les traditions argentines qui à un moment ont abouti à un genre, appelé la musique de tango, un genre qui a été complètement ressourcé au fur et à mesure par des créateurs et des interprètes.

Dans le cas de Mosalini, on a bien là un musicien qui joue dans la véritable tradition du Tango, c'est à dire avec les grands orchestres tels qu'ils ont pu se constituer à une époque à Buenos Aires. Des orchestres qui d'ailleurs n'étaient pas seulement des orchestres de danse mais des orchestres de musique faite pour être écoutée. Ce ressourcement est un peu symbolique pour moi de la vie des musiques traditionnelles, sans qu'il y ait besoin de ces métissages comme voudrait nous en convaincre la World Music. Il n'y a pas forcément besoin de métissage pour qu'il y ait cette vie. CMTRA : Qu'en est-il de cette catégorisation très occidentale, de cette séparation entre les expressions de musique et les expressions de danse. Justement, dans deux concerts au moins de cette programmation, on retrouve la danse comme élément indissociable de l'expression musicale, par exemple pour Bali et la soirée flamenco ?

Alain Surrans : Notre Auditorium est devenu une vraie salle de musique. Cependant, nous ne pouvons pas présenter de la musique indépendamment de la danse, quand la danse naît de manière aussi viscérale, aussi spontanée du geste musical. Pour la soirée flamenco, nous n'avons pas de "baile" à proprement parler ; nous avons une expression musicale avec ce moment où la tension, la violence affective est tellement forte que le geste musical sécrète un pas de danse. C'est vraiment du "cante". Mais le cante est indissociable de la danse chez les grands chanteurs, et surtout chez les chanteuses : à un moment on s'avance sur scène, on trépigne, on esquisse un pas.

Pour Bali, c'est un peu différent parce que si on veut présenter tous les genres musicaux balinais, il faut bien présenter les genres musicaux qui sont indissociables de la danse. Il y a des musiques qui sont faites pour les cérémonies religieuses, pour l'écoute pure, et d'autres où toute la richesse vient d'une association avec le théâtre où la danse et c'est impossible d'écouter la musique seule. CMTRA : Si on parle de géographie des cultures, la couleur de cette programmation est plutôt sud, c'est à dire sud de l'Europe ou nord de l'Afrique et hémisphère sud également, est-ce un choix ?

Alain Surrans : Oui, c'est un choix : Nous avons sillonné un certain nombre de continents et de pays au cours des dernières programmations. Par contre, nous n'avions pas encore abordé le flamenco ; l'Amérique Latine n'a jamais été représentée de manière très forte dans nos programmations, et nous avions envie de la mettre plus en avant. Pour être un peu plus modeste, nous dépendons aussi de projets qui se forment : nous nous associons à des projets qui ne se limitent pas à Lyon, dans un certain nombre de cas, et donc c'est l'air du temps et je dirais la circulation des vents sur le globe, dans quoi nous nous coulons un peu. CMTRA : C'est votre troisième saison "Musiques du Monde", et j'ai l'impression que cette programmation existe depuis beaucoup plus longtemps maintenant. Comment le public ressent-il cela ?

Alain Surrans : Cette programmation est maintenant bien installée, elle est bien acceptée par le public. Nous essayons de ne pas faire de contre-performance en ce qui concerne la fréquentation du public, tout en solidifiant nos choix pour qu'ils deviennent indissociables du reste des activités de l'Auditorium. Aujourd'hui, ceci est concluant, même si quelque fois nous avons des salles un peu moins pleines, elles ne sont pas moins chaleureuse pour autant !

Il y a une nouveauté à l'Auditorium qu'il faut souligner. Désormais nous proposons également des concerts de musiques traditionnelles au jeune public. Nous avons fait cette année deux expériences de concerts pour les scolaires : d'une part avec les musiciens du Burundi, d'autre part avec Doudou N'Diaye Rose.

Pour l'année 1999, nous proposons des concerts scolaires aux jeunes publics avec un programme composé autour des "anches", les 5 et 6 janvier : l'intention est de faire entendre successivement un trio d'anches avec des instruments occidentaux, (et des musiciens de l'Orchestre National de Lyon,) un groupe du Maghreb, pour enchaîner sur les cornemuses et le groupe "Une Anche Passe". Voilà un petit programme d'une heure qui sera présenté aux enfants, et qui devrait être plutôt sympathique ! Je tenais à le signaler, parce que c'est une démarche plutôt originale dans le cadre d'une institution comme la nôtre.

Nous faisons ce travail en collaboration avec ISM, et avec Grégory Ramos, et c'est un plaisir de travailler avec eux sur un projet aussi riche de sens du point de vue de la découverte, de la rencontre, et d'une certaine "fraternité des musiques" qui est au coeur de mes convictions les plus profondes. Contact :

Auditorium de Lyon

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