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Loucine

Entretien avec Lucy Flint, Jean-Luc Peilhon et Yves Perrin CMTRA : Vous avez constitué depuis peu le groupe Loucine, pouvez-vous nous présenter l'origine de cette formation et de son nom ?

Lucy FLINT : Loucine, ça veut dire Lune en Arménien. Jean-Luc PEILHON : Donc, déjà, ça a à voir et ça n'a pas à voir... C'est tout le propos du groupe! C'est-à-dire qu'on a vraiment rien dans notre répertoire qui traite du folklore arménien, on en aura peut-être un jour, si ce n'est que la femme d'Yves est d'origine arménienne et qu'on aimait bien la sonorité et l'évocation de Loucine. En plus ça sonne un peu comme Lucy...

Sinon cela fait quelques années qu'on travaille avec d'autres formations sur des musiques inspirées des musiques traditionnelles. Loucine est une émanation de Mille Pattes, un collectif autour des musiques traditionnelles qui a travaillé à la MJC Monplaisir à Lyon en "résidence" pendant une année. CMTRA : Comment des musiciens qui ont une formation classique ou jazz et qui ont des parcours de formation en école de musique et conservatoire en viennent à investir ensemble les musiques traditionnelles ?

J-L.P. : Je crois que l'on peut répondre individuellement. Moi je n'ai pas vraiment un trajet typique d'école de musique ou de conservatoire. J'ai suivi des cours de clarinette en formation musicale jusqu'au niveau cours moyen. Parallèlement j'ai appris seul l'harmonica (d'ailleurs je joue à l'envers avec les graves à droite). Donc j'ai toujours eu une pratique par l'écriture et une autre où je joue de manière plus intuitive, d'"oreille".

Ensuite, j'ai étudié le jazz et fait parallèlement de la variété ou des choses plus ponctuelles avec les arts plastiques. Depuis 5-6 ans j'ai envie de trouver des choses qui me correspondent plus, pour lesquelles le jazz n'est pas forcément approprié, même s'il traite de l'essentiel : la pulsation, la recherche rythmique et l'improvisation. J'avais envie de revenir à des choses également élaborées mais plus immédiates à recevoir par le public : retrouver un côté joyeux, directement rythmique et mélodique.

Pour Loucine on s'est intéressé plutôt au répertoire yiddish et musiques de l'Est, notre démarche consiste à prendre des choses à droite à gauche qui nous plaisent puis de "bricoler" avec, mais on a une autre formation autour de mes compositions, "Connivences", où c'est encore plus mélangé... Yves Perrin : Cette question est en fait celle des racines musicales, il y a aussi les racines qu'on se fabrique au hasard des rencontres. On s'intéresse aux musiques pour ce qu'elles expriment. Je sens dans les musiques traditionnelles quelque chose d'indéfinissable que je ne retrouve pas dans le jazz ou la musique classique. Peut-être l'impression d'une adéquation parfaite entre le mode d'expression et ce qui est exprimé, les deux sont absolument mêlés. Et puis c'est un enrichissement, rencontrer une autre façon de penser le tempo, la mélodie, l'harmonie... L.F. : Moi je suis restée plus longtemps, et d'ailleurs j'y suis encore, dans le monde des musiciens classiques. J'ai étudié le violon en Angleterre et l'alto une année ici à Lyon.

Ce travail autour des musiques traditionnelles m'apporte beaucoup puisqu'il réconcilie la musique avec ses fonctions de divertissement et de danse, très souvent négligées dans les institutions musicales où l'aspect intellectuel prime. C'est là que je rejoins Jean-Luc dans l'envie de jouer une musique qui communique plus directement avec le public.

J'aime beaucoup bouger avec la musique. Je considère la danse comme la meilleure façon d'acquérir le sens de la pulsation, sans ça on ne peut pas jouer en groupe ! CMTRA : Tu peux expliquer ce que tu fais comme musique ?

