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Chadly Al Hajji
le Malouf en évolution

Chadly Al Hajji est un artiste tunisien, compositeur, auteur et interprète, il est diplômé du conservatoire de Tunis.

À son répertoire, plus de 30 chansons mais sa véritable passion reste la musique classique tunisienne, "le Malouf". Il a essayé à travers ses chansons de puiser dans le patrimoine classique en introduisant quelques notes de modernité.
Wafa Dahman : Chadly Al Hajji, peut-on marier le classique et le moderne, et garder tout de même son authenticité ?

Chadly Al Hajji : Tout à fait, je suis un chanteur tunisien authentique et je respecte dans mes compositions l'authenticité du patrimoine musical tunisien. Notre musique est très riche, très variée, et dans cet espace, nous pouvons évoluer en ajoutant une touche personnelle qui ne remet pas en cause l'authenticité de cette musique, mes capacités vocales de chanteur classique et ma culture musicale me permettent de maîtriser mon art et de présenter au public des chansons nouvelles qui reflètent ma personnalité. W.D. : Pour un public non averti, pouvez-vous nous expliquer qu'est-ce que la musique classique arabe ?

C.A.H. : Tout d'abord, il y a deux grandes écoles : l'école maghrébine, connue sous le nom de Malouf, et l'école syro-égyptienne, connue sous le nom de Mouwachahat et Dawar. La première école, le Malouf, est un héritage de l'Andalousie. Chaque pays du Maghreb a développé un style propre. "Le Malouf" est composé d'un certain nombre de "noubas", il s'agit d'une suite musicale enchaînant un certain nombre de chants suivant un code très précis : début très lent puis accélération du rythme.

Par exemple, au Maroc, cette musique se nomme le "Malhoun", en Algérie et particulièrement l'Algérois, c'est le "Chaabi" et pour la Tunisie, le "Malouf". La Tunisie étant aux portes de l'Orient, on y retrouve donc une très forte influence orientale. Cette deuxième école orientale a été élaborée surtout en Égypte et en Syrie. Les modes musicaux "maquam" sont interprétés de façons différentes des pays du Maghreb, et même l'interprétation des poèmes "kassida" diffère également.

À noter la grande place de la poésie arabe dans la musique classique. Les textes sont très anciens et souvent d'auteurs inconnus. La transmission se faisait oralement, chaque maître très fier de son savoir enseignait à ses élèves les chants qu'il a lui-même appris de ses maîtres. L'absence de notation explique la disparition de nombreuses noubas.

C'est seulement au début de ce siècle (congrès du Caire, 1932) que la musique classique arabe a été transcrite afin de sauvegarder ce patrimoine. En Tunisie a été fondé en 1934 la "Rachidia", essentiellement pour sauvegarder le patrimoine tunisien. W.D. : Vous dites être un chanteur classique, diplômé du Conservatoire de Tunis, pensez-vous que tout comme en occident, un artiste classique arabe doit forcément avoir une formation académique ?

C.A.H. : Pas du tout, cela n'est pas obligatoire, d'ailleurs de grands artistes tels que Sabah Fakhri en Syrie, Salah Abdelhay en Égypte, ou en Algérie El Hadj Tahar Fergani, n'ont jamais eu de formation académique. Ils ont pourtant travaillé suivant la tradition orale, avec des maîtres qui leur ont transmis leur savoir et ils sont aujourd'hui de véritables références au niveau de la voix et de l'interprétation.

La formation académique n'est pas contradictoire de l'enseignement oral, mais elle peut être complémentaire, elle permet à l'artiste, à travers une maîtrise de l'écriture, de l'analyse, de l'harmonie... d'avoir une culture musicale universelle et une ouverture sur d'autres formes de musiques. Un point très important, un artiste se doit d'avoir une culture musicale très riche, car on assiste même dans la musique arabe à un brassage musical, ce qui était inacceptable il y a quelques années, car on était très à cheval sur le respect des règles. W.D. : Ne pensez vous pas qu'il y a un risque de dénaturer la musique arabe ?

C.A.H. : Non, d'où la nécessité d'avoir une bonne formation musicale, car même si dans la chanson arabe on assiste à l'introduction d'instrument occidentaux tels que le violon ou le piano, l'esprit, la notation et le rythme doivent être respectueux des codes de la musique arabe, qu'elle soit citadine comme la musique classique, bédouine ou folklorique... W.D. : À l'invitation du Conservatoire National de Lyon, vous serez sur la scène de la salle Rameau le 11 mai ?

C.A.H. : Tout d'abord je dois remercier Khaled ben Yahia, qui est à l'initiative de cette invitation. Nous présenterons le spectacle ensemble, et pour moi c'est un honneur de retrouver cet ami, ce virtuose du luth. Khaled ben Yahia est très connu en Tunisie où il a eu de nombreux prix, il a composé la chanson du film La reine de Djerba, il s'agit très certainement de l'un des futurs grands noms du luth.

Sur scène, je serai également accompagné de très grands musiciens tunisiens comme Bachir Selmi au violon, Taoufik Zgonda au quanoun et Hamadi Mabrouk aux percussions. Ce spectacle est vraiment très important pour moi, je souhaite présenter le meilleur de la musique arabe au public lyonnais et plus largement au public occidental. Ce public est connu pour sa curiosité et son désir de découvrir les autres cultures. Je vous avoue avoir le trac devant cette responsabilité qui est également un honneur pour moi, car je me sens à travers ce spectacle, ambassadeur d'une culture et d'une musique très riches qu'il sera difficile de résumer en quelques heures. W.D. : Pourtant vous avez déjà présenté de nombreux spectacles à travers le monde ?

C.A.H. : C'est vrai, j'ai sillonné l'Europe et le monde arabe, j'ai participé à de nombreux festivals tout aussi prestigieux les uns que les autres comme l'Opéra du Caire en Égypte, le Festival des Arts à Babylone en Irak et bien sûr le Festival International de Carthage en Tunisie. Mais tous les spectacles sont importants, je me dois de donner le meilleur de mon art au public qui vient me voir, et c'est avec beaucoup de fierté que je serai à Lyon le 11 mai. W.D. : Merci Chadly Al Hajji de nous avoir accordé cette entrevue.

C.A.H. : C'est moi qui vous remercie, j'espère qu'à travers ces quelques propos vos lecteurs auront une idée de la musique tunisienne et plus généralement de la musique classique arabe, ma véritable passion. Propos recueillis par Wafa Dahman


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