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Aguadulce
Rajo Gitano

Difficile de s'exprimer sur un art issu de mondes intérieurs, d'émotions enfouies, difficile d'éclairer un flamenco que l'on vit si intensément sans se poser de questions, difficile d'expliquer l'inexplicable, difficile de traduire le pourquoi du comment d'une forme musicale spontanée, explosive et naturelle.

Juan Rodriguez (guitare), Antonio Rodriguez (chant), Mariano Rodriguez (chant), Antonio Santiago (chant), Jose Santiago (cajon), en sont totalement conscients et manient à merveille l'auto-dérision. Issue d'une famille gitane dans les environs d'Almeria, vivant pour la plupart à Saint-Priest, les membres d'Aguadulce ont décidé de retourner à une forme plus traditionnelle du flamenco faite de "bulerias", de "tangos" et de "bulerias por solea" après diverses aventures dans l'univers du "flamenco fusion".
G.R. : Comment avez-vous découvert le flamenco ?

Antonio Rodriguez : À travers la famille. Nos ancêtres voyageaient beaucoup. Quand il y en avait un qui décidait de partir, le reste de la famille le suivait. Les anciens ont quitté l'Espagne pour le sud de la France pour finalement s'installer dans la banlieue lyonnaise. Depuis que nous sommes nés, les fêtes familiales ont toujours existé. Dans ces réunions, il n'y avait ni tourne-disque, ni radio-K7. On entendait les anciens chanter. Juan Rodriguez : Ils chantaient sans guitare, des cantes hondos a palo seco. A.R. : On écoutait des siguiryas, des fandangos, des bulerias, des soleares, le flamenco très traditionnel. Ce n'est pas ce que l'on peut entendre, maintenant, dans les discothèques. Après avoir écouté l'ancien et le nouveau, on essaie de jongler, de mélanger.

Aujourd'hui, on écoute tout ce qui est nouveau. Comme on est très curieux, on écoute de tout. Notre principal centre d'intérêt restant le flamenco. Nos parents écoutaient plutôt Manolo Caracol, Juan de la Varra, Terremoto, Farina.

Dans le flamenco, c'est la génération Camaron qui nous a le plus influencé puis des musiciens comme Paco de Lucia, Tomatito, Jose Merce, Vicente Amigo... Camaron reste, pour nous, un des plus grands cantaores de flamenco. Jose Santiago : Ce n'est pas l'un des plus grands. C'est le plus grand. A.R. : Il a inventé le flamenco moderne. Il a amené un plus dans tous les palos, en particulier dans les bulerias et les tangos. Même dans les rumbas, il a apporté une touche différente, une tonalité nouvelle. Sa voix est inimitable. Son chant a été une véritable révolution. G.R. : Au départ tu étais plutôt intéressé par le chant. Est-ce pour cela que tu as commencé la guitare si tard ?

J.R. : C'est vrai que j'aimais beaucoup chanter et je continue à aimer le chant. À 15 ans, j'ai senti que je me trompais de voie alors j'ai commencé la guitare. Je ne pouvais laisser le flamenco. Si ce n'avait pas été la guitare, j'aurai essayé de faire tout de même quelque chose, apporter un petit plus à la fête. Pourquoi précisément ai-je choisi la guitare ? Je ne pourrais répondre. G.R. : Comment a commencé l'apprentissage de cet instrument ?

J.R. : Au départ, j'apprenais avec mon frère qui connaissait quelques accords. Dans la famille, il y avait toujours quelqu'un qui grattait, qui savait 4, 5 falsetas. Ensuite, j'ai pris 4 mois de cours au Centre Espagnol de Vénissieux.

Les bases que l'on m'enseignait ne me convenait pas. La première chose aurait dû être l'apprentissage du compas. Soit tu l'as, soit tu l'apprends. J'avais quelques notions. Le peu que je savais, on me le faisait oublier. On nous apprenait des accords, des piqués mais on n'allait pas au fond des choses. C'était de la guitare, pas du flamenco. Il manquait le duende, le feeling, le compas, les remates, ces petits riens qui donnent la grâce au flamenco, cet "aire" qui sait plaire à l'oreille. Alors, j'ai décidé d'apprendre seul, avec les K7 vidéo, les K7 audio sans avoir de professeur attitré. A.R. : Mon frère a eu un maître, un très bon maître d'ailleurs, mais un maître par correspondance, par l'intermédiaire des K7 : le guitariste Tomatito. G.R. : À présent, comment conçois-tu l'évolution de ton jeu ?

