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L'histoire de Gédéon Tranche Montagne

Entretien avec Robert Amyot CMTRA : Robert Amyot, il semble que tu te diriges vers la "prise de parole", ce qui ne t'a jamais déplu : Tu deviens un conteur ?

R.A : Absolument, mais c'est un hasard. Un jour, j'ai reçu un coup de téléphone de Jean-Michel Langlois, responsable d'un festival de conte vers Bordeaux, qui m'a invité.

D'abord, j'ai cru que c'était une blague. Et non, il me voulait en tant que conteur. Il m' a expliqué que c'était bien comme cela qu'avaient débuté plusieurs conteurs : on vient du théâtre, de la chanson, ou de la musique, et puis à un moment donné il faut faire le pas.

Moi, à priori, j'avais des envies mais je ne savais pas comment faire, c'est un peu comme tout. D'ailleurs, je suis venu à la musique comme ça, aussi. On m'a dit : "tu chantes" et je me suis mis à chanter. Je me suis raconté des histoires, j'avais très peur, parce qu'on a l'impression de ne pas savoir faire les choses, c'est très délicat. Et puis je me suis aperçu que je parlais déjà beaucoup pendant mes spectacles donc j'ai eu très peu de choses à modifier au début.

Ensuite j'ai eu envie de faire un réel travail d'écriture, ce qui m' a amené à créer ce spectacle où il y a du conte, mais aussi bien sûr de la cornemuse et du chant. CMTRA : Ce Gédéon Tranche-Montagne vient de tes lointaines forêts québécoises, ou bien est-il plus proche de ta nouvelle patrie savoyarde ?

R.A : Alors bien sûr ce sont des histoires vraies, comme tous les contes. Ce Gédéon, c'est un peu un personnage hybride. Gédéon Tranche Montagne, avec ce prénom très québécois, est un personnage un peu comme Gargantua ici : on le retrouve dans plusieurs traditions, il est cosmogonique, il appartient à toutes les cultures. C'est le personnage qu'on aurait aimé rencontrer, c'est le père, c'est l'alter ego, c'est tous ces gens-là. CMTRA : Pourquoi ce sous-titre alléchant "contes - cornemuses - percussions et cuisine" ?

R.A : Je me suis retrouvé sur scène à raconter des histoires, à chanter en jouant des percussions, à jouer quelques flûtes et des cornemuses, et je me suis dit, c'est très bien : des personnes se sont déplacées pour écouter un chanteur, un conteur, un musicien... Mais, j'ai l'impression, dès que je me donne à 150%, que je ne me donne pas vraiment assez ! je me suis dit "qu'est ce que je pourrais faire de plus" ? Alors la question s'est posée : "qu'est ce que tu sais faire de plus, mon petit bonhomme" ? J'ai pensé : je fais à manger, j'aime faire à manger .

Donc voilà, je suis sur scène avec mes légumes, ma gamelle, mon trépied, mon Butagaz et je cuisine ! Les gens dans la salle croient que ce n'est qu'une mise en scène, une sorte de "veillée", mais après une heure, ils se rendent compte très vite que ça sent bon, en principe ! Et après une heure et demi la soupe est prête, et je leur sers la soupe que j'ai cuisinée sur scène, mine de rien tout en racontant mes histoires, tout en chantant mes chansons. CMTRA : Cela donne envie d'aller voir ton spectacle ! Comment règles-tu les problèmes techniques, les déplacements, le son ?

R.A : C'est très amusant car quand les organisateurs sortent ma fiche technique, ils découvrent une liste de courses à faire avec tant de kilos de légumes, de pommes de terre, de poireaux, de carottes... donc c'est déjà amusant, on ne va pas s'ennuyer (rires). Sur scène j'arrive à cuisiner pour 60 personnes environ. Donc si la salle contient 150 personnes, eh bien, j'arrive plus tôt l'après-midi et je confectionne une "soupe Off", avec l'aide de quelques bénévoles qui m'aident à éplucher les pommes de terre et à couper les oignons ! je prépare donc une soupe dans un local qui ne sera pas celui du spectacle le soir même parce qu'il faut qu'il y ait la surprise de l'odeur, justement. Il faut que l'odeur arrive beaucoup plus tard. Je viens quand même avec mon couteau, ça c'est sacré pour un cuistot et ma planche à découper ... CMTRA : Cette idée t'est-elle venue lors du spectacle "Gargantua" que tu as joué à la Biennale du Fort de Bron voici quelques années ?

