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L'Europe, un chantier ouvert sur de nouvelles expressions culturelles

Entretien avec Philippe Fanise, coordinateur du Réseau Européen des musiques et danses traditionnelles CMTRA : Comment est animé ce réseau, beaucoup d'activités sont engagées aujourd'hui qui doivent mobiliser beaucoup d'énergie ?

Philippe FANISE : Il faut expliquer un peu l'organigramme de fonctionnement du Réseau, issu des Assises Européennes de musiques et danses traditionnelles de Perpignan en Novembre 1997. La coordination générale du Réseau est assurée par la FAMDT (Fédération Nationale des Associations de Musiques et Danses Traditionnelles) à travers son directeur Jany Rouger, son administratrice Marlène Belly, et moi-même en tant que coordinateur. La FAMDT joue un rôle de coordination administrative et financière, car la gestion de l'aide financière européenne Culture 2000 attribuée au Réseau pour trois ans lui est confiée.

Le Réseau est doté également d'un conseil d'administration et d'un comité exécutif, actuellement présidé par Jany Rouger, avec plusieurs vice-présidents, Lars Faragò, de Suède, Franco Lucà, d'Italie, Nollaig O'Fionghaile, d'Irlande, et moi-même en tant que secrétaire.

Nous avons mis en place plusieurs groupes de travail qui correspondent aux différents points du plan triennal soutenu la Commission Européenne :

un premier groupe de travail Information et Nouvelles Technologies, animé par Lars Faragò, président de RFOD. Ce groupe réalise la mise en place du site du Réseau, la lettre d'information du réseau européen et la Route européenne des musiques et danses traditionnelles, repérage de manifestations de musiques traditionnelles à travers l'Europe.

Le second groupe de travail Transmission et Formation, animé par Nollaig O'Fionghaile a réalisé avec Taps (Roger Watson) en Angleterre, au début du mois de septembre, un séminaire sur la transmission des musiques traditionnelles aux enfants et en prépare un autre en Irlande au mois de mai sur la formation supérieure aux musiques traditionnelles.

Le troisième groupe de travail Soutien aux Jeunes Artistes, animé par Maurizio Martinotti de l'association Ethnosuoni de Vercelli (Italie), conduit plusieurs projets. L'un concerne la rencontre de jeunes musiciens dans un orchestre Européen expérimental de dix jeunes artistes « Eyfo », né au mois de juin. Il a préparé également la rencontre Eurofolk de septembre 2001 qui a réuni autour de Turin des groupes de jeunes musiciens traditionnels originaires de onze pays venus partager pendant 10 jours une expérience de stages et de concerts dans le Piémont. Il existe également un groupe de travail sur le multiculturel, qui réunit Roger Watson de Taps en Angleterre, Lars Faragò et moi-même pour la préparation de séminaires prévus à Stockholm en 2001 et à Aix-en-Provence en 2002. Un nouveau groupe de travail va se mettre en place sur la connexion des centres d'archives sonores. Voilà l'ossature principale du réseau, qui relie des associations et organismes de plus de 15 pays : Autriche, Angleterre, Irlande, France, Italie, Suède, Norvège, Finlande, Belgique, Hongrie. Il s'agit d'un chantier ouvert et permanent. Nous avons été rejoints récemment par l'association Profolk d'Allemagne qui se trouve à Berlin et par Folkési à Segovia qui souhaite travailler en particulier sur les rencontres de jeunes artistes. Nous avons également des contacts avec des enseignants de l'Université d'Ionina en Grèce (Epire) qui sont extrêmement dynamiques sur le plan de la formation. Nous avons des contacts de plus en plus fréquents avec l'Albanie, la Bulgarie et l'Europe orientale . Des connexions sont à faire entre les Conservatoires, les CFMI, les CEFEDEM et les universitaires de ces pays.

En fait c'est surtout un travail de mise en réseau que nous faisons. Il n'y a pas obligation pour chaque membre du réseau à participer à l'ensemble des projets, dans la mesure où peu d'associations fédératives, comme la FAMDT (France) ou RFOD (Suède) réunissent toutes les conditions d'un travail global allant de l'archivage jusqu'à la création en passant par l'information, la diffusion et l'enseignement. Suivant la nature des activités des membres du réseau et leurs compétences, leur participation peut prendre des formes différentes. CMTRA : Comment les associations régionales, les personnes privées, les collectifs artistiques doivent-ils se présenter au Réseau, en d'autres mots, à quoi reconnaît-on un membre du Réseau Européen ?

