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Deux cors mélés

Cor'Alpes, duo de cors des Alpes.

Christian Abriel, musicien au sein de la Kinkerne depuis 22 ans, se passionne pour son instrument emblématique, le cor des Alpes, que l'on entend très peu de ce côté-ci des plaines. Il vient de créer un nouveau duo "Cor'Alpes".
Entretien avec Christian Abriel CMTRA : Comment est né Cor'Alpes ?

Christian Abriel : J'ai rencontré Nicolas Perrillat tout à fait par hasard, avec Jean Marc Jacquier, dans le cadre d'une fête où nous nous sommes retrouvés tous les trois avec un cor entre les mains. La rencontre s'est faite autour de l'improvisation.

Nicolas est directeur de l'école de musique du Grand Bornand et de l'Harmonie. C'est un passionné de musiques traditionnelles et de musiques contemporaines électroacoustiques, ce qui n'est pas banal. Il voulait travailler le cor des alpes, Jean Marc n'étant pas disponible, nous avons décidé de jouer en duo. Au départ, rien ne nous prédisposait à nous rencontrer, si ce n'est l'instrument, c'est un sacré point commun. Peut-être serons nous trois car Pascal Thormeyer nous rejoindra lorsque nos nouveaux instruments seront prêts. CMTRA : Quel est votre répertoire ?

C.A. : Il n'y a pratiquement pas de répertoire spécifique à la Haute-Savoie, sauf quelques morceaux. La majorité du répertoire existant est Suisse, mais nous jouons des chansons savoyardes qui correspondent à l'échelle de l'instrument. Avec le cor, il est difficile de faire un concert d'une heure. On joue plutôt des séries de deux, trois ou quatre sonneries avec pause. Les morceaux sont très courts. Nous nous intégrons très bien aux animations en extérieur et aussi dans des concerts présentants d'autres instrumentations. CMTRA : Tu es chanteur, violoneux, percussionniste, pourquoi cette passion pour le Cor des Alpes ?

C.A. : L'envie de souffler dans un gros truc ! CMTRA : Que sais-tu de l'histoire de cet instrument ?

C.A. : C'était autrefois un instrument plutôt petit (1 mètre 20) qui pourrait même par moment devenir une canne et qui servait principalement aux bergers à communiquer entre eux. Cela permettait de donner des nouvelles. Si on entendait le soir un berger sonnant sa mélodie, repérable entre toutes, c'est qu'il n'était pas mort.

Les appels se composaient de cinq à six notes, véritable signature du musicien. Si celui-ci voulait appeler un autre sonneur, il jouait sa signature, celle de l'autre et ainsi de suite... Beaucoup de mélodies étaient un salut au soleil couchant, une prière, une exaltation face à la montagne. CMTRA : Y-a-t-il encore des bergers sonneurs qui jouent cette tradition ?

C.A. : Oui, en Suisse Centrale et en Autriche aussi. En général, on entend les sonneries le matin de bonne heure, mais plus souvent le soir. CMTRA : Pour toi qui n'est pas berger et qui n'habite pas en Suisse Centrale, penses-tu que le Cor des Alpes puisse s'intégrer dans n'importe quel autre groupe de musiques traditionnelles, ou autre groupe musical ?

C.A. : C'est vrai que la tonalité de l'instrument (Fa, Fa#) ne se prête pas à tous les mariages d'instruments. L'échelle est très spéciale et c'est ce qui fait son charme. Déjà, il a fallu une longue histoire pour que plusieurs cors puissent jouer ensemble, les longueurs étaient variables (pouvant aller jusqu'à 12 mètres). Mais une longueur standard avec une tonalité de base ont été fixées par les Suisses au début du siècle. Aujourd'hui, le groupe Mytha, avec plusieurs sonneurs, jouent dans une démarche jazz tout à fait singulière. Si on veut jouer avec des cors des Alpes, il faut jouer en Fa et s'adapter à l'instrument. CMTRA : Quelle est l'échelle de cet instrument ?

C.A. : C'est un instrument de la famille des trompes naturelles, sans piston, comme la trompe de chasse, le bugle , les trompes tibétaines ou pygmées, ou le didjeridoo aborigène. Tous ces instruments, aérophones à anches lippales, ont exactement la même échelle et le même tempérament.

C'est la séquence des fréquences harmoniques naturelles, dont on obtient les hauteurs successives en multipliant la fréquence fondamentale par la suite des nombres entiers, 1, 2, 3, 4, etc. On parcours les degrés de l'échelle en exerçant une pression plus ou mois forte de l'air sur les lèvres. Cela donne une échelle universelle, commune à toutes les cultures du monde qui utilisent la trompe ou les flûtes harmoniques. Elle est basée sur la succession de notes, en montant vers l'aigu et en partant d'une fondamentale en Do1 : Do1, Do2, Sol2, Do3, Mi3, Sol3, Sib3, Do4, Ré4, Mi4, Fa#4, Sol4, La4, Sib4, Si4, Do5

La tessiture utile est de trois octaves. A partir de la troisième octave on dispose de séries de "demi-tons", avec toutefois le tempérament de justesse harmonique, très différent du tempérament égal, et qui donne toute la couleur caractéristique a cette famille d'instruments.

Les chanteurs de Jugglés ont un répertoire qui reprend cette échelle spécifique du Cor des Alpes. Il est fascinant de penser que des hommes de culture aussi éloignée que les aborigènes australiens, les pygmées d'Afrique centrale et les Suisses ont une culture musicale commune, parce qu'ils ont choisi le même type d'instrument, et d'ailleurs les Pygmées ont également tout un répertoire de chants en technique de yodel, comme les Suisses. CMTRA : La lutherie de cet instrument est-elle artisanale ?

C.A. : A l'origine, on utilisait des sapins à flan de coteaux se servant de leurs courbures naturelles pour le pavillon. Aujourd'hui on le construit en fabrique. CMTRA : Quels sont vos projets ?

C.A. : En même temps que ce duo, nous allons tourner un spectacle, "Veilla d'Hivé" auquel nous avons participé avec le Collectif d'Annecy. Ils ont passé commande à Nicolas d'une bande sonore mêlant la musique traditionnelle et la musique électroacoustique. Il a enregistré des patoisants, des accents des gens qui parlent de leur métier (scieur de long, tailleurs de pierre)... Cette bande accompagne les sonneries de cors. Alain Savouret et Alain Basso ont été les conseillers artistiques. Le spectacle est une photographie, ou plutôt une "phonographie" des paysages de la Savoie, une restitution contemporaine des paysages sonores conçue sous la forme d'une veillée-concert. Contact

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