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"Almacordes" : les cordes de l'âme

Création vocale et instrumentale avec Lucilla Galeazzi, Antonio Placer et Paulo Bellinati en résidence à Vonnas pour le festival Les Temps Chauds à Châtillon-sur-Chalaronne. Le vendredi 24 à Vonnas à 21 h, centre Saint-Martin et samedi 25 juillet à 20 h 30, église de Saint-Paul-de-Varax. Entretien avec Lucilla Galeazzi, Antonio Placer et Paulo Bellinati CMTRA : Lucilla Galeazzi, Antonio Placer et Paulo Bellinatti, vous êtes enfermés maintenant depuis 7 jours en résidence à Vonnas pour préparer la création vocale et instrumentale qui sera donnée pendant le festival"Les Temps Chauds"cet été. Quels sont les répertoires que vous avez choisis ?

Antonio Placer : Nous avons tous les trois apporté des pièces originales. Nous sommes ici en résidence pour travailler et naturellement, certaines pièces risque d'être modifiées, de grandir dans leurs arrangements,par exemple. Les choses changent, elles vivent. Il y a aussi quelques chants populaires qui viennent d'ailleurs. Enfin, nous préparons des surprises. CMTRA : Quel est votre recette pour mélanger vos sensibilités de cultures hispanique, brésilienne, italienne et d'autres pays ?

Lucilla Galeazzi : Très bonne question... Ce n'est pas facile de répondre ! La vérité est que nous n'avons pas de recettes, mais ces jours-ci, avec les éléments que chacun à apportés, avec notre sensibilité, nous mijotons quelque chose.. Nous sommes comme des cuisiniers qui expérimentent leur nouveau plat. A.P. : En dehors des formes que notre musique prend, il y a quelque chose de vraiment important, c'est notre rencontre à tous les trois. Avec Lucilla, nous nous sommes rencontrés l'année dernière. À partir de là on a senti à quel point on était cousin, éloigné peut-être, mais quelque part en nous on communiquait déjà. On avait quelque chose en commun. C'est viscéral, je dirais, et par rapport à Paulo, c'est le même sentiment.

On se connaît depuis des années, j'ai beaucoup travaillé au Brésil, et la dernière fois que j'y suis allé, notre rencontre a fait des étincelles. Quand on jouait ensemble, les gens nous disait :"mais depuis combien de temps jouez-vous ensemble ?"C'est une histoire de feeling. Et puis, c'est Françoise Cartade qui est à la tête de notre histoire présente, c'est elle qui a eu l'intuition première de nous inviter ici tous les trois pour faire notre cuisine.

Je pense que notre musique vit, on est pas toujours d'accord, on se fâche, on rit, on a des émotions comme dans la vie courante, mais l'envie prend toujours le dessus, et on se dit :"allez, il faut travailler, il faut faire quelque chose maintenant." L.G. : Je rajoute deux choses : D'abord la rencontre s'est faite entre moi et Antonio, et puis Paulo est venu. Alors on se demandait quel titre on allait donner au spectacle qui s'appelle pour l'instant Création Galeazzi - Placer - Bellinatti. Alors j'ai dit, prenons chacun un petit bout de papier et écrivons la première chose qui nous vient à l'esprit... on verra bien ! Et Antonio et moi nous avons écrit la même chose :"Les cordes de l'âme, Almacordes". Paulo avait aussi exprimé le même concept.

On était très étonnés du fait que l'on avait pratiquement trouvé les même paroles, et ça, c'est le hasard. Une autre chose qui a mon avis n'est pas un hasard, quand Antonio écrit des textes, souvent, il utilise des images de mon imaginaire, et cela me touche beaucoup : par exemple, il y a une présence très forte de la nature, qu'il utilise par métaphores, pour parler de l'amour, tout en gardant une certaine pudeur.