L.F. : Je compose de la musique pour des instruments classiques acoustiques avec participation d'ordinateurs, pour "jouer" - produire des sons - ou déclencher des bandes ; autrement dit, de la musique faite de sons élaborés, utilisant des techniques numériques, et préenregistrée. CMTRA : As-tu abordé le répertoire traditionnel dans l'enseignement que tu as reçu en Angleterre ?

L.F. : Au delà de la danse et de la cornemuse écossaises, du fiddle irlandais et des pratiques vocales des Gallois, je dois avouer que je ne connais pas de musique traditionnelle plus spécifiquement anglaise. Si il y a des Anglais en train de lire qui la connaissent, je serais heureuse d'être plus informée ! CMTRA : Quels aspects des musiques traditionnelles sont sources d'inspiration pour Loucine ?

JL-P. : Dans notre répertoire actuel, qui va être amené à évoluer, il y a quelques partitions mais pas majoritairement. C'est le cas de quelques valses manouches, qui font partie du courant musettte-swing, des valses de Gus Viseur, Privat, Murena écrites pour l'accordéon. C'est tellement bien écrit, ça chante... D'autre part on a deux-trois thèmes bulgares qui sont écrits mais la plupart sont relevés sur disque. C'est le nouveau "collectage", il y a tellement de bons disques. Quand des morceaux nous plaisent, on puise dedans.

Parallèlement on développe aussi nos compositions puisqu'on en a chacun en "stock". On essaie de voir comment on peut les monter. Dans tous les cas, le répertoire est réadapté, retransformé, ne serait-ce que par l'instrumentation. Par exemple, l'harmonica joue certains thèmes, la guitare également, accompagnée de basses d'harmonica, d'alto ou de clarinette basse et d'une rythmique violon ou alto. Nous sommes tous les trois amenés à jouer les thèmes, à accompagner ou à faire la rythmique, ça circule et on cherche dans ce sens... CMTRA : Avez-vous été amené à modifier votre pratique instrumentale pour qu'elle soit adaptée à ce répertoire ?

L.C. : Oui, pour des morceaux irlandais surtout, pour pouvoir jouer les ornements au niveau de la main gauche pour les petits glissandi et du bras droit pour les ornements rythmiques, des coups d'archet hors du commun... JL-P. : Toujours pour des questions d'instrumentation, on est obligé de travailler dans un autre sens, c'est sûr que cela nous demande un travail technique. L'essentiel, ce qu'on essaie de retrouver pour l'instant, c'est l'énergie, la pêche, la chose dansée... On ne cherche pas à être des spécialistes, on cherche à être des musiciens qui communiquent. L.F. : Nous cherchons des effets instrumentaux susceptibles d'apporter une couleur particulière à cette musique, ce qui contribue au "son" de notre groupe. J'utilise souvent le pizzicato pour faire des basses à l'alto, ou des contrechants.

Je joue aussi sul ponticello, avec l'archet très près du chevalet, ce qui donne un son grinçant, très riche en harmoniques aigus, ou flautando, avec l'archet loin du chevalet, sur la touche, ce qui donne un son plus doux, "flûté" comme son nom l'indique. J'ai aussi deux sourdines différentes... CMTRA : Avez-vous déjà eu l'occasion ou le besoin de vous confronter aux techniques spécifiques de musiciens traditionnels ?

JL-P. : A proprement parler c'est assez récent pour nous trois je crois. Mais l'occasion s'est présentée au travers de quelques stages, concerts et surtout de rencontres autour de projets : festival de Saint Chartier, stage avec Dédale pour Yves, Mille Pattes avec Christophe Sacchettini, album "Silences" de Norbert Pignol, collaboration avec Alain Challéard au sein de Connivences...

Il y a eu aussi une première partie de Loucine en bal folk à l'ADAEP à Grenoble avec des dizaines de couples de danseurs qui valsaient devant nous, cela a été une sorte d'électrochoc, de déclic. Ce rapport à la danse amène une autre façon de jouer, très agréable. CMTRA : Quel est votre rapport de proximité avec ces musiques, est-ce si important d'être né avec pour les interpréter ?