R.A : Il y avait Gargantua, mais il y avait aussi et surtout "le Grand Festin" avec la Compagnie du Beau temps, avec Jean Blanchard, Evelyne Girardon et Bruno Letron. Et pourtant non, parce que là mes histoires ne parlent absolument pas de nourriture. Ce n'est pas un spectacle sur la bouffe, sur le repas ou sur le vin. C'est ce que je trouve intéressant, en quelques sortes, c'est qu'on ne voit pas le rapport.

J'avais mes contes en tête, mon spectacle et j'ai décidé de rajouter cette "dimension de soupe", comme ça ! en hiver je confectionne une soupe mais quand il fait chaud en été, évidemment, je ne ferai pas de grosse soupe qui donne encore plus chaud : je confectionne une "trempette" à la québécoise : avec des crudités, des carottes crues, etc qu'on trempe dans une préparation à base de crème et de fromage blanc. CMTRA : Glups ! (rires) Tu vas être vraiment obligé de nous donner une recette à la fin de cet entretien. Si on prend un peu de distance, qu'est ce que ce genre de travail et d'expérience solitaire peut apporter à quelqu'un comme toi, qui a fait de la scène pendant des années, dans des groupes, des compagnies ?

R.A : Je me suis aperçu de cela : il y a une douzaine d'années que je suis professionnel, en France, à gagner ma vie en tant que chanteur et en jouant de la cornemuse. Et je m'aperçois lorsque je rencontre des gens à l'issue des spectacles ou dans les festivals, qu'ils ne me connaissent pas vraiment. Ils ont une image qu'ils ont créée eux-mêmes dans leurs fantasmes. Une image qui bien sûr est très loin du bonhomme. Et là, avec ce spectacle de conte, c'est beaucoup plus une rencontre avec la vraie personne, et les gens apprennent à connaître beaucoup mieux ma musique de cette façon-là. Ceci n'est peut-être pas vrai pour les autres musiques, je ne sais pas : je ne crois pas que ce soit intéressant forcément de connaître la vie, le quotidien d'un musicien de rock pour apprécier sa musique... Pour moi c'est une dimension nouvelle, plus humaine, plus proche de moi. CMTRA : Cette approche particulière serait liée aux musiques traditionnelles ?

R.A : J'ai l'impression que oui. Moi c'est toujours mon discours, pour lequel on me critique très souvent depuis des années : c'est que nous avons affaire, nous les musiciens trad, à des musiques de fonction.

Ces musiques-là avaient des rôles sociaux dans une société qui n'existe plus : on peut très bien se passer de ces musiques dans les mariages ou autres. Mais ces musiques-là restent encore très vivantes dans ce qui touche aux bals par exemple, là elles ont une fonction bien précise. Mais dans leur version concertante, en spectacle, je crois qu'une approche théâtralisée permet souvent de mieux pénétrer, de mieux comprendre.

Dans ce que je fais en ce moment, en racontant des histoires, en cuisinant, c'est assez autobiographique, comme quand on écrit un premier livre. Donc, ça permet de mieux comprendre pourquoi je chante ces musiques-là et pourquoi je les joue. Propos recueillis par Eric Montbel Histoire de Gédéon Tranche Montagne - 18/01 - Limoges (24) - 21/01 - Antignac (15) - 22/01 - Pierrefort (15) - 23/01 - Cournon à (63) - 11/02 - St Hilaire de la Côte (38) Contact Tél : 04 50 96 97 67


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