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La Casa de la Trova
"Bienvenue au Club Social"

Entretien avec Emmanuelle Honorin CMTRA : Emmanuelle, le premier disque de la Casa de la Trova a fait surgir la figure emblématique des Surs Faez, deux vieilles dames attachantes que tu vas accompagner en France au mois de janvier 2001. Racontes-nous tout simplement cette rencontre avec "les surs" ?

Emmanuelle Honorin : Eh bien on a eu tout simplement les moyens, Cyrius Martinez et moi, de partir pendant 3 mois à Cuba. Il s'agissait de créer un collectif autour de la "Trova", c'est-à-dire des troubadours locaux, et surtout de cette adresse amoureuse ancienne que l'on appelle la "sérénade". Au départ, le concept pour nous c'était d'enquêter sur des voix, sur des timbres et une esthétique. On s'est retrouvés chacun allant de son côté pour collecter : à Cuba c'est une mine d'or, le travail n'est pas laborieux car on va de rue en rue et la musique est partout.

L'idée c'était de retrouver la voix mythique de Maria Térésa Vera, une grande figure de troubadour décédée dans les années 70, une voix à grain, plutôt grave et rauque. Et la rencontre avec les Surs Faez s'est faite par Cyrius. C'est lui qui les a enregistrées pour la première fois, sur une cassette parmi plein d'autres musiciens. CMTRA : Vous êtes donc partis à la quête d'une esthétique perdue ?

E.H. : Absolument. Il y avait un homme assez génial à la tête du label Erato, Philippe Bondoin qui est maintenant chez Naïve. Il nous a fait confiance sur cette idée, nous confiant donc matériel et budget pour cette recherche. À l'époque je travaillais déjà pour la revue Géo, et je suis partie un bon mois à Cuba. Au départ toute les voix de référence que l'on avait été décédées. Cyrius était tombé sur une ou deux chanteuses à Trinidad, puis il est monté à Cabanoé, où il a rencontré les Surs Faez. Elles ne chantaient plus depuis très longtemps parce qu'elles n'avaient plus d'accompagnateurs professionnels. Donc, elles ne chantaient plus vraiment, à part dans leur cuisine.

On les a enregistrées sur un petit magnétophone. Ensuite, on a continué le collectage, on a rencontré Ferrini, une voix plus jeune présente sur le premier disque de la Casa de la Trova, et le trio Miraflores, vraiment dans la tradition du trio mexicain, et aussi quelques solistes. On avait donc toute cette petite famille, et petit à petit, les Surs Faez se sont détachées, particulièrement en venant en France, parce qu'en concert elles sont incroyables, à en faire pleurer les gens. Elles ont quelque chose de très viril en même temps, très fulgurant, à tel point que j'avais envie de faire un film. CMTRA : En quoi sont- elles "fulgurantes" ?

E.H. : Ce sont deux soeurs de 71 et 73 ans, qui chantent, mais qui "n'interprètent pas" : elles chantent avec leurs tripes. Elles sont complètement rock'n'roll. Deux surs qui viennent de la tradition, qui ont toujours fait des petits boulots : l'une a vendu des glaces, l'autre bossait dans les chemins de fer avec son frère René Faez Neira.

Et elles ont le grain des voix de la rue, et en même temps cette espèce de faux romantisme un peu sarcastique parce que ce sont quand même des adresses amoureuses qu'elles chantent, et comme ce sont des vieilles dames, l'amour sortant de personnes de 70 ans, ce n'est pas la même chose ! Quand on a la tête des Soeurs Faez, c'est quelque chose d'inoubliable. CMTRA : D'où vient leur répertoire ?

E.H. : C'est la liberté totale. Elles piquent à droite et à gauche, des choses qu'elles ont entendues depuis les années 50. C'est-à-dire, beaucoup de ce que l'on appelle "laTrova" à Cuba, tout un répertoire de chanson qui fonctionne à deux voix, souvent exactement dans ce contexte-là, c'est-à-dire les deux surs les plus proches qui chantent chez elles à la maison. Et puis, elles chantent aussi ce que l'on écoutait à la radio à une époque où la latinité était beaucoup plus fluide qu'aujourd'hui, il faut bien le dire, en tout cas à Cuba, avec une partie du répertoire venant d'Argentine, de Saint-Domingue, du Mexique.

La plupart des compositeurs de ce répertoire ne sont pas cubains, et ça c'est quelque chose que l'on ne sait pas. C'est drôle, parce qu'il y a aujourd'hui une sorte de " cubanité " un peu bloquée qui nous arrive, alors qu'en fait c'était déjà quelque chose de très ouvert et de très fluide à l'époque. Dans le dernier disque que l'on a fait, il n'y a quasiment pas de compositeurs cubains. CMTRA : Cette nouvelle tournée mettra en scène des gens différents de la précédente édition de la "Casa de la Trova" ?

E.H. : Au départ l'idée était de faire un plateau à géométrie variable qui s'appellerait "Casa de la Trova", du nom de ces lieux qui ont été fédérés, depuis la Révolution Cubaine, pour abriter les troubadours. Car c'est cela au départ : la "maison des troubadours" est un lieu officiel à Cuba, présent dans chaque village, mais qui il faut bien le dire depuis une dizaine d'années est devenu un lieu de tourisme.

