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Gillie Mc Pherson
l'Irlande hors l'Irlande

Entretien avec Gillie Mc Pherson CMTRA : Gillie Mc Pherson, tu es chanteuse, d'origine irlandaise et tu pratiques la musique irlandaise et d'autres musiques, ici en France et en Rhône-Alpes. Quel est ton parcours musical ?

Gillie Mc Pherson : J'ai commencé à 14 ans à jouer de la guitare acoustique, c'était l'époque des Beatles et la folk-music était en train de se mettre en marche. J'ai vite adhéré à une société de music folklorique à Belfast. Dès que j'en suis devenue membre, j'ai eu à ma disposition des archives de vinyles et de livres avec les paroles et les histoires de la musique irlandaise et aussi américaine. À cette époque Woody Guthry était un personnage attitré et intéressant par rapport à ses textes, car il chantait des chansons qui parlent du peuple. Sur les radios, on entendait aussi Bob Dylan et son groupe qui faisait à peu près la même chose. J'ai remarqué d'ailleurs qu'il a repris des mélodies de musique irlandaise traditionnelle. C'est ainsi que j'ai débuté, avec une petite guitare acoustique, à la radio et grâce à cette société. Les deux personnes qui s'en occupaient étaient Robin Morton qui a fait partie de Boys of the Lough avec qui j'ai fait quelques chansons, et puis John Moulden qui est toujours dans la musique folk. Il a une boîte d'édition en Irlande du Nord qui s'occupe spécifiquement de musiques d'Irlande du Nord. Il est lié avec une autre société anglaise.

Ce sont ces deux messieurs qui m'ont encouragée à chanter, et chaque dimanche soir on se retrouvait dans une petite pièce avec une trentaine de personnes passionnées par la musique irlandaise, et on avait des hootennanys, cela veut dire que quelqu'un peut proposer une chanson aux personnes qui viennent écouter. Je faisais cela tous les dimanches. Cela m'a motivé à apprendre de plus en plus de chansons pour pouvoir les chanter le dimanche. Je cherchais donc dans les livres et en écoutant les vinyles des morceaux qui me plaisaient. Je chantais 70% de chansons a capella, pour le reste je m'accompagnais à la guitare. Je n'avais pas du tout d'éducation musicale, je ne suis jamais allée à une école de musique, mais j'ai beaucoup écouté.

Je progressais en chant, mais pour parler, pour expliquer les chansons, j'étais tellement timide ! Cela est arrivé beaucoup plus tard. Depuis ces dernières 15 années cela va mieux. CMTRA : Après ce passage dans ce qui ressemble fort à un folk club, qu'est-ce qui s'est passé ?

G.M.P : Quelqu'un a parlé de moi au producteur de radio, Maurice Leitch qui a produit une série de musiques folk. Son but était de voyager en Irlande avec une équipe de la BBC et quelques chanteurs, chanteuses de musiques traditionnelles et de partir dans les villages d'Irlande, organiser des soirées de rencontre et de musique, expliquer au public sa démarche qui consistait à découvrir des musiciens du coin qu'il introduirait dans chacune de ses séries musicales.

Ces enregistrements, c'était aussi écouter raconter histoires, savoir comment vivent les gens, quel métier, quelle musique... J'étais donc invitée plusieurs fois à voyager avec eux, j'avais 16 ans à l'époque. Cela m'a donné l'occasion de rencontrer d'autres musiques et musiciens de l'Irlande. Cela a duré quelques années, après cela j'ai monté un groupe "The Folk Union" avec 3 personnes qui de l'université à Belfast, toute passionnée par la musique irlandaise, par le bluegrass, le blues et la musique classique. Notre souhait était de faire de la musique irlandaise en embrassant plus largement d'autres cultures. Par exemple on jouait du Jimmy Hendrix avec des arrangements folk. On a fait de la musique un peu comme les Singer Swingers en ajoutant des choses.

C'étaient mes premières infidélités à la musique traditionnelle irlandaise. En réfléchissant, je pense que c'est une partie de ma vie musicale très importante, parce que j'avais la liberté de mélanger différents styles musicaux tout en les respectant.

Après cela j'ai une longue période commerciale. Je dis cela avec une certaine tristesse, effectivement, parce que c'était monter sur scène, chanter, et en somme faire l'argent avec cette idée. Mais je n'avais pas ce sentiment de partage, de plaisir et de rencontre que j'ai pu avoir auparavant. Finalement, j'ai arrêté pour rependre mon banjo et faire la musique qui m'intéresse, la musique acoustique et la voix pure, bref revenir à mes racines. Je renais ici avec un CD "Celtic Cross". J'ai fait la connaissance de Paul Habourdin qui joue du fiddle, (il donne du feeling dès qu'il joue. Il y a des gens qui donnent une sorte de magie dès qu'ils jouent)et de Patrick Chanal avec son savoir faire à mettre certaines idées en formes. Il est l'académique et le diable au bouzouki. Tous deux sont un sacré trésor pour moi. Nous avons commencé en trio, nous sommes maintenant plus nombreux avec l'ajout de Karim Ben Salah aux percus et Thierry Pigot au bodhran.

