Harmonica allemand de marque Hohner à l’effigie du Kaiser Wilhelm, Historial de la Grande Guerre – Péronne (Somme) et ©Yazid Medmoun.
L’harmonica apparaît surtout comme un instrument de la solitude. Les quelques prestations publiques de nos harmonicistes sont rarement programmées, rarement attendues. Elles surgissent dans des temps d’attente ou des réunions conviviales.
Petit, léger, tenant dans la poche, l’harmonica est un instrument nomade par excellence. Il accompagna les cowboys américains [1]comme les jeunes garçons rhône-alpins qui gardaient les bêtes au pré – ce fut le cas de plusieurs des instrumentistes que nous avons interrogés. Instrument des marins, on le retrouve aussi dans les mains des soldats.
Durant la guerre de Sécession, les harmonicas vendus par milliers en Amérique du Nord par le fabricant allemand Mathias Hohner (1833-1902) sont joués par « les soldats des deux bords »[2] . Au début du XXe siècle, l’Allemagne reste spécialiste du jeu et de la facture de l’instrument. Pendant la Première Guerre Mondiale, l’harmonica distrait les soldats allemands. L’Historial de la Grande Guerre de Péronne conserve un harmonica de marque Hohner sur lequel figurent les mots « Kaiser Wilhelm », précisant que le culte de l'empereur Guillaume II était présent sur de nombreux objets manufacturés pendant la guerre (ex. 1).
Exemple 1 : harmonica allemand de marque Hohner à l’effigie du Kaiser Wilhelm, Historial de la Grande Guerre – Péronne (Somme) et ©Yazid Medmoun .
De même, sur une carte postale allemande peinte par Arthur Thiele entre 1915 et 1918 – « Ruhetag hinter der Front » (jour de repos derrière le front) –, on observe trois soldats, l’un cousant, l’autre dépeçant un cochon, le dernier jouant de l’harmonica (ex. 2).
Exemple 2 : « Ruhetag hinter der Front », Arthur Thiele, éditeur AR&C i B., 1915-1918 (Coll. Bibliothèque de documentation internationale contemporaine - BDIC _CP_Boîte 88 cartes allemandes /vie/arrière humour).
Dans le camp français en revanche, les soldats jouent des instruments à cordes, de forme souvent improbable, bricolés à partir de morceaux de récupération[3]. L’harmonica, pourtant, résiste mieux, moins sensible aux changements de taux d’hygrométrie et écarts de température dans les tranchées.
Pendant la guerre d’Algérie, Roger Bertinelli, que nous avons interviewé en 2013, joue lors des heures de repos. De cette époque, il a gardé une photographie (ex. 3). Au fond, on devine ce qui pourrait bien être une arme. Le jeu de l’harmonica offre un temps de répit, de soutien et de distraction pour Roger et pour ses camarades, il sert peut-être également à tuer l’ennui l’attente et la peur. Ce qui frappe cependant sur cette image, c’est la qualité du portrait : l’homme pose, en débardeur, montre au poignet et collier au cou, bien coiffé, rasé de près, regard face à l’objectif. L’image du soldat Bertinelli retenue pour l’histoire est celle du beau joueur d’harmonica. A jamais, « le profil du soldat musicien se différencie de celui du soldat ordinaire », ne serait-ce que par sa capacité à « détendre l’atmosphère »[4].
Exemple 3 : Roger Bertinelli, Algérie, 1959 (archive de R. Bertinelli).
Les vendanges, les réunions familiales et amicales, les bals, les animations en maisons de retraite et veillées patois.
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