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Silence en solo

Entretien avecNorbert Pignol CMTRA : Pourquoi un album solo maintenant?

Norbert Pignol : Il y a longtemps que j'avais envie de faire un disque solo, avant même de jouer dans des groupes. Le premier disque solo n'est pas un aboutissement, mais un moment important dans le parcours d'un artiste.

Cet exercice difficile et intéressant, qui mérite que l'on y apporte énormément de soin, est une carte de visite, qui vous suit pendant longtemps. Je pense qu'il ne doit pas être éphémère. L'intérêt d'un tel album est d'innover. Je fais référence notamment au premier album de Valentin Clastrier par exemple, sorti il y a déjà longtemps, et qui est encore d'actualité.

Et puis, je trouve que l'accordéon diatonique est un instrument complet sur le plan mélodique, rythmique, et harmonique, ce qui est important en solo. Il peut être totalement autonome, très dépouillé, seul. Étant petit, j'écoutais beaucoup de solistes avec peu de chose dans l'orchestration, très aéré, modeste.

Dans ce disque, il n'y a pas de reprises, se sont des compositions pour l'instrument qui sont très influencées par certaines techniques pianistiques. Je me suis beaucoup inspiré du style de Wim Mertens par exemple. L'utilisation de l'accordéon dans un style complètement décalé par rapport à ce que l'on a l'habitude d'entendre me séduit toujours autant. J'ai un instrument qui est tout à fait adapté à cela, se situant dans le registre alto, ce qui est original car d'habitude l'accordéon diatonique est soprano dans les tonalités de Sol / Do. Le mien est en Do / Fa une quinte en dessous. Le registre principal étant le registre basson. J'utilise donc là un instrument qui a une sonorité inhabituelle, chargée en harmoniques, avec beaucoup de "grain".

Bertrand Gaillard m'a conçu ce prototype avec un système de registres qui permet de convertir le clavier main gauche en clavier mélodique, avec seulement des notes et non plus une configuration basses / accords. Il est donc possible de développer des contrepoints à gauche.

Pour cet album j'ai enregistré tous les morceaux en studio puis en public. Après comparaison, j'ai choisi de faire figurer sur "Silence" seulement les versions "live", peut être moins propres mais tellement plus vivantes. Ce que l'on pourra écouter sur le CD pour cette partie solo sera très pur, sans montage et je suis très fier de cela, même s'il y a de petites imprécisions. J'ai fait ce choix et je suis prêt à l'assumer. Par ailleurs, l'une des particularités de cet album solo est la présence en seconde partie d'une création pour "orchestre" (35 musiciens) intitulée "Sonatrad". En revanche cette pièce est enregistrée en studio. Le contraste est total. Sonatrad est une "invention" faisant référence à 3 esthétiques musicales qui me sont chères, les musiques traditionnelles, les musiques improvisées et les musiques classiques. Cette pièce allie donc des thèmes mélodiques d'inspirations traditionnelles, des improvisations et la forme sonate de la période classique : avec une exposition A et différentes sous parties, un pont modulant, une partie B à la dominante avec différente sous-parties, un développement et le retour de la partie A dans la tonalité du B, etc. C'est le premier mouvement d'une future symphonie "trad", écrit pour 35 musiciens(seulement!) à la manière symphonique, très verticale sur les harmonies et horizontale sur les contrepoints. Je ne jouerai pas dans ce morceau, direction artistique oblige.

Nous enregistrerons en janvier au "Ciel" à Grenoble avec des musiciens de Lyon, Besançon, Paris et Grenoble... On y retrouvera des membres de Tonynara, Alambic et de tous les groupes complices de MusTraDem et de l'ADAEP, ainsi que Jérémie Mignotte avec qui j'ai travaillé récemment sur sa création "Roulottes en roues libres", à Lyon.

Rémi Boniface viendra spécialement du Val d'Aoste pour se joindre au pupitre des diatos". Ils sont trop nombreux pour que je puisse ici les remercier tous comme ils le méritent. Voilà, un disque en 2 parties, qui va du solo, de la toute petite note isolée en public, au gros orchestre en studio avec des harmonies très développées, des sonorités et des mélanges de timbres basés sur le phénomène de masse. CMTRA : Avec 35 musiciens pour l'orchestre en question, quels ont été tes choix d'instrumentations, de timbres ?

