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Un jour à midi
...une musique d'un monde inconnu qui tout à coup nous parle...

Entretien avec Isabelle Pignol, pour la sortie de son album solo "Un jour à midi" CMTRA : Isabelle Pignol, ton album solo vient de sortir, peux-tu nous expliquer le chemin parcouru depuis que tu as démarré cette formule jusqu'au disque ?

Isabelle Pignol : Tout a démarré il y a quelques années lors d'un stage de musique, tous les animateurs jouaient dans les veillées avec leur groupe respectif. Je n'avais pas pu le faire, et à la fin de la semaine je n'avais pas joué. Je me suis dit, par frustration, tant pis, je joue toute seule. Et j'ai fait un concert improvisé.

Deux heures avant, j'ai décidé de faire un solo. Et cela s'est bien passé, les gens qui étaient présents ont fait un bon accueil à ma prestation, et je me suis sentie bien pendant ce concert. Je me suis donc dit qu'il fallait renouveler l'expérience. C'était un solo de vielle, ou y avait-il aussi du chant ?

C'était les deux, et c'était aussi la première fois que je chantais en public. Je me suis lancée sur les deux terrains, comme ça. J'ai poursuivi l'expérience, en gardant l'idée d'expérimenter à chaque concert quelque chose de nouveau.

Je me suis fait notamment la promesse de composer un nouveau morceau à chaque solo. Et jusqu'à maintenant, je m'y suis presque tenue ! Sauf en ce moment car je joue souvent et je ne peux pas faire autant de nouvelles compos.

Cela fait que j'ai opéré un renouvellement de morceaux assez important depuis que j'ai commencé. Comme c'est un mélange de passages écrits et de passages improvisés, chaque concert est différent en gardant quelques repères indispensables pour le spectateur. Sur le disque, c'est la même chose, d'ailleurs il est enregistré au cours d'un seul concert. Comment procèdes-tu pour la composition ?

Vielle et chant, pour moi c'est un peu la même chose : c'est comme si la voix sortait de la vielle. J'essaie d'être en osmose avec mon instrument, cela fait un peu comme si c'était une même personne. Ma vielle, moi et ma voix, c'est un tout.

Je compose assez spontanément, j'ai des trames de phrases mélodiques, des mots, que je mets en ordre. Il y a une ligne mélodique, un arrangement, et cet arrangement peut changer à chaque concert.

Pour la voix, c'est au feeling. Quand j'obtiens quelque chose de satisfaisant, je l'écris, ce qui me permet de reproduire l'état d'esprit du morceau sans trop le figer non plus car j'aime la fragilité, elle donne un peu de fraîcheur et du piment aussi. Comment en es-tu venue à improviser ?

Pour mettre fin au problème de différences de cultures et de répertoires. J'aime le danger que représente l'impro. Pour moi, improviser, c'est un jeu, une façon de faire de la musique autrement, avec d'autres supports. C'est le musicien qui se fabrique son propre support. Ce qui est intéressant, c'est qu'à chaque fois c'est différent. Le jeu est de se rapprocher le plus possible de la composition instantanée. Dans les morceaux que tu joues, y a-t-il une structure de départ, qui met en avant la voix ou la vielle, comment les deux se marient-elles ?

J'ai un schéma, un petit dessin de construction du morceau. Tantôt c'est la vielle qui accompagne la voix, tantôt c'est la voix qui accompagne la vielle. J'aime beaucoup que la voix soutienne la vielle car c'est moins courant que le contraire et ça oblige à trouver des trucs, comme par exemple faire une pédale à la voix pendant que la mélodie de la vielle se balade, il faut donc porter son écoute ailleurs et changer ses habitudes.

Mais je dois préciser qu'il y a une majorité de morceaux instrumentaux dans le concert, car le travail de la voix est beaucoup plus récent dans mon répertoire. Comment travailles-tu le chant ?

Je prends des cours de chant classique. Pour la vielle, je suis autodidacte. A un moment donné, je me suis rendue compte d'un manque au niveau technique, donc j'ai dû me fabriquer tout un tas d'exercices pour combler une partie de ce manque.

Avec le chant, je me suis dit que j'allais procéder différemment, je voulais pouvoir m'en servir dans mes créations. J'ai pris des cours pendant cinq ans avant d'en faire quelque chose de concret. Vocalises, standards classiques et tout le bataclan. Je prends des cours avant tout pour travailler la technique. Pour la maturité, c'est le temps et la multiplicité de mes expériences qui feront le travail. Qu'apporte le fait de jouer de la vielle électroacoustique ?

Nous sommes de plus en plus nombreux à vouloir développer le côté actuel de la vielle, à ne pas la cantonner à son image régionaliste et folklorique. Cela est acquis maintenant, je crois qu'on est d'accord. C'est un instrument qui progresse énormément, au niveau de la technique de jeu et de la lutherie. En dix ans, il a fait un bon, parce que nous sommes un petit paquet de gens, en France et au-delà, à travailler sur le développement de cet instrument, qui n'en est qu'à ses débuts.

