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Lettre d'information n°41. Printemps 2001 Le Jardin des Mystères
Chansons sinistres au Château de Chazay

Entretien avec Eric Montbel CMTRA : Quel sera le contenu de ce Jardin des Mystères ?

Eric Montbel : Le Jardin des Mystères sera donné dans un château, celui de Chazay, un lieu particulier qui semble sorti d'un film de Cocteau, de la Belle et la Bête. C'est le privilège des musiques traditionnelles d'entrer en résonance avec des architectures marquées par la poésie, l'imaginaire, la mémoireLe Jardin de l'Ange notre précédente création, a été créé dans une église. C'est un spectacle de chants d'origine religieuse qui tourne beaucoup, le disque marche bien, mais on a voulu sortir de cette connotation un peu trop sage pour aller vers un travail en négatif qui sera l'illustration de chants légendaires et fantastiques où l'on parle de crimes, de désir et de passions violentes. On commence à bien s'amuser, et ce nouveau disque sera enregistré dans ce Château de Chazay dès le mois d'avril. CMTRA : Quelles peuvent être les références de ce projet artistique au-delà d'une collection de chants thématique ?

E.M. : Explorerles façons d'interpréter ce genre de répertoire, c'est tout le travail qu'on essaie de mener. La chanson est une matière à traiter et à retraiter avec la liberté la plus extrême, et on a des merveilles tout autour de nous : les recueils de Tiersot, de Guillon, Gauthier-Villars ou Millien évidemment nous sont très proches, d'abord parce qu'ils s'attachent à la chanson francophone, ensuite parce que ces collecteurs étaient de grands musicologues au goût très sur. Leurs publications sont déjà des choix de mélodies et de textes merveilleux, qui correspondent sans peine à des esthétiques contemporaines. C'est un travail à la fois littéraire et mélodique sur la poésie des histoires racontées et sur l'instrumentation, sur des recherches de mariages de timbres et de couleur : cornemuse et harmonium, percussions, flûtes, saz etc.

Il y a deux ou trois pièces recueillies et harmonisées par Vincent d'Indy, d'une écriture vraiment intéressante qui annonce Debussy ou Canteloube, pas très éloignée d'un Didier Squiban finalement et de son merveilleux travail avec Quemener. Tout cela s'inscrit dans un héritage, celui des écrivains romantiques et de leur intérêt pour les chansons traditionnelles tragiques : Nerval en a parlé, Mérimée et George Sand aussi, et l'on sait bien en quoi nous en sommes la continuité, 150 ans plus tard. CMTRA : On connaît ton attachement au chant traditionnel, à l'écoute de tes collectages aussi bien que de tes créations musicales. Comment accompagner ces chants quand la narrativité prend une place si importante ? La variété des timbres vocaux et instrumentaux du Jardin de l'Ange est-elle encore appropriée à ce répertoire ?

E.M. : Là évidemment l'espace de création est complet puisqu'il n'y a pas de référent sur les musiques ou les chants légendaires, en-dehors des groupes folks des 80's. Le seul souvenir inscrit dans une tradition pour moi est celui de chanteuses de Corrèze qui me racontaient des histoires épouvantables sur des mélodies douces et délicates et d'une voix charmante, comme Madame Rouland par exemple ! L'espace d'origine de ces chansons est celui de la veillée, de l'intimité, ces chansons glacent le sang, ce sont des chansons sinistres, à frémir, qui parlent de couteaux et de meurtres... C'est assez rigolo si l'on se place dans l'optique de "Meurtre dans un jardin anglais". On va utiliser la couleur spirituelle du Jardin de l'Ange, la notion de mystère et de poésie, qu'on va détourner pour aller vers des ambiances frissonnantes.

La cornemuse et l'harmonium sont déjà des instruments à évocation forte. D'ailleurs Loreena MacKenit ou Nico la chanteuse du Velvert Underground ont donné des pistes, je pense à Janitor of Lunacy, un disque absolument magnifique de Nico réalisé uniquement à la voix et l'harmonium dans les années 70. On travaille avec le même collectif qui est à la base du Jardin de l'Ange, Marie Rigaud et Sylvie Berger, Elsa au chant, Laurence Charrier à l'harmonium, Richard Monségu aux percussions, et moi-même aux cornemuses et flûtes. Se joindront à nous André Ricros au chant traditionnel et Jean-Claude Mathon, un comédien, récitant. Le disque quant à lui fera appel à de nombreux invités, nous serons une vingtaine. Il y a une tradition en Italie, qui correspond à ce type de chant, qui s'appelle le Cantastorie, elle était jouée sur la place des villages. Des gens racontaient des histoires atroces, criminelles. Et c'était très illustré, par des panneaux naïfs, le gars montrait des images avec des baguettes, c'était très beau. C'est une référence que l'on peut utiliser pour le spectacle, comme celle des pratiques médiévales qui annoncent le chant par une allégorie ou celle plus urbaine des vendeurs de complainte. En même temps, les chansons sont des récits, il y a une narrativité qui va de soi. Pour le disque, on va pousser notre travail vers d'autres genres musicaux en utilisant vraiment le studio comme un instrument, de façon expérimentale mais au service du mystère et de la poésie et toujours avec Pascal Cacouault avec qui je travaille depuis 6 ou 7 ans. CMTRA : Tu interviens depuis plusieurs saisons au Printemps Musical de Pérouges pour lequel les musiques traditionnelles ont une place importante. Comment te positionnes-tu vis-à-vis des pratiques vocales régionales ?