On est en train de travailler vers un autre CD. D'ailleurs, nous venons de sortir une nouvelle demo pour les organisateurs.

J'ai 28 chansons de collectage perso fait en 68 et la moitié ne paraissent pas dans les disques. Je trouve que c'est dommage parce quelques-unes d'entre elles m'intéressent, et j'aimerais les donner aux autres, cela serait déjà bien. L'autre moitié ne me plaît pas suffisamment parce que ce sont plutôt des chansons des années folles

C'est un monsieur de 70 ans qui me les a données, et que l'on avait rencontré pendant une session musicale. CMTRA : Gillie Mc Pherson, dans la musique que tu proposes maintenant il y a beaucoup de chansons, d'une part traditionnelle, et d'autre part des textes et des musiques composées par toi. Dans les deux cas, je crois que l'histoire racontée est très importante pour toi. Peux-tu nous dire pourquoi, et quelles sont les choses qui te touches ?

G.M.P : Si on parle des chants que j'ai choisi de chanter, il y a effectivement les chansons traditionnelles et d'autres qui ne sont pas traditionnelles. C'est-à-dire que l'on parle toujours de musique irlandaise et non pas de musique traditionnelle, parce que les gens disent que la musique traditionnelle c'est celle qui date de longtemps, qui se transmettait oralement ! Et, certains pensent que la musique traditionnelle s'est arrêtée dans les années 50, et que notre travail est de garder cette antiquité.

Cette idée en Irlande est typique, parce que politiquement il y a toujours cette histoire de musique traditionnelle qui parle de la guerre, de la tristesse, des mariages, et de l'amour évidemment ! Il y a tellement d'histoires, et tellement d'histoires encore à écrire, je pense que la musique traditionnelle est quelque chose qui continue, qui ne s'arrête pas, et justement grâce aux personnes qui continuent à écrire. La tradition continue et elle est vivante. Pour ma part, j'aime les aussi les chansons tristes, cela vient peut-être de ma culture, de l'histoire de l'Irlande, car les irlandais ont une façon particulière de raconter les histoires tristes, dramatiques avec de l'humour. A la fin, la musique mélancolique est si émouvante qu'il faut la musique avec des rythmes éclatants pour compenser. Sur Celtic Cross, j'ai écrit deux chansons, l'une "Never Safe" qui veut dire "Jamais en sécurité", où je parle du fait que l'on est jamais en sécurité chez soi, c'est dit avec de l'humour, mais c'est un texte très grave. Dès que tu es dans la déprime, les irlandais te diront qu'il faut sortir de toi-même, regarder ta vie comme une pièce de théâtre, et cela te fait rire.

Avec " Never Safe ", je parle de notre façon de vivre là-bas en Irlande du Nord, sur les petites terrasses, dans les maisons, sur le trottoir ou la peinture montre la couleur de leur drapeau, si c'est le drapeau de l'Angleterre ou celui de l'Irlande du sud. Ce qui me fait rire parce que le drapeau du sud est vert, blanc et orange, et que ces couleurs étaient données à l'origine pour exprimer la paix entre les deux Irlande. Je crois que dans cette histoire au départ les gens étaient tous ensemble. Dans ce texte, je parle des jours où on met le frigo contre la porte ou le lit contre la porte de la maison pour que des gens arrivent avec des fusils et veulent tuer tout le monde parce qu'ils ne sont pas du bon côté. Nous, nous nous sommes derrière pour se battre contre ce style de chose. Si tu regardes cela de loin, c'est drôle . Je dis aussi dans le dernier couplet qu'il y a des problèmes dans chez les catholiques comme chez les protestants, et chacun a certainement de bonnes raisons, mais il y des solutions à chaque problème. Les coupables sont le système éducatif et la culture, car ils sont fiers de faire la guerre, et on ne verra jamais un changement.Il y a beaucoup de chansons que je ne chante pas à cause de paroles trop patriotes.

