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"Les Yeux Noirs"

Entretien avec Éric Slabiak CMTRA : Éric Slabiak, vous êtes tombés dans la musique tzigane quand vous étiez petits, les uns et les autres, ou bien avez-vous découvert cette musique plus tard ?

Éric Slabiak : Le groupe existe depuis bientôt 5 ans et nous tournons vraiment depuis 4 ans. Pour certains d'entre nous, cette musique est dans nos origines, pour les autres ce fut une découverte plus tardive. Les uns sont issus de formation classique, des Conservatoires de Paris et de Bruxelles, les autres sont autodidactes, ils ont fait du jazz, de la variété, mais nous pratiquons tous la musique tzigane depuis assez longtemps. CMTRA : Quels sont vos contacts avec la communauté tzigane en France ?

É.S. : Nous avons des amis tziganes qui nous ont appris beaucoup de répertoires et avec qui nous jouons. Nous nous documentons beaucoup et nous achetons aussi des disques de vieux enregistrements, que l'on nous rapporte des pays de l'Est ou que nous trouvons encore en France. CMTRA : Reste-t-il des virtuoses tziganes à Paris ? On pense toujours aux musiciens qui jouent dans les restaurants, les cabarets... C'est une réalité ou est-ce un peu folklorique ?

É.S. : Il y a de moins en moins de cabarets mais il y a toujours des restaurants dans lesquels on trouve des musiciens tziganes ou non, mais qui jouent cette musique. Ce ne sont pas forcément des virtuoses, ce ne sont pas forcément dans ces endroits que l'on entend la meilleure musique tzigane, mais il arrive parfois d'avoir de bonnes surprises.



CMTRA : Avez-vous des maîtres, des musiciens particuliers qui restent des références pour vous ?

É.S. : Nos références sont entre autres Aliosha et Valia Dimitrievitch, des tziganes russes, et le violoniste roumain Ion Dragoï ou Toni Iordache qui était cymbaliste : ce sont les références absolues. Cependant, on rencontre aussi des musiciens qui sont moins connus, qui sont arrivés récemment de Roumanie, par exemple, parce que c'est un pays qui a une vie musicale très développée et où la tradition tzigane est encore très présente. Ce sont aussi nos sources d'inspiration. CMTRA : Pratiquait-on la musique tzigane dans votre famille ?

É.S. : J'ai un oncle qui faisait de la musique tzigane, et beaucoup de jazz. Il a travaillé avec Django Reinhardt, son frère Joseph et Babik aussi. J'ai des enregistrements de mon oncle avec des membres du Quintet du "Hot Club de France".

Ce n'est pas vraiment une tradition, mais dans ma famille paternelle, il y avait de nombreux musiciens et même s'ils ne pratiquaient pas l'instrument, ils étaient musiciens dans l'âme, si bien que nous avons toujours entendu cette musique à la maison. Mon frère, Olivier qui est dans le groupe, est aussi violoniste. Nos parents sont nés en France. Nos grands-parents viennent de Pologne et de Russie, et ont immigré en France au début du siècle. Chez Franck Anastasio, on côtoie souvent la communauté manouche car M. Anastasio père est luthier de guitares et il travaille beaucoup pour ces merveilleux musiciens de jazz. CMTRA : Quels sont vos autres parcours ? Je pense à Bratch, qui a un peu ouvert les portes au grand public français. Avez-vous croisé vos routes ?

É.S. : Nous connaissons Bratch, nous nous entendons bien, nous échangeons des idées et nous nous apprécions mutuellement. Avant de fonder le groupe, les uns et les autres, nous travaillions dans les cabarets et nous trouvions que la musique tzigane "s'enfonçait" un peu dans ces endroits, elle ne se donnait pas vraiment au grand public.

Nous avons décidé alors de l'arranger à notre manière, avec nos goûts et d'en faire une musique plus scénique. Les cabarets disparaissant ces dernières années, la musique tzigane n'est finalement plus jouée que sur les disques, et nous ne pouvons pas dire que la production discographique en musique tzigane soit très dense et très variée : nous retrouvons toujours les mêmes poncifs avec des titres tels que, "les yeux noirs", "le temps du muguet", des morceaux que nous essayons de jouer au minimum. CMTRA : Pourtant le nom du groupe... Et vous avez repris "L'Alouette" qui est tout de même un titre très cliché ?