E.M. : Le festival de Pérouges fait l'objet d'un partenariat avec Ulysse Productions, l'association qui gère le Jardin de l'Ange et Le Jardin des Mystères. Marie Rigaud, la directrice du festival chante avec nous depuis plusieurs années. On a développé une collaboration artistique non officielle, qui est plus de l'ordre du conseil amical. Les musiques traditionnelles trouvent donc leur place à l'intérieur de la thématique de la voix, caractéristique de ce festival. Je pense que ce partenariat pourrait s'étendre plus officiellement avec le CMTRA, mais il resterait à lever cette ambiguïté qui mêle nos activités artistiques personnelles et celles d'un Centre de Musique Trad. en région.

Cette ambiguïté disparaîtra le jour où les CMT seront considérés comme des lieux de création, ouverts à la production de spectacles et dotés de budgets leur permettant de s'inscrire dans des partenariats économiques : ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, et n'est pas inscrit dans le cahier des charges des CMT. Mais nous sommes plusieurs à penser que les choses doivent évoluer dans cette direction. Les pratiques vocales en région sont fortes, particulièrement en milieu amateur. Un réseau de chant choral très dense s'est constitué dès l'époque du Centre Polyphonique Régional. C'est un domaine qu'on approche assez peu alors qu'il y aurait vraiment des connexions à faire sur les répertoires traditionnels recueillis par Tiersot ou Guillon, Servettaz, Vincent d'Indy, Gauthier-Villard, et évidemment le Père Dufaud ou Sylvette Béraud qui enquêtent encore en Ardèche. L'une des seules à travailler dans ce domaine créatif en région c'est Evelyne Girardon, cela mériterait d'être développé. Le CMT va produire un disque autour des collectes de Tiersot avec la collaboration d'Evelyne, et l'on va essayer de mettre en valeur dans les années qui viennent ces recueils de chants populaires en ouvrant une collection qui leur sera consacrée. Ce sont des répertoires avec des milliers et des milliers de chansons, et une part de notre identité culturelle éclatée est là aussi. En tout cas le Jardin des Mystères en mettra quelques-unes en lumière, en lumière noire si l'on veut. Propos recueillis par V. P. Retrouvez Eric Montbel dans la [lettre d'information n°63->article507] Printemps Musical de Pérouges du 18/05 au 17/06 - "Au Fil de la Voix" Vendredi 18/05 : PEROUGES (01) Eglise Forteresse, à 21h00, Polyphonies Médiévales ­ Terra Adriatica avec l'Ensemble Dialogos ­ Katarina Livljanic. Samedi 19 et dimanche 20/05 CHAZAY (01) au Château, à 17h00 et 21h00, "Le Jardin des Mystères" Eric Montbel. (musique traditionnelle). Mardi 22/05 MONTLUEL, "Le Jardin des Mystères" à 20h30. Mercredi 23/05 : Eglise Forteresse, "Impressions lunaires et chants d'oiseaux", avec Musicatreize ­ Roland Hayrabedian. Jeudi 24/05 : Eglise Forteresse, à 21h00, Polyphonies Corses et Voyage Tibétain avec l'Ensemble A Filetta. Vendredi 25/05 : Eglise Forteresse, à 21h00, Folksongs et English Spirit avec l'Orchestre de Chambre d'Auvergne ­ Neil Beardmore. Samedi 26/05 : Eglise Forteresse, à 21h00, Polyphonies baroques et interventions contemporaines avec Les Jeunes Solistes ­ Rachid Safir. Vendredi 01/06 : Eglise Forteresse, à 21h00, Voyage polyphonique, cantates et motets avec le Chur de Chambre Accentus ­ Laurence Equilbey. Samedi 02 au lundi 04/06 : PLAINE ­DE-L'AIN (01) Parc industriel, Nuit des Voix ­ Performances vocales ; Poésie sonore/Poésie action ; Visites insolites de sites industriels ; Siestes musicales sonores sur transats Promenades et performances musicales ; Parcours botanique et dispositifs sonores ; Expositions. Vendredi 8/06 : BLYES (01) Prieuré, à 21h00, Polyphonies des Alpes Méridionales avec l'Ensemble Corou de Berra. Samedi 09 et dimanche 10/06 : BLYES (01) Prieuré, Bal et concerts latino américain ­ Salsa cubaine. Dimanche 17/06 : AMBRONAY (01) Abbaye, Rencontres Vocales Rhône-Alpes avec l'Orchestre des Pays de Savoie et La Maîtrise des Petits Chanteurs de Lyon. Contact

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