L'autre histoire c'était un peu par rapport à mes souvenirs d'Irlande qui sont gais. J'ai émigrée de l'Irlande depuis 30 ans, et mes souvenirs les plus forts sont ceux que j'ai vécu dans les pubs avec des musiciens en train de jouer du fiddle, du banjo, mais pas forcément de la cornemuse ou du uilliean pipes, car c'était rare. Entendre un joueur de uilliean pipe c'était une grande occasion, et il y avait toujours plein de guinness à côté de lui. Je chante tout cela, et je dis à la fin : "c'est marrant parce que nous on était dans le pub, on faisait notre bonheur avec la musique et de l'autre côté de la porte du pub, il y avait des soldats avec des fusils qui faisaient leur ronde". C'étaient des Anglais, mais, petit à petit, à force d'entendre toujours les mêmes paroles, certains d'entre eux se mettaient à fredonner des airs de musique irlandaise.

Ce texte parle aussi de la tristesse de l'Irlande, que je ne pouvais pas rester dans cette vie de peur. "Where there are soldiers in the mountains, Angels in the sky, The devil lives among us, I don't know why. I can hear St Patrick crying beyong the ocean roar, He's crying for Ireland forever more."

"Là ou il y a des soldats dans la montagne, Des anges dans le ciel, Le diable est parmi nous. Je ne sais pourquoi. Je peux entendre St Patrick crier au-delà du rugissement des vagues, Il pleure pour l'Irlande à tout jamais."


Extrait de St Patrick's prayer.Celtic Cross. Les paroles pour moi sont importantes, parce que je suis chanteuse, et le rôle de la voix est de porter les paroles et tout ce que tu trouves dans la voix quand tu chantes c'est l'émotion, c'est cela qui passe quand tu chantes devant un public. Sinon, tu as la technique du chant qui ne m'intéresse pas trop, parce que trop de technique tue l'émotion.

De plus, je chante en France dans une langue étrangère, alors j'ai d'autant plus besoin de cette émotion qui m'aide à faire le lien avec le public. J'ai toujours chanté avec mes émotions, je n'ai jamais pris de cours de chant. Récemment, j'ai essayé avec un CD pour faire des exercices de voix où tu montes et tu descends les gammes, mais à la fin cela ne m'intéresse pas du tout, parce que la musique traditionnelle est venue de l'écoute, de la chaleur d'être ensemble et de l'envie de la refaire avec ta propre personne, ton âme, ton propre savoir faire. CMTRA : Gillie, tu as indiqué que ton origine irlandaise t'as marquée d'autant plus que tu as vécu plus longtemps maintenant en dehors de l'Irlande qu'en Irlande. Quelle est l'importance de cette émigration forcée ou choisie dans ta musique, dans tes chansons ?

G.M.P : Cela me donne d'un côté une manière de réfléchir plus forte par rapport à la musique parce que je trouve que ma vie en Irlande est quelque chose de vécu auparavant, mais qui est toujours-là. Tout ce que j'ai vécu avant se ressent plus fort dans mes textes. D'un autre côté, il faut garder des choses positives, cela veut dire aussi que ma vision est plus large maintenant qu'auparavant. Si tu habites et vis dans une culture, ta vision est un peu comme dans un tunnel, alors que si tu es émigré tu embrasses d'autres cultures et tu acceptes de vivre et de comprendre pourquoi c'est différent. Je crois que cela m'a donné un élargissement de la compréhension de la musique en général, cela m'a aidé à communiquer avec les autres. Je comprends que l'on est pas tous comme on est en Irlande. Il y a d'autres façons de comprendre les choses. L'important c'est aussi : "Qu'est-ce que cette histoire d'émigration à apporter à la musique traditionnelle dans le monde ?". C'est une discussion tellement grande. Propos recueillis par J.B. Gillie Mc Pherson en concert - 11/01 Aubenas (07) Castel Pub - 20/01 Grane (26) Salle des fêtes - 25/01 Valence (26) Malvern Pub - 27/01 Porte-les-Valence (26) Train-Théatre - 2/02 Chantemerle-les-Grignan (26) "Bois des dames" - 3/02 Montbrun-les-bains (26) Salle des fêtes - 9/02 Mirabel-aux-Baronnies (26) Salle des fêtes - 10/02 Sahune (26 ) Salle des fêtes - 16/02 St Auban (26) Salle des fêtes - 17/02 Taulignan (26) Salle des fêtes - 23/02 Tulette (26) Salle des fêtes - 16/03 Nyons (26) La cigale Café musique - 17/03 Annonay (07) La St-Patrick avec Une Îles-au-Large - 24/03 Miribel (01) centre cult. Allegro - 30 et 31/03 Avignon (84) Pub St Rock Contact

Gillie Mc Pherson

CD disponible à la FNAC de Valence Thierry Pigot

Tél : 04 75 40 68 66

[thpigot@club-internet.fr->thpigot@club-internet.fr] www.gilliemcpherson.com


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