P.F. : Le principe de fonctionnement du réseau est que, pour éviter un trop grand éparpillement, qui serait difficile à coordonner au niveau européen, nous souhaitons de préférence avoir, lorsque c'est possible, un relais fédéré. C'est possible en France, en Suède, en Angleterre où il y a des fédérations ; par contre, c'est difficile dans des pays fortement régionalisés comme l'Italie, l'Espagne ou l'Allemagne où il n'y a pas de coordination nationale des musiques traditionnelles. Dans les pays où ces fédérations existent, il est souhaitable que l'implication des régions dans le Réseau se fasse en liaison avec ces fédérations.

Mais il n'y aucune contradiction entre l'implication directe d'un centre régional dans le réseau européen et les coordinations nationales. Il serait aberrant d'avoir une vision étatique des musiques traditionnelles, vu que celles-ci, à l'intérieur comme à l'extérieur des pays, transgressent les frontières des états européens. Les propositions d'adhésion sont à soumettre au Comité exécutif du Réseau. CMTRA : Comment gérer, avec souplesse, la distribution des informations à une telle échelle de projet ?

P. F. : Il faut distinguer les outils du réseau, d'une part la Lettre d'information du Réseau qui est publiée deux fois par an et d'autre part le site du Réseau eurotradmusic.net réalisé à partir de la Suède en concertation avec Sandra Egreteau de la FAMDT. A l'intérieur de chaque pays, les associations et les fédérations utilisent leurs propres moyens de communication. Certains sont centralisés, d'autres ne le sont pas du tout. La communication à l'intérieur du réseau français est celle que la FAMDT met en uvre. Nous souhaitons développer au maximum les contacts directs entre les membres du réseau grâce aux groupes de travail, pour que les communications existent aussi d'un pays à l'autre sans que nécessairement les coopérations passent par la France.

Nous sommes un réseau et non une administration. Le danger serait d'avoir une centralisation à la française du réseau. Tout l'enjeu, c'est de trouver l'équilibre entre la nécessaire coordination de l'ensemble et la souplesse, la liberté de fonctionnement d'un réseau ouvert, répartissant au maximum les responsabilités et les activités entre européens. CMTRA : Quels musiciens français iront à la rencontre des artistes européens ?

P. F. : Pour les rencontres Eurofolk qui ont lieu en Italie, c'est la famille Arthus de Gascogne qui a été proposée par la FAMDT. Cela dit, nous ne sommes pas dans un système de représentation nationale. Dans les musiques traditionnelles, il y a des diversités régionales très importantes. Un groupe vient de France, d'Angleterre ou de Hongrie, mais ne représente pas ce pays. CMTRA : Tu pourrais nous dire un mot des projets développés autour de la notion de multiculturalisme puisque tu es impliqué, avec la Mission Arcade Paca, dans ce groupe de travail. Ces rencontres doivent être l'occasion d'éprouver une grande variété de traitement et d'approche des cultures du monde dans les villes d'Europe ?

P.F. : Le projet multiculturel s'appuie au départ sur trois partenaires. Lars Faragò en Suède réalise un important travail sur les différentes communautés présentes à Stockholm. Roger Watson de Taps s'est spécialisé dans la rencontre des musiques des communautés de la région de Londres et a fondé l'ensembl One world Band avec des musiciens anglais, indiens, africains et sud-américains. En ce qui me concerne, la Provence s'est impliquée dans ce projet en liaison avec le travail réalisé par la Mission sur les pratiques musicales des communautés et des musiques du monde en PACA. C'est une enquête que réalise Sami Sadak depuis un an et demi dans le cadre de l'Arcade, avec le soutien du FAS. Nous mettons en commun et comparons nos approches autour de trois villes : Stockholm, Londres, et Marseille. Nous organisons un premier séminaire à Stockholm au cours duquel des artistes, des musicologues, des sociologues, des acteurs culturels et sociaux vont se rencontrer sur les différentes facettes du multiculturalisme musical.

Une première journée sera consacrée à la dimension artistique et posera la question de la rencontre, du métissage des musiques traditionnelles sur le plan esthétique.

