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Nomade's Land à l'Élysée
un espace de rencontres à la Guillotière, Lyon 7ème

Entretien avec Rebai Nehentl et Christine Fleury CMTRA : Rebai, tu es un des initiateurs du Nomade's Land créé en 1989, cette association est nouvellement installée rue Basse-Combalot dans le quartier de la Guillotière. Comment les nomades sont-ils arrivés là, et quelle est la raison d'être de ce lieu ?

Rebai Nehentl : L'association Nomade's Land est à la jonction entre une expérience professionnelle (je suis éducateur de rue à la S.L.E.A.) et une expérience militante dont le but était de travailler avec des jeunes de quartiers populaires. Les jeunes "en difficultés" ont parfois besoin d'un petit coup de pouce pour décoller, tout simplement pour s'exprimer.

Dans les années 80, il existait déjà à Lyon deux ou trois lieux alternatifs dans lesquels des jeunes de quartiers, des jeunes dit "de banlieues" pouvaient exister. Je pense en particulier à l'Arrosoir, installé rue des Macchabées dans le 5ème arrondissement, ou au S.E.C. (Sous Espace Culturel), rue Baudin, devenu ensuite la Parasolerie. Dans ces lieux, les jeunes n'étaient pas stigmatisés, ce n'étaient pas des jeunes de banlieues, ce n'étaient pas des jeunes beurs, mais des individus comme les autres, ce qui leur permettait de donner à voir ce qu'ils savaient faire, soit danser, soit faire de la percussion, et tout cela au coeur même de la ville de Lyon.

Puis, on ne sait pas trop pourquoi, ces lieux ont disparu presque en même temps, vers 1986-1987 (rire). Il restait la Parasolerie, une association plus spécialisée dans l'organisation de concerts.

Il y a eu donc une espèce de "trou", qui m'a amené avec des gens de la Guillotière à monter l'association "La Source", installée rue Charlemagne : le local était un ancien salon de coiffure, et cela a marché : il y avait tout le temps plein de monde, ce qui était assez drôle car la rue Charlemagne n'est pas un emplacement connu, ce n'est pas un quartier de passage, mais la chaleur du lieu faisait que des gens venaient d'un peu partout.

A la suite de cela, j'étais à l'époque assez proche de S.O.S. Racisme, on est parti d'un constat : de jeunes beurrettes animaient des ateliers de couture aux Minguettes et créaient elles-mêmes des modèles, qu'elles allaient vendre ensuite au prix coûtant chez des stylistes qui eux mettaient leurs griffes pour les revendre 4 ou 5000 frs pièce ! on s'était dit que l'on devait faire connaître ces filles, parce que l'image que l'on a de la banlieue est une image tout à fait négative alors qu'il en sort des choses très positives : la preuve est que la personne qui porte un de ces vêtements avec une griffe ne sait même pas qu'il a été fabriqué dans une banlieue par une beurrette... Du coup, on a profité de la structure de S.O.S. Racisme pour réaliser des défilés de mode. Et là, cela a été fabuleux, cela a permis à 5 ou 6 jeunes filles de devenir stylistes, et puis aussi de nous faire sentir que l'on était dans le vrai, que ce n'était pas seulement porter des pancartes, ce qu'il faut faire aussi, mais en même temps, il y avait des choses à faire concrètement. De la même manière, notre souci était de faire connaître de jeunes musiciens ou chanteurs (euses) qui pouvaient peut-être percer dans le milieu. D'ailleurs, certains ont sorti leur premier CD, enfin cela a surtout permis des rencontres.

Ensuite, nous nous sommes installés à la Croix-Rousse, et le 15 janvier 1989, l'association Nomade's Land a ouvert ses portes. Nous sommes restés là-bas 6 ans sur une idée qui avait plusieurs volets :

1° Promouvoir des gens qui n'ont pas les moyens de faire connaître et de faire valoir leur travail artistique.

2° Accueillir des gens qui sont installés socialement, artistiquement parlant, et qui dans un mouvement d'humanisme ne demandent qu'à donner un coup de main, soit pour parrainer, soit pour conseiller.

3° Permettre à un public de non-initiés de venir côtoyer l'art sans avoir quelque chose à dire dessus, puis petit à petit l'apprivoiser, et au fil du temps, arriver à exprimer ses idées ou à créer.

4° Faire du Nomade's Land non seulement un lieu d'accueil d'expositions, mais aussi un lieu de vie, de rencontres, un lieu musical aussi. L'association Nomade's Land a continué son histoire dans plusieurs endroits, n'oubliez pas, nous sommes des nomades ! (rire)

L'aventure s'est encore une fois renouvelée avec la découverte des locaux de l'Élysée, où tout était à faire, à créer. Il y avait la salle de spectacles, qui acueille actuellement l'association AGAPE (l'ARFI), ainsi que du théâtre et de la musique classique. Mais à côté, il y avait des locaux complètement inexploités. On est donc venu installer notre tente ici. Notre perspective la plus urgente est d'embaucher un emploi jeune qui s'occuperait de la programmation. Notre ambition, c'est de faire vivre un lieu qui mette en présence les différentes cultures, les différents milieux sociaux. Nous voulons aussi permettre de multiplier les liens des gens du quartier de la Guillotière entre eux, et entre la ville de Lyon et sa périphérie. Tout cela sur un mode convivial et pas uniquement artistique.