Dans la culture populaire on utilise souvent les métaphores, il y a cette abondance d'images, et tout ceci on le retrouve dans les textes d'Antonio, comme chez moi aussi. Cela veut dire que l'on écrit chacun de son côté, et c'est comme si Antonio écrivait en s'inspirant de ce que je pensais. C'est un autre point de rencontre, une espèce de connivence que nous avons inconsciemment. Des contacts à distance que l'on découvre maintenant que nous travaillons ensemble, mais c'est arrivé avant même qu'on se rencontre. A.P. : On retrouve aussi ce sentiment dans les sons, chez Paulo, ne serait-ce déjà dans sa façon de rire, de s'exprimer, de jouer, de dire les choses très simplement avec une force pas possible. Tu disais l'autre jour, Lucilla, que"notre musique va éclore de nos rapports."Eh bien quand nous travaillons ensemble et qu'il nous manque ce"petit rien", il nous suffit de faire la fête ensemble, et ce"petit truc"arrive naturellement, aussi parce qu'on a envie, parce qu'on fait de la musique avec quelqu'un qu'on aime bien sûr. Paulo Bellinatti : Pour moi, c'était une histoire étrange : d'abord, on a tous des carrières en solo, et la ponctualité de se retrouver ici ensemble, c'est rare. En une semaine déjà on nous a ouvert un nouvel espace de vie professionnel. Il faut dire qu'ils ont des agendas bien remplis eux deux ! Alors, pour nous cet espace c'est créer une nouvelle histoire. J'étais au Brésil, puis tout d'un coup je reçois un coup de téléphone d'Antonio, qui me dit, c'est moi... on va faire un trio avec une chanteuse, Lucilla Galeazzi...

Comment un trio ?... Non, non, tout est arrangé, tu viens ici, en France, on t'attends ! Et puis j'ai accepté tout de suite parce que je le connaissais, qu'on avait envie de faire quelque chose ensemble depuis 4 ans, et là aujourd'hui, on est en train de faire l'histoire, c'est impossible ! Et puis rencontrer Lucilla c'est aussi un peu mes racines italiennes, ça chante, ça danse. Voilà, donc cette semaine, on a tout mis dans une marmite, et c'est en train de donner ses fruits... C'est, comment dit-on en italien ? Lucilla :"Pippiare", c'est en train de"pippiare"... C'est le terme qu'utilisent les napolitains quand on fait la sauce tomate. D'abord, il faut mettre la sauce de bon matin, vers 7 h pour manger à midi ou 1 h, parce que la sauce doit cuir doucement, à feu très doux. Et la sauce doit faire des petites bulles comme cela pip-pip-pip, cela frémis, et les napolitains disent que la sauce doit"pippiare", et cuire doucement, doucement, très doucement. Après, elle devient une crème de tomates, et tu peux la manger comme cela. Et nous, nous sommes en train de faire"pippiare"notre sauce, tout en goûtant pour voir s'il faut ajouter du sel, du poivre, s'il manque de l'huile, etc. CMTRA : Alors, justement, vous avez dans ce répertoire une chanson fortement métaphorique autour de la cuisine et du désir amoureux, sur l'acceptation, la volonté de se faire dévorer par amour et par l'autre. Comment pour cette chanson, les ingrédients sont venus de chacun d'entre vous ?

L.G. : (rires) C'est déjà par expérience personnelle... Bon, disons qu'Antonio m'avait proposé d'écrire une chanson ensemble, dans le sens que nous vivons à distance, et il était inspiré par une mélodie, donc il a composé une musique et il m'a dit, j'aimerais que tu écrives le texte en italien. Là dessus il m'a donné une suggestion : des recettes qu'il faut pour l'amour, des recettes de charmes. Je venais de terminer de lire un livre que j'adore, d'Isabelle Aliende et qui s'appelle Aphrodite, dans lequel elle dit qu'une des chose qui est bien dans l'amour, c'est la bonne cuisine.