É.S. : Nous essayons de couvrir un répertoire méconnu mais nous voulons aussi que les gens aient des références, qu'ils ne se sentent pas complètement étrangers à cette musique. Nous avons donc repris aussi des standards qui sont très beaux même s'ils sont toujours joués. CMTRA : Vous jouez des morceaux qui viennent de Hongrie, de Yougoslavie, il y a des morceaux yiddish, bulgares ... Cette musique reste-t-elle par définition internationale ?

É.S. : Nous choisissons surtout les musiques qui nous plaisent. Cependant, il est vrai que la musique tzigane est une musique internationale puisque les tziganes sont partis d'Inde il y a 1000 ans, et ils ont parcouru pratiquement le monde entier. Aujourd'hui ils se sont sédentarisés un peu partout mais principalement en Europe. C'est donc une musique du voyage, une musique qui voyage et qui s'est enrichie en passant par tous les pays où il y avait une tradition musicale forte. CMTRA : Vous restez surtout un groupe instrumental ?

É.S. : Il existe aussi une grande tradition chantée tzigane et nous préparons le troisième album des "Yeux Noirs" où il y aura beaucoup plus de chants que sur les deux albulms précédents. Il y a une très forte tradition de chants, surtout chez les Russes. Le public nous demande des chansons alors nous l'écoutons. Nous sommes principalement instrumentistes mais nous sommes en train de nous former au chant. Dans le nouveau spectacle que nous rodons depuis le début du mois en vue d'enregistrer le prochain album, il y a pratiquement un tiers du spectacle avec des chants. CMTRA : Comment s'est faite la rencontre avec les différents membres du groupe ?

É.S. : Nous nous sommes rencontrés dans les cabarets et dans les soirées privées que nous faisions auparavant. Nous nous sommes plus musicalement et humainement, et c'est ce qui fait que depuis 5 ans bientôt nous sommes toujours tous ensemble. CMTRA : Vous êtes déjà allés jouer en Roumanie ou en Hongrie ?

É.S. : Nous ne sommes jamais allés jouer dans les pays d'origine. Tout ce que nous avons pu faire pour le moment c'est de jouer avec des tziganes roumains ou russes et ils sont très heureux que cette tradition soit reprise. CMTRA : Y a-t-il une rivalité entre les musiciens des différents pays ?

É.S. : Il est vrai que certains sont un petit peu jaloux, mais nous ne les fréquentons pas ! Cependant, il y a des musiciens, entre autre des violonistes avec qui nous nous entendons très bien et quand nous avons l'occasion de faire le boeuf ensemble, cela se passe très bien. Nous nous enrichissons mutuellement : eux, de leur tradition autodidacte et nous, de l'apprentissage classique et du chemin un peu moins "brut" finalement, qui est le nôtre ; nous avons reçu une formation d'instrumentistes au conservatoire, et eux ont appris avec leurs parents. Nous sommes impressionnés par la technique qu'ils ont réussie à obtenir et je pense qu'ils sont également surpris par ce que nous arrivons à faire, puisque nous venons du classique, du jazz ou de la variété. CMTRA : Vous avez obtenu de nombreux prix de violon classique. Quelles différences majeures voyez-vous entre le violon classique et le violon tzigane ?

É.S. : La différence porte sur une très grande liberté d'interprétation avec le violon tzigane. On a toujours tendance à identifier la musique tzigane à une musique d'improvisation, ce n'est pas entièrement faux, entre autres dans la musique tzigane turque, mais c'est tout de même une musique assez établie. Quand nous devons jouer à plusieurs, nous ne pouvons pas trop sortir du thème.

Nous pouvons faire de l'improvisation mais ce n'est pas forcément ce qui caractérise cette musique, contrairement à ce que les gens peuvent penser. C'est surtout cette liberté d'interprétation qui est très forte, contrairement à la musique classique. Il n'y a pas de barrières, de tempi. Il y a aussi des concours de virtuosité principalement en Hongrie, des concours de violonistes et cymbalistes. Cependant ce sont des concours entre tziganes, qui se font entre les grandes familles de musiciens. CMTRA : Un nouvel album des Yeux noirs ?

É.S. : En principe, nous rentrons en studio au début du mois de janvier et nous espérons une sortie pour mars-avril. CMTRA : Éric Slabiak, merci.


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