J.R. : J'essaie de m'exprimer à travers la guitare en composant à partir de mes inspirations. Je ne reprends plus bêtement ce que faisaient d'autres guitaristes. Je m'efforce de créer, influencé par tout et rien à la fois : la joie pour les bulerias, la tristesse pour les rondeñas ou les tarantas. Je travaille mon instrument tous les jours en assimilant de nouvelles techniques tout en gardant le feeling à l'esprit. La guitare fait partie de moi, de ma façon de vivre. A.R. : Il vit avec mais il dort sans elle. S'il pouvait le faire, il le ferait. G.R. : Tu as enregistré une minera pour le CD Flamenco à Lyon. Comment est née cette composition ?

J.R. : J'aimerais te répondre mais je ne sais pas vraiment. Un jour, j'ai pris ma guitare, j'ai joué por minera et... A.R. : Et il a pensé à Lady Di (tonnerre de rires) ! J.R. : C'est en partie ce qu'il s'est passé. Lady Di ne m'a pas directement inspiré. J'ai composé ce thème bien avant sa mort mais c'est vrai que j'aimerais bien lui dédier. L'atmosphère de ce morceau est douloureuse, triste... La mort de Lady Di correspondait à l'esprit de la "minera" tout simplement. G.R. : Revenons à Aguadulce. Pourquoi avoir choisi ce nom pour la formation ?

A.R. : Aguadulce est le nom d'une petite ville à coté d'Almeria. Au début, Aguadulce était plutôt un groupe de variété avec basse, batterie et d'autres instruments électriques. On a décidé d'arrêter pour retourner vers un flamenco un peu plus traditionnel tout en conservant une forme moderne. J.R. : Le morceau que l'on aimerait enregistrer dans le CD Flamenco à Lyon est une tango rumba que j'ai composé. J'ai ensuite écrit les paroles sur le thème de l'amour, de la passion. Ce sont des sentiments que l'on retrouve très souvent dans le flamenco. La tango rumba se prête facilement à exprimer ces émotions. G.R. : Le chant tient une place importante dans Aguadulce avec Antonio Rodriguez, Antonio Santiago et Mariano. Quel a été le déclic qui vous a donné envie de chanter ?

A.R. : Le chant m'a toujours touché. Pour chanter flamenco, il faut être né dedans. Au lieu d'être enfermé dans nos chambres ou devant une Sega, on était dans le salon avec une guitare, un "cajon" à faire des rythmes qui n'avaient aucun sens.

Petit à petit, on a grandi, on a changé, on a voulu travailler, avancer ensemble. J'écoute Camaron depuis que je suis tout jeune. Il m'a motivé, m'a poussé à chanter de plus en plus. Il m'a fait aimer le cante flamenco. J'en apprends encore tous les jours.

Je suis à l'écoute de ce qui se fait en Espagne dans le flamenco mais aussi dans d'autres musiques, la salsa, le raï. J'ai envie de découvrir.

On peut connaître les limites d'un chanteur mais pas les limites du chant. C'est ce qui est passionnant. Dans Aguadulce, on travaille beaucoup sur le mariage des voix, le mélange des timbres, dans les choeurs avec Mariano et Antonio. J.R. : Mariano et Antonio commencent à prendre leur marque dans Aguadulce. Ils n'étaient pas là quand le groupe a été créé. Maintenant, ils essaient de s'affirmer pour ne plus être de simples choristes mais de véritables cantaores. G.R. : Comment vivez-vous le flamenco à Lyon et que représente-t-il ?

A.R. : Le flamenco est notre quotidien. J.R. : C'est une façon d'exprimer nos joies comme nos peines, les joies quand on se réunit en famille, les peines que l'on garde chacun de notre côté. C'est notre manière de vivre, notre façon d'être. A.R. : C'est le travail, la santé, la liberté. Je chante en travaillant, je chante aussi en dormant. Le flamenco est partout : dans la maison, dans la voiture. J.R. : Nous vivons aflamencado au sein de notre famille à Saint-Priest, dans les villes de l'agglomération où nous avons aussi de la famille. Le seul problème est que les spectacles de flamenco à Lyon sont rares. Les échanges avec les musiciens espagnols, les rencontres entre les aficionados, sont donc peu fréquents. Nous compensons ce manque en le pratiquant avec nos cousins, oncles, tantes... Propos recueillis par Grégory Ramos, chargé de production en cultures traditionnelles à ISM-RA * Rajo : fêlure de la voix * Duende : esprit follet. envoûtement du flamenco. don de l'artiste flamenco * Compas : carrure cyclique du rythme dans le flamenco * Remate : conclusion de toute pièce flamenca * Falseta : mouvement mélodique de la guitare Petit lexique extrait du glossaire de Flamenco, parcours d'un art


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