Au fond, faire bien l'amour, c'est faire de la bonne cuisine, c'est un goût pour la vie qui va de la table au lit. Donc, quand il m'a parlé de recettes d'amour, je me suis dit, parlons de ce qui fait du bien à notre vie : un petit peu de sel, de poivre, cela relève... Et, on dit aussi, quand on est vraiment amoureux, on est cuit d'amour. Chez nous, quand on tombe amoureux de quelqu'un, on dit :"je suis cuit par lui, je suis complètement cuit."Donc déjà dans la langue italienne, on dit, j'ai perdu la tête, les charmes de l'autre nous prennent, il nous met dans une casserole et il nous cuit. Et, au fond la personne qui est tant amoureuse ne souhaite que d'être avalée par l'autre : je suis à toi et réciproquement.

Je me suis dit, maintenant je vais faire une liste de choses qui me paraissent importantes dans la cuisine, les parfums : le romarin, la marjolaine, tous ces parfums qui donnent du goût à tous et au fond à la vie. Moi, j'ai dit, le jour où je meurs, je veux qu'on me mette dans le cercueil avec plein de romarin parce que c'est quelque chose qui donne du goût à la vie, et j'aimerais qu'il donne du goût à ma mort, c'est extraordinaire ! A.P. : Mais tu habites à Roma, c'est normal... L.G. : Oui, c'est parce que c'est la Rosa Marina, le romarin, c'est le parfum de la mer, et donc quand je pense à la mort, je pense au romarin. Ca sent le romarin, hum, ça sent bon ! P.B. : En plus, c'est joli parce que Lucilla habite à Roma, et si on écrit Roma à l'envers cela fait amor en espagnol... L.G. : Hum, je ne suis pas sûre que tu es tout compris Paulo (rires) ! CMTRA : Pour cette chanson, d'un texte italien et d'une mélodie franco-espagnol, il y a quand même un événement très fort qui est la guitare de Paulo. Le Brésil est un grand pays de musique avec de multiple influences, alors Paulo, au moment d'ajouter la guitare, à quoi as-tu pensé ?

P.B. : Eh bien, je crois que lorsqu'Antonio a écrit la mélodie, il a pensé autant à Lucilla qu'à moi, il a pensé à nous trois car c'est écrit pour un trio. Moi, j'apporte mon expérience, je n'essaye pas de faire sonner brésilien. J'essaie d'être dans cette histoire touché par les poèmes, touché par l'esprit de la musique.

C'est comme composer, dès qu'ils me montrent leurs chansons, je suis inspiré, alors, je commence à avoir des idées sans arrêt, mais pas des idées qui sont des connotations musicales sud-brésiliennes ou sud-américaines, je me mêle à la chanson et, tout d'un coup je me rends compte que je suis en train de jouer une traduction qui sonne très classique espagnol. Il faut dire que j'ai toute une expérience de la guitare classique, donc cela vient naturellement. A.P. : Et en plus, il a un coeur. Il n'a pas de pays, il est universel, quand il se sent touché par une musique, il pense que la chose est universelle, c'est comme en amour. Il y a évidemment une différence entre une musique américaine, chinoise, espagnol ou autre, mais il y a aussi des choses en commun, ce n'est pas uniquement une question de forme, c'est plus total, c'est comme l'amour, c'est universel.

Je pense que chacun dans sa vie quotidienne a ses préoccupations, ses petits problèmes, mais c'est pendant la rencontre qu'il se passe des choses, c'est là qu'on commence à se rapprocher de l'essentiel. Pour nous en tout cas, je crois que cette semaine, il se passe quelque chose, cela bouge, cela vit, il y a quelque chose qui nous tisse, avec différents tissus, un tissu d'Italie, un du Brésil et un d'Espagne ou plutôt du Dauphiné et de la Galice parce que je suis partagé en ces deux mondes là. Et, ce tissage est agréable à porter, à donner... L.G. : Je t'avais dit de ne pas utiliser cette métaphore de tissu, je ne suis pas d'accord. Je ne supporte pas cette image parce que tu penses :"Ah ! c'est une femme, alors elle tricote !"non je n'aime pas cela... (rires). CMTRA : Est-ce que dans ce que vous avez déjà projeté comme poésies, chanté comme chansons, il y en a au moins une qui ne parle pas d'amour.