Une deuxième journée sera consacrée à la dimension sociale, à l'apport des musiques identitaires et multiculturelles à la question de l'intégration.

La troisième journée sera davantage consacrée à la dimension européenne du multiculturel sur le plan politique et économique. C'est aussi un des rôle du Réseau que de proposer aux instances européennes des orientations en faveur des traditions européennes.

Ces trois journées seront complétées par des animations scolaires et des concerts donnés par des musiciens suédois et anglais, et le trio Alazar à Stockholm et dans la banlieue de Kysta, ou une grosse activité en faveur des cultures de l'immigration est menée de manière concertée avec les autorités et communautés locales. Cette action culturelle sera développée à nouveau en octobre 2002 à Aix-en-Provence, avec une orientation sur la Méditerranée et les Balkans. Actuellement le réseau est essentiellement fondé sur des associations de l'Union Européenne, mais nous travaillons à établir des contacts avec des Bulgares, des Hongrois, des Roumains, des Albanais, des Turcs pour, dans les prochaines années, établir une coopération beaucoup plus complète des musiques traditionnelles en Europe, notamment en vue de l'élargissement de l'Europe aux pays d'Europe centrale et orientale. Ce travail progressif d'élargissement doit être mené avec les Autrichiens, les Allemands et les Grecs qui sont des pays de contact avec les pays de l'est. CMTRA : Vous avez choisi de traiter de musiques multiculturelles, de métissage plutôt que de musiques de l'immigration. Quels sont les positionnements sous-jacents à ce choix de vocabulaire ? On assiste là à l'expression du projet culturel de l'Europe et à sa traduction sur le plan artistique...

P.F. : Disons que ce que nous entendons par musiques multiculturelles ne se limite pas aux musiques issues de l'immigration, mais à la rencontre entre les différentes traditions musicales qui cohabitent dans une région.. Ce n'est pas l'addition de toutes les cultures qui se retrouvent dans un pays mais plutôt les phénomènes musicaux qui associent ces différentes cultures.

Par exemple dans le trio Alazar un musicien provençal joue avec un musicien iranien et un musicien italien. Il nous paraît dommage que lorsqu'un travail musical multiculturel est engagé dans une région, il se fasse en dehors de toute tradition locale.

A vrai dire, le multiculturel n'est guère prôné par l'idéologie française de l'intégration, car une société multiculturelle peut être perçue comme contraire à la notion d'unité nationale et d'intégration à la République. Selon qu'on se trouve en Suède, en Angleterre, en France ou dans les Balkans évidemment le concept de multiculturel va prendre des significations vraiment différentes.

Tout l'enjeu des séminaires de Stockholm et d'Aix est précisément de comparer les différentes pratiques musicales multiculturelles qui existent dans différents pays. Dans certains pays, on a une multiplicité de niveaux culturels, avec des cultures liées aux langues nationales et des cultures liées aux langues régionales. Ce qu'on découvre dans le réseau, c'est qu'on ne peut pas avoir un modèle de pensée applicable à l'ensemble des situations ; il faut chaque fois trouver le vocabulaire, la grammaire qui permettent d'évaluer la situation des pays mais aussi des régions. Notre projet est de voir quelles sont les répercussions du multiculturel sur les musiques traditionnelles et quel rôle les musiques traditionnelles peuvent jouer dans la société multiculturelle d'aujourd'hui. Il s'agit d'un enjeu essentiel aussi bien pour les traditions culturelles que pour l'Europe elle-même. Prochaines rencontres du réseau : octobre 2001 à Stockholm (Suède), concerts et séminaire sur le multiculturalisme ; janvier 2002 à Segovia (Espagne), groupe de travail sur le soutien aux jeunes artistes ; février à Roros (Norvège), participation à la rencontre des pays nordiques ; mai à Galway (Irlande), séminaire pour la formation supérieure ; août à Parthenay (France), rencontre de jeunes artistes ; octobre à Aix en Provence (France) séminaire sur le multiculturalisme. Contact

Réseau européen des musiques et danses traditionnelles

90, rue Jean-Jaurès ­ BP 136 ­ F79204 Parthenay

Tél. : 33 549 95 99 94, Email : [md-europnet@district-parthenay.fr->md-europnet@district-parthenay.fr]

[www.eurotradmusic.net->www.eurotradmusic.net ]


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