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La musique en groupe dans une école associative
MJC Louis Aragon (BRON)

Entretiens avec Patrick Partouche et Jean-Yves Befort CMTRA : Patrick Partouche, pour le responsable des activités d'enseignement musical à la MJC de Bron que tu es, c'est la 16e rentrée, avec des propositions d'enseignements concernant les musiques traditionnelles entre autres, et une refonte de la stratégie pédagogique. Peux-tu nous dire dans un premier temps quelles sont les offres de la MJC dans le secteur des musiques traditionnelles, et puis en quoi consistent les réorientations pédagogiques ?

Patrick Partouche : Nous continuons l'effort qui a été engagé notamment sur l'accordéon, sur la guitare flamenca, nous proposons à nouveau le 'ud (luth arabe), les percussions orientales et brésiliennes. Nous souhaitons que ces formes de musiques traditionnelles puissent toucher des publics un peu différents de ceux que nous avons, c'est-à-dire des gens qui sont déjà sensibilisés à ces musiques-là. Certaines couches de population connaissent ces musiques, et doivent pouvoir venir les pratiquer ici. C'est là-dessus que nous avons peut-être le plus de mal à communiquer. Sur les réorientations, j'aurais envie de comparer cela aux joueurs de football débutants. Quand ils commencent, ils ne se posent pas la question de savoir comment il faut faire pour taper dans le ballon, ils tapent, ils observent comment cela marche et au fur et à mesure, ils progressent.

Au début, ils jouent sur un terrain qui n'a pas les normes, sans règles, le hors-jeu n'existe pas au départ. Petit à petit surgissent les besoins, les règles s'apprennent, et l'on se retrouve un jour sur un terrain de foot aux dimensions normales, avec des règles, un arbitre. La stratégie pédagogique que nous défendons va dans ce sens-là. L'objectif d'une personne dans la musique, au départ, c'est de jouer de la musique, avec d'autres personnes, et non pas d'apprendre des règles. On a donc instauré un système qui s'appelle "Musique en groupe", qui paradoxalement pour l'instant ne concerne pas les débutants, mais les élèves un peu plus confirmés, qui au lieu de faire un 2e cycle de solfège traditionnel vont jouer en groupe. Ils vont tous s'orienter vers les musiques de leur choix : jazz, musiques traditionnelles, chanson , classique, avec éventuellement des groupes mixtes où l'on peut jouer un peu toutes les musiques.

Sur la base de leur choix, on constitue des groupes qui mélangent les instruments. Tout l'apprentissage va servir le groupe et non le contraire. On ne va pas apprendre une théorie et essayer de la mettre en pratique, on va d'abord faire une pratique et se dire "tient, on a besoin de savoir cela pour pouvoir faire ça". Le solfège, en l'occurrence, ou toute théorie nécessaire va servir uniquement à jouer telle ou telle musique avec tel ou tel groupe.

Voilà le changement principal, qui remplace le 2e cycle de solfège traditionnel avec un cours individuel d'instrument en parallèle. Il n'y a plus un 1er niveau, 2e niveau, ou 3e niveau de 2e cycle, il n'y a plus 4 ans de 2e cycle mais 20 ans si on le désire, d'autant que nous ne proposons pas de 3e cycle puisque nous ne sommes pas habilité à le faire. Tout est axé sur le jeu, sur la pratique amateur. CMTRA : A quel public s'adressent ces enseignements musicaux dans votre activité ?

P.P. : Pratiquement à tous les publics, mais on est quand même orienté vers des publics amateurs. Pour donner un ordre d'idée, on a environ 300 enfants et adolescents et 150 adultes. Il faut savoir que d'une part, nous avons des tarifs d'inscription qui ne permettent pas forcément à tous les publics de s'inscrire, et d'autre part, culturellement nous sommes une MJC reconnue quasiment comme une institution sur la commune, et pour certains publics, c'est difficile d'accès. En théorie, nous sommes ouverts à tous les publics. CMTRA : Une activité musicale si importante au sein d'une MJC, cela peut peut-être générer des questions dans les rapports d'équilibre entre les diverses activités, comment cela se règle-il ?

P.P. : Le fait d'être une MJC est une arme à double tranchant, en ce sens où nous associons beaucoup les activités musicales (quand je dis "nous", c'est le public qui vient chez nous) à des activités de loisir. Certes, l'objectif du résultat, c'est le plaisir, et non l'examen, mais il ne faut pas confondre "plaisir" avec "loisir". Sans effort, il n'y a pas de plaisir. L'activité du loisir est plutôt une activité dilettante où l'effort n'est pas forcément nécessaire.