En fait la réalité de Casa de la Trova, c'est que nous n'avons jamais enregistré dans une Casa de la Trova ! Nous sommes rarement allés chercher les gens à la Trova, parce que les chanteurs n'y sont plus vraiment, en tout cas les vrais. Les Soeurs Faez ne chantent jamais à la Casa de la Trova, elles n'en auraient pas l'idée ! Parce qu'elles ne sont pas vraiment peignées, parce que faire les belles, et chanter devant des gens qui sirotent des cocktails, ce n'est pas leur histoire. Mais le concept y est, il est dans les têtes, ce sont des "réunions dans les maisons", cela fonctionne encore. En fait toute la tournée va se faire autour des Surs Faez, de Saïda et du trio Miraflores. Parmi les instrumentistes, on retrouve des figures importantes comme Alvarez, mémoire de Santiago. C'est donc la petite famille de la Trova pour toute cette tournée sauf pour l'Auditorium de Lyon, car pour cette première date importante, c'est vraiment "Les Surs Faez invitent" : dans l'esprit du disque que l'on vient de faire. Le premier disque était composé d'enregistrements pris sur le vif, assez traditionnels, populaires, acoustiques, alors que pour le nouveau disque, on a vraiment essayé d'aller beaucoup plus loin dans la musique et les arrangements. Pourtant j'ai l'impression que l'on retrouve ce qu'elles avaient dans la tête inconsciemment, c'est-à-dire un répertoire très vaste : ainsi un tango enregistré à Paris avec le groupe de Mosalini, un morceau avec Patrice Caratini et toute sa clique et c'est super beau !

Chaque chanson a une histoire comme cela. On a aussi invité Omar Sosa, grand pianiste de jazz, qui peut être inspiré par le rap, le dub, avec un son très afro, mais qui peut sonner aussi comme Keith Jarrett, ou Eric Satie. Et on a travaillé avec Marcel Azzola sur un morceau. Tout cela enregistré à Paris et les 3/4 à la Havane, mais mixé à Paris. À Lyon, nous allons donc faire la présentation de ce disque à travers des concerts différents : un concert de Mosalini, un concert des surs avec leurs invités comme le violoncelliste Vincent Courtois, et puis on verra qui va viendra : est-ce que Azzola sera là ? Je ne sais pas encore CMTRA : Comment vivent-elles cette notoriété soudaine ?

E.H. : Elles sont assez cool, très tranquilles. Elles disent que cela aurait été bien que tout cela leur arrive à 20 ans, mais que de toute façon, elles auraient eu une vie différente puisqu'elles se seraient mariées avec des Castillans, et qu'elles ne se seraient pas emmerdées avec des Cubains ! (rires). Autrement, elles sont très étonnées, elles se surnomment elles-mêmes "les vieux machins" Bref elles sont très drôles et très étonnées de ce qui leur arrive, elles n'ont pas la grosse tête. CMTRA : Comment cette mode des musiques est-elle vécue sur l'île ?

E.H. : C'est assez drôle, parce que c'est la folie à l'extérieur, mais à l'intérieur ce n'est pas tout à fait la musique que l'on entend ici. C'est-à-dire que finalement, quand on cherche des formes traditionnelles, on peut encore aller fouiller. À la Havane, il y a des courants très intéressants qui n'arrivent pas ici, qui fonctionnent et qui arrivent plus vite aux États-Unis qu'ici : ainsi le courant jazz, rap. Il y a de très bons musiciens, des jeunes, alors qu'ici on est vraiment dans la jungle touffue la plus totale, avec Compay Segundo, et toutes ces figues un peu surdimensionnées. Il y a des gens qui pensent que la création est complètement arrêtée, qu'il ne se passe plus rien, et que le pays meurt puisque l'on ne ressort que les vieux trucs : mais ce n'est pas vrai, cela continue à vivre, les conservatoires par exemple sont plus vivants que jamais.

Moi, musicalement cela m'intéresse moins, mais ces jeunes ont raison de le dire, il y a plein de trucs qui se passent, des musiciens monstrueux, des percussionnistes géants, et il y a une belle scène jazz et rap : Mais ce n'est pas la même histoire. À côté de cela, le film Buena Vista Social Club de Wim Wenders a été présenté à Cuba, et il n'a concerné qu'une élite, pas du tout le peuple. Tu vois tout ceci est complexe, la " musique cubaine " n'a pas la même définition en Europe et à Cuba ! Cela n'empêche pas que la Casa de la Trova soit complètement traditionnelle, et pleine d'émotion... Propos recueillis par E.M. Casa de la Trova en Rhône-Alpes Vendredi 12 janvier

LYON (69) Auditorium, à 20h30, Nuit des Caraïbes avec Les Surs Faez, Cyrius, Juan Jose Mosalini, Ensemble Diapason de la Havane, Vincent Courtois, Marcel Azzola et Omar Sosa.

rens. 04 78 95 95 95 Vendredi 26 janvier

CHAMBÉRY (73) Espace Malraux, à 20h30, Casa de la Trova avec Les Surs Faez, musique et chants cubains.

rens. 04 79 85 55 43 Mardi 30 janvier

BRON (69) Espace Albert Camus, à 20h30, Casa de la Trova, musique cubaine avec Les Soeurs Faez, Flores et Amat.

rens. 04 72 14 63 40


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