L.F. : Je ne me mettrais pas à jouer une musique que je ne sens pas. Les rythmes impairs et l'émotion de la musique de l'Est m'ont toujours beaucoup intéressé. J.L. : C'est vrai que ce qui est bien dans ces musiques dites "slaves" c'est qu'elles sont souvent soit très rapides soit très mélancoliques. Les mesures impaires ont cet avantage et cet inconvénient : elles sont difficiles à danser, mais en même temps accessibles parce qu'elles sont tellement vives. Il y a des côtés excessifs que je retrouve dans ce que je pouvais chercher dans le jazz. C'est à dire la brillance, ou les larmes qui arrivent tout de suite ! Et l'improvisation c'est pareil, tu peux creuser dans cette musique facilement, cela se conçoit bien...

Pour ma part, philosophiquement, j'espère et je crois, qu'on est libre de choisir ce que l'on veut jouer. Bien sûr on le fera avec plus ou moins de bonheur, mais je ne crois pas me tromper en citant beaucoup de musiciens trad. français qui ont réappris par l'écrit et l'interprétation ce qui était perdu dans la tradition orale.

Par analogie, je pense qu'on peut, pour peu qu'on s'y plonge, jouer avec une certaine réussite des musiques issues de cultures différentes. Pourquoi ne seraient-elles pas aussi authentiques malgré les différences ? Je me méfierai toujours des appellations d'origine contrôlée comme seul critère de jugement pour la qualité d'une oeuvre. Y.P. : L'originalité de notre orchestration nous a amené à chercher des solutions, à tel point qu'un ami musicien en écoutant la démo trouvait que notre répertoire - autant pour le yiddish, le bulgare ou le musette swing - sonnait "Loucine". Pour moi c'est un grand compliment et on va aller toujours plus dans ce sens. JL-P. : On est vraiment pas des puristes, c'est pas la lettre qui nous interesse, c'est l'esprit... C'est évident qu'on va chercher à creuser, à s'approcher, à piller tout ce qu'on peut prendre... Mais peut-être que dans quelques temps un Bulgare viendra nous écouter et sera aussi dépaysé en découvrant notre musique que nous en écoutant la sienne et la boucle sera bouclée ! CMTRA : A propos des musiques traditionnelles dans l'enseignement musical, quelles places peuvent-elles y tenir ?

JL-P. : Il y a ce côté immédiat, accessible, leurs mélodies, leurs modes qu'on peut facilement rechercher pour improviser autour. En jazz on devrait commencer par là, autour de l'improvisation modale. L.F. : Dans mon expérience de l'enseignement, de la formation musicale, la notion de mode et de tonalité est assez difficile à faire passer. Je rencontre sans arrêt des jeunes instrumentistes qui jouent des morceaux dépassant techniquement leur compréhension musicale, ne serait-ce qu'au niveau de l'identification de la tonique. La musique traditionnelle permet de travailler ce type de repères. CMTRA : Les projets de Loucine ?

JL-P. : D'abord jouer pour continuer à explorer, fixer, construire, confronter notre jeu au public. Parallèlement on prépare un enregistrement du "répertoire" manière Loucine et également des compositions pour un CD. Propos recueillis par Valérie Pasturel Concerts de Loucine - 29/01 -

Noiretable (42), Gîte Gilberny

rens. 04 77 24 93 01 - 15/04 -

Hauteville-Lompnès, Office Municipal

rens. 04 74 40 41 86 - 01/02 -

Riorges, Salle du grand Marais

rens. 04 77 23 62 62 - 12/02 -

Francheville (69) au Caveau jazz - 01/06 -

Clermont-Ferrand (63)

Festival Jazz dans le Bocage

rens. 04 70 47 10 35 Concert de Connivences - 15/01 -

Villefranche-sur-Saône (69)

Théâtre Pêle-Mêle


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