Grâce à ce nouveau lieu, nous souhaitons fédérer des gens nouveaux et partir sur des ouvertures nouvelles, dans lesquelles tout est à créer. Car à l'origine, il faut le dire, le réseau interne de notre association rassemblait en grande partie une communauté maghrébine. Maintenant, nous invitons les publics, les musiciens, les conteurs (etc) de tous horizons à venir s'ouvrir ensemble aux rencontres du nouvel espace des nomades. CMTRA : Christine, tu as rejoins le bureau de l'association de Nomade's Land depuis peu de temps, et tu es donc un des nouveaux membres actifs qui contribue au développement de ce lieu, peux-tu nous en dire un peu plus ?

Christine Fleury : Eh bien, déjà, ce n'est pas rien, on s'installe à l'Élysée ! (rire) L'emplacement est symbolique, le quartier de la Guillotière est un quartier cosmopolite tout à fait approprié au sens du projet du Nomade's : carrefour entre les cultures, lire pour cela "Place du Pont ou la Médina de Lyon" d'Azouz Begag qui dit qu'"il n'existe pas de frontières si ce n'est celles que chacun s'impose ou subit". C'est pourquoi le nouvel emplacement du Nomade's nous correspond. C'est un lieu ouvert aux gens de tous les horizons, et ce sont eux qui font vivre ce lieu. Le Nomade's est pensé comme un espace de rencontre avant tout. Rencontres entre différents moyens d'expressions, de la cuisine à la peinture, en passant par les contes, la sculpture, la musique bien sûr... Rencontres entre des cultures, avec à l'origine une prédisposition pour les cultures du Maghreb, mais surtout une volonté d'ouverture, d'éclectisme sur les différentes composantes de la mosaïque des peuples de France. Rencontres enfin, d'artistes et de personnes du milieu associatif, éducatif dont les préoccupations sont, l'émergence d'une société plus ouverte, plus respectueuse des différences, car la méconnaissance de l'autre est un terrain néfaste, le lit de tous les intégrismes, politiques, religieux ou culturels.

Nous sommes partis d'un constat : sur Lyon, il existe une multitude de petites structures associatives ou de créateurs indépendants. Il existe donc déjà une formidable énergie qui parfois a du mal à trouver des lieux pour s'exprimer. On voulait créer un lieu où l'on fait confiance aux jeunes artistes qui n'ont pas encore eu la chance de faire leur preuve, un lieu de création axé sur une démarche de métissage interculturel. Au Nomade's, on ose s'engager sur des coups de coeurs ! Personne n'a rien à perdre... Au niveau de la programmation, déjà, le lieu est ouvert aux adhérents tous les vendredis soirs. Régulièrement, on propose des expositions de peinture/sculpture/calligraphie... Par ailleurs, notre dynamisme repose sur des semaines à thème : semaine Touarègue du 22 au 28 mars, avec notamment la présence du groupe de musique touarègue "Kel Tamasna" et son chanteur Moussa al Mustapha, le 27 mars. Une semaine Palestine du 15 au 22 avril pour laquelle, nous avons souhaité présenter divers aspects culturels : musique, cinéma, gastronomie, poésie et conte... CMTRA : Et la place de la musique ?

C.F. : La musique est une forme d'expression fondamentale... pour employer les grands mots de la sociologie, c'est "un vecteur identitaire". Mais surtout, il faut absolument que les musiciens puissent s'exprimer. C'est une question simplement humaine qui touche des domaines aussi important que les racines, l'héritage, le partage, la joie et la fraternité retrouvées, même si ce n'est que le temps d'un concert... après cela fait son chemin dans les coeurs ! C'est vrai, nous ne sommes pas (pour l'instant) des professionnels du spectacle.

On a peu de moyens, mais on dispose d'un lieu superbe qu'on souhaite mettre à disposition de la musique. Alors, dans un premier temps, tous les premiers vendredis du mois, on organise des soirées "Coup de soleil", qui sont des scènes ouvertes aux musiques du monde. Le public et l'ambiance sont assurés, l'entrée est gratuite pour les adhérents, on demande juste la somme symbolique de 10 frs pour les non-adhérents.

Au fait, nous convions les musiciens à se manifester auprès de nous s'ils désirent passer aux Nomade's. Ils seront les bienvenus. Rebai Nehentl et Christine Fleury, Association Nomade's Land. Propos recueillis par Catherine Chantrenne Du 15/04 au 2/05

"La Palestine"

Films, expositions, lectures de textes, repas et musiques. "Coup de Soleil" au Nomade's

scène ouverte aux musiques du monde, tous les premiers vendredis de chaque mois. Contact :

Nomade's Land

14, rue Basse-Combalot - 69007 LYON

Tél : 04 75 45 03 65


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