L.G. : Si bien sûr... Il y a un chant des morts par exemple... que j'ai écrit, et qui dit"mais pour quelle raison m'as-tu abandonné, mais pour quelle raison tu ne reviens plus ?"Il y a aussi L'air de rien qui n'est pas une chanson d'amour, c'est d'ailleurs un des rares textes en français que nous chantons. A.P. : Il y a un autre poème Sérénade, en français que j'avais pris l'année dernière pour la rencontre avec Lucilla. Sinon, nous chantons en italien, napolitain, galicien, brésilien et espagnol. On est bien de cette Méditerranée qui, comme disait Darius Milhaud, va d'Istanbul à Rio de Janeiro... L.G. : (rire) Une idée très large de la Méditerranée ! A.P. : On a tous un côté méditerranéen, la famille de ma mère (XVIIIe siècle) vient de Naples et mon père est galicien d'origine séfarade. Bon, elle a perdu son nom en se mariant à un Espagnol. L.G. : Oui, je sais, je t'ai déjà raconté comment les juifs devaient faire pour être acceptés, ils devaient changer leur nom parce que leur nom n'était pas adaptés à la religion catholique, on les appelait les"Marannes". Il y a pas mal de gens qui sont restés en Italie, et publiquement pour exercer leur profession, soit médecin, soit avocat, etc, ils devaient être catholique, alors ils changeaient leur nom. A.P. : Bon, mais on a tous un peu de sang italien. CMTRA : Quelles sont tes origines à toi Paulo ?

P.B. : De la part de ma mère portugaise, et de la part de mon père, italienne. En résumé je suis un brésilien typique. CMTRA : Et, c'est pour cela que tu parles un excellent français ?

P.B. : Non, je parle français parce que j'ai vécu à Genève pendant quelques années, quand j'étudiais la musique, j'ai eu une bourse du conservatoire de Genève pour faire des études de musiques supérieures, et j'ai terminé le conservatoire au Brésil. A.P. : Pour revenir à notre résidence, ce n'est pas une rencontre éphémère, chacun vit sa vie, et en même temps je crois qu'il y a quelque chose d'autre qui nourrit cette rencontre. Cette envie, ce sentiment, cette chose qui cuit et que l'on a envie de faire goûter à beaucoup de monde. Je pense que c'est très important. Je me méfie aujourd'hui des choses qui sont faites à la va-vite, qui peuvent pourtant être très bien... L.G. : Oui, une création doit se donner à voir ! On a envie d'avoir quelque chose d'original dans un festival. La création pour le festival est exprès pour le festival, et puis, au revoir, tout le monde repart dans son pays. C'est très frustrant d'avoir engagé une partie de soi, une partie de notre énergie et de notre temps, et partir comme cela. Je pense qu'un spectacle donné 2 fois, 3 fois, n'est pas un spectacle, c'est un pari ! Il faut que le spectacle mûrisse. Et, toi, qui es un artiste, tu sais bien qu'il n'y a qu'un endroit où on peut mûrir, c'est sur scène.

Alors tu peux répéter pendant 2 mois, arriver à la perfection, et puis tu arrives sur scène et tu t'aperçois que c'est là que tu commences à vibrer avec le spectacle. Enfin, c'est comme un bébé, tu le suis 9 mois, et au moment où tu l'as dans tes bras, c'est le vrai moment. Tu dis "Ah, il est là." Et le moment où notre bébé commence à marcher, notre spectacle, à nous, c'est le moment où nous montons sur scène en disant voilà le bébé. P.B. : C'est comme si on mettait un disque et là... Ça explose ! On est tous ici en train de donner de notre mieux et, on veut vraiment présenter un spectacle complet, très substantiel. Les Temps Chauds : Châtillon-sur-Chalaronne (01)

Du dimanche 19 au samedi 26 juillet

Musiques bleu soleil, voix d'ici, voix d'ailleurs... Programme :

Voir page festivals Renseignements :

Tél : 04 74 55 03 70


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