N.P. : 5 accordéons diatoniques, 3 vielles à roue électroacoustiques, 7 violons, 3 clarinettes dont 2 basses, 4 flûtes à bec, 2 flûtes traversières dont une en bois. La section rythmique comprend 2 guitares, 2 bouzoukis, une basse électrique frettée, une basse électrique fretless, et une contrebasse. Pas d'alto car j'aime beaucoup la sonorité des violons et des clarinettes soprano dans le grave qui, associée aux mains gauches des accordéons permet d'obtenir une chaleur dans le bas médium du plus bel effet.

C'est donc une structure en pupitres avec un chef de pupitre dans chaque section instrumentale. J'ai essayé de travailler à la manière des orchestres classiques, c'est à dire que les différents chefs de pupitre, qui sont des gens proches de moi, que je connais bien et avec qui j'ai l'habitude de travailler auront la responsabilité de s'occuper de tous les problèmes internes à chaque pupitre comme les sens d'archet pour les violonistes, les coups de chien pour les viellistes et les sens de soufflet pour les accordéonistes.

Ainsi, dans chaque pupitre tout le monde joue de la même manière pour respecter un peu l'esprit symphonique de la période classique, le but étant de grossir le son. Il n'y a pas de partage des pupitres dans l'écriture sauf bien sûr pour les violonistes qui se répartissent quelques accords dans certains arrangements. J'ai effectivement travaillé sur les mariages de timbres : clarinette basse / vielle, flûte à bec / clarinette soprano, bouzouki / violon ...

Le morceau est construit autour des flûtes puisque je ne mélange jamais dans l'écriture les flûtes à bec et les flûtes traversières, partant du principe que ce n'est pas le même instrument. On trouve alors les flûtes à bec dans la partie A, les flûtes traversières dans la partie B, elles dialoguent dans le développement qui est un combat entre les deux thèmes. CMTRA : Sur la globalité du CD, fais-tu référence à des écoles de styles traditionnels de prédilection ?

Norbert Pignol : Non pas vraiment. En ce qui concerne le solo, hormis les quelques improvisations, les principaux inspirateurs sont Claude Debussy et Erik Satie. Pour ce qui est de la construction et des harmonies, "Sonatrad" est essentiellement influencée par Mozart.

Cependant, le thème A pourrait être une polka du centre de la France, le thème B est plus proche des musiques des Balkans. Dans tout le disque on peut néanmoins trouver quelques références aux musiques traditionnelles en ce qui concerne la construction des phrases (réminiscence d'un glorieux passé de danseur !).

En effet, dans l'album "Silence" j'utilise beaucoup le schéma traditionnel de la phrase qui se déroule sur 4, 8, ou 16 mesures et qui est joué 2 ou 4 fois selon les systèmes de reprises. La répétition, le multiple de 4 est pour moi un procédé très traditionnel.

Pendant, la période classique, Mozart utilisait beaucoup le chiffre 3 : première fois, deuxième fois, troisième fois pour changer et aller sur autre chose. Pour ce solo les lignes mélodiques et la forme des morceaux ne sont pas réellement empruntées aux écoles traditionnelles.

J'ai beaucoup travaillé sur les formes qui sont assez absentes en musique trad. La forme sonate, encore reine aujourd'hui, n'est pas la seule utilisée dans ce disque, les morceaux en solo sont construits sur d'autres variantes de la grande forme ABA que j'aime beaucoup et qui a tellement fait ses preuves depuis tant d'années. Il y a là, une contradiction avec ma passion pour l'univers debussiste, surtout quand on connaît l'aversion qu'avait ce compositeur envers les adeptes de la forme classique. CMTRA : A quand la sortie de ce CD ?

N.P. : "Silence" sera disponible dès mars 99. Il s'agit d'une production MusTraDem, distribuée par l'Autre Distribution (France, Japon, Belgique ...) et ADA (Royaume Uni). L'ingénieur du son est Pascal Cacouault. La jaquette est réalisée par Jean-Marc Khayat. L'album "Silence" est extrait du spectacle intitulé "Histoires mélodiques" qui sera notamment présenté : le 30 mars au CMT Île de France à Ris-Orangis dans le cadre des "Mardis de l'Entr'Acte", du 8 au 10 avril au "Ciel" à Grenoble, le 21 mai à la MJC Monplaisir à Lyon... Contact :

Norbert Pignol / Album "Silence" DPCD 99018

MusTraDem / S.C.I. AEP 163 cours Berriat - 38000 Grenoble

Tél / Fax : 04 76 00 12 46

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