Cela peut effectivement nuire à l'enseignement et tromper une partie du public, et puis comme il n'y a pas d'école de musique spécifique à Bron, nous avons quand même une demande de service publique d'enseignement musical, émanant d'une catégorie de population qui souhaiterait avoir des diplômes, un niveau certifié, bref être reconnue. Nous sommes en équilibre entre ces deux demandes, et quelques fois une partie du public peut ne pas s'inscrire chez nous parce que le label MJC peut n'être pas adéquat. S'agissant de l'autre partie de la question, le débordement éventuel sur les autres activités, je crois que l'on est en recherche constante d'équilibre. Nous savons à peu près aujourd'hui quel est le quota à ne pas dépasser, aussi bien en volume horaires qu'en nombre d'adhérents. Passé ce cap, on sent que l'on déborde sur les autres activités, en termes d'occupation des salles, et c'est vrai que la musique a tendance à être assez envahissante pour deux raisons : l'environnement sonore et aussi parce qu'un cours individuel, c'est un prof, un élève, une salle. Passé les 450 élèves, on est en saturation et l'on existe au détriment d'autres activités artistiques qui ont pleinement leur sens ici.

En particulier la danse, et c'est là, en revanche, qu'une MJC peut avoir un sens fondamental dans la pluridisciplinarité et les échanges entre les disciplines artistiques. Pour ces musiques, on a concrétisé un certain nombre d'expériences depuis des années ici. Les danseurs vivent le mouvement en étroite relation avec les musiciens, et c'est quand même fondamental. Les danseurs nous le disent : lorsqu'ils dansent sur des musiques enregistrées, ils perdent un peu leur repère, alors que lorsqu'ils dansent accompagnés par des musiciens, ça bouge, c'est une autre dimension. On souhaite également mettre en place des échanges avec la discipline arts plastiques, en travaillant sur des performances.

On est loin d'avoir fini d'explorer ici, dans cette MJC, les intersections entre les différentes disciplines artistiques. Il y a vraiment un travail énorme, et c'est une chance fabuleuse de réunir toutes ces activités, l'objectif étant de rester dans un équilibre, de laisser vivre un peu tout le monde. CMTRA : Dans le secteur musical vous accueillez des expériences, des organismes avec une palette d'esthétiques assez large ?

P.P. : Oui, nous avons notamment le bagad Avel Mor qui a son siège officiel sur Roanne, et qui vient chez nous le jeudi soir pour répéter avec leur ensemble, et aussi pour former un certain nombre de jeunes et moins jeunes, qui plus tard vont rentrer dans les rangs de l'ensemble. Il y a là effectivement aussi un enrichissement pour nous parce qu'ils ont des pratiques que nous n'avons pas et ils nous ont déjà démontré plusieurs fois l'intérêt de leur présence ici. Ils nous apportent une culture nouvelle.

Nous avons ici des enseignants qui sont assez spécialisés, et le fait de rencontrer un autre univers et même un autre type de formation, enrichit profondément tout le monde. Nous avons aussi beaucoup de groupes de musiciens qui viennent répéter chez nous de manière relativement informelle mais qui à chaque venue apportent toujours un enrichissement. CMTRA : Le Bing Tympan ?

P.P. : Effectivement l'association Bing Tympan nous a contacté pour travailler ensemble à plusieurs niveaux. Ils travaillent sur la promotion de la diffusion musicale des musiques nouvelles, sur la création musicale tout particulièrement, en liaison avec les musiques improvisées. Je crois que les musiques traditionnelles et les musiques improvisées constituent un ensemble.

Nous sommes très sensibles à cette collaboration, ils ont eux aussi une autre approche de la création et de la formation, même s'ils sont davantage orientés sur la diffusion. Je crois que tous nos intervenants et tous nos élèves auront énormément à prendre de cet accueil Bing Tympan. Et pour Bing Tympan aussi, le fait d'avoir une grande dynamique sur les musiques improvisées va permettre une relation réciproque intéressante. CMTRA : Jean Befort, vous dirigez la MJC de Bron. Comment voyez-vous l'avenir d'une MJC qui a une vocation très fortement locale, et surtout une histoire locale, dans les perspectives qui s'annoncent au niveau de la communauté urbaine, avec la mise en application prochaine de la loi dite Chevènement qui incite à la mise en place de réseaux d'agglomération ?

Jean Befort : C'est dans la tradition des MJC, depuis de nombreuses années, d'être en réseau dans une fédération, parallèlement à un travail quotidien en local. Ce travail local est concret, c'est du lien avec les habitants, et s'inscrit dans un réseau national. Qu'est-ce qui va changer maintenant, ce sont tous les dispositifs, l'institutionnel est en train de se modifier, ce qui est lié à la décentralisation.

L'habitude est faite de travailler en réseau, de travailler sur des territoires différents, et je crois que c'est un approfondissement qu'il faut que l'on fasse. Cela peut prendre différentes formes, des actions communes, mais aussi des capitalisations de savoirs et d'expériences, un travail en commun sur des sujets précis, avec des partenaires qui sont un peu plus spécialisés. Je crois qu'il faut inventer maintenant de nouvelles formes. Ce n'est pas toujours évident parce qu'il y a la tension entre l'inscription dans le local, dans la commune, et la nécessité d'aborder d'autres territoires, d'autres interlocuteurs, c'est l'enjeu, mais il n'y a pas le choix. Propos recueillis par J.B. Contact

MJC LOUIS ARAGON

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