Bon à savoir : les fonds d'archives sonores dans le monde...
Imaginez une "bibliothèque sonore" où vous pourriez écouter des chansons, des contes, de la musique, des récits de vie, des ambiances sonores, dans des langues et parlers du monde entier... Cette phonothèque idéale du patrimoine oral est en partie possible grâce à une prise de conscience des milieux scientifique, associatif et militant de l'importance du collectage, de la conservation et du traitement afin que ce patrimoine soit accessible à tous.
Dans une société où la communication par le biais de médias est dominante, au détriment de la transmission orale directe, il apparaît important de s'intéresser à l'oralité, non seulement car elle est en péril, mais aussi parce qu'elle est riche d'enseignements.
Il faut saluer à ce titre le travail de toutes les personnes qui ont collecté des "traces" d'oralité, en les fixant sur des supports relativement durables et permettant ainsi leur diffusion. La masse des documents enregistrés est énorme, au vu du travail de conservation, stockage, description et diffusion qu'ils représentent. L'exploitation de ces ressources est très difficile, mais de nombreux centres et institutions oeuvrent pour valoriser la mémoire contenue dans ces fonds. Les projets de numérisation (ou plus généralement de transfert sur des supports pérennes) sont nombreux, tant en France qu'à l'étranger et malgré la faiblesse globale des moyens. L'Internet est un formidable outil permettant un large accès aux documents sonores : si l'on ne peut pas toujours écouter en ligne des fichiers sons, le web permet cependant de signaler sur un réseau mondial les fonds sonores existants.
Si l'on connaît surtout les fonds conservés sur le territoire français ou dans les pays limitrophes, on trouve des fonds sonores inédits dans le monde entier. Après avoir effectué de nombreuses recherches sur le web, on peut signaler un grand nombre de collections sur des sites, même s'il apparaît que les détenteurs d'archives sonores sont loin d'être tous sur la toile.
On peut noter que les détenteurs de documents sonores inédits sont très différents : les plus visibles sont les institutions, qu'elles soient publiques ou privées (bibliothèques nationales, archives nationales, universités, musées et centres de recherche), mais beaucoup d'associations issues de mouvements militants pour la sauvegarde du patrimoine oral ont constitué des fonds d'archives. Il paraît presque impossible de comptabiliser les personnes privées qui conservent chez elles des fonds, mais on peut dire qu'il existe des "collecteurs" (non rattachés au milieu de la recherche) dans le monde entier.
Un petit tour d'horizon vous est proposé ci-dessous, mais pour plus d'informations et pour consulter la sitographie réalisée à l'occasion de cette recherche, nous vous invitons à cliquer ici.
Les pays africains, riches en cultures mais souvent pauvres en ressources pour les mettre en valeur, sont peu représentés sur le Web. On peut néanmoins citer les archives sud-africaines et notamment l'International Library of African Music à Grahamstown, qui numérise un fonds important centré sur l'Afrique australe. En Afrique francophone, le Projet ARTO valorise les collectages de patrimoine oral réalisés par les radios rurales.
En Océanie, l'Archive of Maori and Pacific Music à l'University of Auckland réunit le plus grand fonds de musique océanienne au monde. En Australie, l'AIATSIS détient des enregistrements parfois très anciens des traditions aborigènes. En Papouasie, certains documents sonores à l'Institute of Papua New Guinea Studies remontent à 1898.
Les États-Unis comptent d'innombrables fonds sonores. Parmi les plus prestigieux, on retrouve l'American Folklife Center, qui dépend de la Library of Congress. Citons également les collectages du grand Alan Lomax, regroupés dans une archive éponyme. Au Canada, les traditions populaires sont conservées par (entre autres) les Archives du Folkore à l'Université de Laval.
Les fonds d'archives sonores en Europe sont très nombreux, notamment dans les pays nordiques et en Angleterre (British Library). Les fonds présents concernent le monde entier, et font souvent l'objet d'un travail de réseau (projets européens et internationaux).
En Amérique Latine, il semble que les archives d'émissions de radio, et plus généralement d'enregistrements de personnes célèbres ou de textes lus, constituent la majeure partie des fonds. Il existe aussi des centres rattachés aux universités, qui conservent et collectent.
Les archives de l'Asie sont surtout musicales. Il est intéressant de voir la distinction qui est faite entre musique populaire et musique traditionnelle. De grands centres documentaires font de la conservation, mais aussi du collectage (Indira Gandhi Centre for the Arts). Pour certains pays, il a été impossible de trouver des sources d'information, parfois pour des raisons d'absence de traduction.
PDJ / DH