Je crois que de nos jours c'est indispensable de pouvoir s'amplifier correctement. Si on veut diversifier les styles de musique pour la vielle et la faire vivre dans les musiques actuelles, alors utilisons les techniques actuelles. C'est une façon de mettre l'instrument en valeur et non pas le contraire. Certains travaillent sur le traitement du son après la source, moi je préfère chercher en acoustique et amplifier ensuite. Le disque a été enregistré lors du Grenoble Jazz Festival en Isère, est-ce que cela veut dire que ta musique est "étiquetée" jazz ?

Le jazz est un mot qui a été utilisé à outrance, hors sujet un peu trop souvent. Il y a aujourd'hui beaucoup de festivals de jazz qui font de la programmation ethno-jazzo-moderno-américano-européano... bref, eux aussi ils mélangent dans leurs choix de programmation. Tout ce qui est de la musique actuelle pourrait entrer dans ce créneau-là. Le lien direct avec le jazz dans ma musique, c'est l'improvisation, mais ce n'est pas du jazz, et puis le jazz qu'est-ce que c'est ?

A partir du moment où il y a de l'improvisation, ça peut être programmé dans un festival de jazz. D'ailleurs, les musiciens de jazz jouent de plus en plus avec des musiciens issus de la musique trad. Et il s'en inspirent aussi dans les compos, ils s'intéressent à l'ornementation par exemple. Quelles sont les influences musicales que tu utilises dans ta formule solo ?

Les influences sont assez inconscientes, je pense. Je dirais que je les subis un peu, même si je choisis les concerts et les disques que j'écoute. En tout cas je ne les contrôle pas. C'est pour cela que je dois me remettre en question assez souvent, c'est ce qui m'intéresse dans l'improvisation et dans la composition instantanée.

Mes influences ? Elles sont évidemment dans les musiques traditionnelles, aussi dans le jazz. J'ai envie de servir la musique, au sens large, sans me cantonner dans un style particulier. Quel public est touché par cette musique ?

Je dirais tout public. Cela peut toucher des gens qui écoutent du classique, du jazz, des musiques actuelles. Et même les gens qui sont sensibles au chant. Je dis chant parce que ce n'est pas de la chanson, je désignerais plutôt la chanson par du texte. Est-ce que tu penses qu'il faut des clés pour comprendre cette musique ou bien peut-elle parler toute seule ?

J'essaie le plus possible de faire quelque chose qui soit facile d'accès, de faire un concert qui parle, avec des mélodies simples, pas trop techniques, ou en tout cas qu'on n'entende pas trop de technique qui repousse parfois l'auditeur et qui l'empêche d'entrer dans la musique. Je tente de le mettre à l'aise le plus vite possible.

La vielle à roue repousse déjà certaines personnes, les gens ne savent pas trop ce que c'est, l'improvisation non plus. C'est vrai que cela peut faire un peu peur. Mais j'essaie de travailler de façon proche du public. C'est peut-être un concert et un disque à écouter les yeux fermés, en essayant de se faire son film et en laissant libre cours à son imagination.

A chaque concert, les réactions sont diverses. A chaque fois il y a des gens agréablement surpris, qui me disent "je ne pensais pas que c'était ça la vielle". Il y en a qui ne se rendent pas compte qu'il y avait de l'improvisation. Certains trouvent qu'il n'y a pas assez de voix, certains trop, cela dépend de la réceptivité de chacun. Il y a des gens qui sont venus plusieurs fois, et qui ont aimé à chaque fois parce que c'était différent. Cela m'intéresse que ce soit différent, pour me mettre en danger et pour donner le meilleur de moi-même à chaque fois. Cela veut dire que ce qu'il y a sur le disque est différent de ce qu'on peut entendre en concert.

Pas tout à fait. Les mélodies sont conservées, c'est la construction des morceaux qui est une surprise et les plages d'impro aussi, évidemment. Ma crainte avec l'enregistrement en live était de figer un concert, et j'avais peur de rejouer ce qu'il y a sur le disque à chaque fois. Mais finalement j'arrive à passer au-delà, à ne pas reproduire. Quels sont tes projets ?

J'ai quelques engagements de concerts pour le solo. Je suis en train de travailler sur un duo avec Jean-Pierre Sarzier, clarinettiste, un peu dans le sens du solo, compositions et improvisations. Une rencontre entre deux improvisateurs. On se donne comme objectif de préparer un concert pour septembre 2003.

Je suis en train de réfléchir à une création avec une danseuse contemporaine, Sylvie Guillermain, et Marie Mazille, clarinettiste-violoniste. On sera toutes les trois sur scène, je suis en train de mûrir ce projet. Et là, je suis un peu bloquée par l'administration, car nous cherchons un producteur...

Et puis je pense de plus en plus sérieusement à reprendre Aquartet dans une version relookée et plus chantée sans doute. Depuis que tu joues en solo, cela a-t-il changé ta manière d'aborder les choses dans Dédale ?

Certainement. Mais je ne suis pas la mieux placée pour le dire. Je pense que le solo m'apporte quelque chose que je ne trouve pas en groupe. Je suis plus détendue, plus sereine. Propos recueillis par PDJ Contact

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