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Huaxia, musique chinoise traditionnelle et contemporaine

Entretien avec James Giroudon James Giroudon est compositeur, codirecteur de GRAME et directeur artistique du Festival "Musiques En Scène" qui aura lieu du 13 au 23 mars 1997. CMTRA : James Giroudon, dans les 6° éditions de "Musiques En Scène" organisées par GRAME, vous accueillez un ensemble de musique traditionnelle chinoise : l'Ensemble HUAXIA. Quelles sont les raisons qui vous ont amené à programmer cet ensemble ?

James Giroudon : Pour cette édition de "Musiques En Scène", nous voulions mettre en place une thématique autour des rapports entre la musique occidentale et les musiques d'Extrême-Orient. De plus, jusqu'à présent nous n'avions pas eu d'orientations particulières autour des compositeurs du Japon, de Chine ou de ces régions du monde, même s'ils ont pu être présents à un moment ou à un autre dans les précédentes éditions.

Il y a donc eu le souci de tracer une nouvelle trajectoire et l'invitation de l'Ensemble HUAXIA se situe dans cette thématique. J'ai choisi Huaxia parce que cet ensemble de chambre sur instruments traditionnels représente une démarche musicale passionnante : sur cette lutherie inhabituelle à nos oreilles, les musiciens de Huaxia jouent non seulement un répertoire traditionnel, mais aussi un répertoire contemporain écrit par des compositeurs qui sont complètement au fait de la musique d'aujourd'hui telle qu'on la pratique sous nos climats. Nous pouvons donc considérer Huaxia comme un ensemble à double entrée, comme un creuset où se croisent tradition et modernité. Il y a beaucoup d'autres musiciens d'origine orientale, en Europe, en Amérique du Nord, souvent des solistes, qui poursuivent une telle ambivalence. Mais, il s'agit dans le cas de Huaxia d'un ensemble qui correspond tout à fait à l'esprit de la programmation du festival 97. Il y a aussi aujourd'hui, et cela est heureux, une curiosité qui s'est développée autour des compositeurs chinois. Si nous connaissons assez bien les compositeurs japonais en France, les compositeurs chinois sont beaucoup moins connus. Il est vrai qu'un certain nombre de concerts ont été organisés depuis deux ans à Paris, au festival d'Automne, ainsi qu'à Présences (Radio France). Ces concerts ont contribués à la découverte de ces compositeurs qui travaillent aujourd'hui à Pékin, Shanghai, ou résident aux Etats Unis ou en Europe, notamment à Paris. Musiques en Scène permettra de proposer de nouvelles oeuvres et de faire entendre ces compositeurs à Lyon et en région, puisque des concerts seront organisés à Grenoble (Cargo) et à St Etienne (comédie/ Théâtre Jean Dasté). Dans ce sens, il y avait également un souci d'entreprendre un travail depuis plusieurs années avec une compositrice chinoise Xu Yi originaire de Shanghai qui vit à Paris. C'est une jeune compositrice que je connaissais, j'avais entendu des enregistrements et j'avais eu l'idée de lui commander une pièce pour l'Ensemble Orchestral Contemporain. Ce projet est donc venu aussi nourrir cette thématique. Nous avons tenu aussi à renforcer la localisation du "parcours chinois" autour de Shanghai qui est un foyer essentiel pour la vie musicale. Le conservatoire de Shanghai est extrêmement important, et, la plus part des compositeurs joués à Musiques en Scène résident à Shanghai ou en sont originaires, et tous ont gardés des liens forts avec cette ville qui a été, et qui demeure un espace de "frottements" entre l'Extrême-Orient et les cultures occidentales. La région Rhône Alpes, qui développe des liens privilégiés avec Shanghai, sera directement associé à cet événement, et avec son concours nous accueillerons également des journalistes des plus importantes radios et télévisions de cette ville pendant la durée du festival. A la présence Huaxia, il faut ajouter d'autres concerts de compositeurs chinois avec l'Ensemble Orchestral Contemporain, et plusieurs concerts autour du Japon ou des sources d'inspirations japonaises. Avec tous ces éléments , paramètres, Musiques en Scène pourra présenter une palette, qui sans être exhaustive de quoi que ce soit, rendra compte, en plusieurs miroitements, des rapports entre différentes cultures musicales, entre traditions et modernité, et des croisements qui s'opèrent dans chaque sens. CMTRA : Le regard porté par les compositeurs contemporains sur les traditions musicales existantes n'est pas un phénomène nouveau. Quelles sont les motivations qui peuvent porter un compositeur à écouter sinon à intégrer dans ses influences ou ses sources d'inspiration une culture traditionnelle ?

J.G. : En tant que compositeur, je n'ai pas véritablement ce souci et je ne me sens pas d'attache suffisamment à telle ou telle racine dans mon propre travail de composition. Je ne ressens pas la nécessité d'une mise en phase avec tel ou tel aspect d'une tradition particulière. Ce qui ne veut évidemment pas dire que je n'en subis pas l'influence. Mon intérêt est essentiellement d'ordre intellectuel, et détaché de ma pratique musicale. En effet, les relations de certains compositeurs à des sources d'inspirations traditionnelles sont tout à fait passionnantes, car elles permettent de relire, ou de redécouvrir notre propre activité musicale.

Ce qui m'a intéressé chez les compositeurs chinois que nous allons diffuser : Tan Dun, un des compositeurs les plus connus qui vit aux Etats-Unis, Qigang Chen qui vit à Paris, Xu Yi dont j'ai déjà parlé et intégré, et d'autres compositeurs qui résident encore à Shanghai, c'est qu'il est tout à fait étonnant de voir comment ils ont découvert la musique contemporaine occidentale, et cela souvent dans un temps extrêmement court. C'est à ce moment-là que les Conservatoires de Chine se sont ouverts à ces influences occidentales. Il y a donc chez ces compositeurs, autant ceux qui sont restés que ceux qui vivent à l'extérieur de la Chine, une façon de faire résonner notre propre musique occidentale complètement imprégnés de leurs relations de l'espace, du temps, du gestuel, de la couleur des sons ... Chacun a délimité son chemin, selon les circonstances et son histoire personnelle.

D'une manière générale, sur les rapports entre musiques traditionnelles et modernité, on peut considérer deux points opposés: les musiques sous influence(s) qui mènent au patchwork musical, à l'exotisme, et les musiques d'inspirations plus intériorisées, à travers le partage de certaines conceptions du temps, du son... Il se passe à ce moment-là quelque chose d'étrange et de fort, du point de vue émotionnel et musical. Nos valeurs, références, se trouvent modifiées, et redécouvertes. On entendra, par exemple, pendant le festival des pièces de Qigang Chen, Mo Wuping qui articulent lyrisme avec une certaine tradition de la musique française. Les compositeurs japonais, comme Takemistu, par exemple, se sont posés, de manière plus progressive dans l'histoire de ces cinquante dernières années, des questions analogues dans les rapports entre les techniques et les traditions d'Extrême-Orient. Notre question de l'orientalisation de nos modèles musicaux se pose aussi en sens inverse: "Quid" de l'occidentalisation des musiques orientales? Sur ces questions, il faut considérer les points de départs différents, car en occident la musique s'est engagée dans un processus aboutie aujourd'hui d'autonomisation et aussi d'individualisation, alors que la pression familière des traditions reste ancrée plus profondément chez les compositeurs d'Extrême-Orient. Ce sont ces confrontations, que la thématique de Musique en Scène, fera ressortir, je l'espère avec quelques "coups de projecteurs".


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