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Le paysage de la montagne sèche

LE PAYSAGE DE LA MONTAGNE SÈCHE

Si l’on excepte les approches Rhodaniennes des vallées d’Aygues et d’Ouvèze, propices à la vigne ou les bassins "suspendus" de Méouge et d’Ermuy voués jadis aux céréales et à la pâture, l’agriculture Baronnienne est soumise aux lois de la moyenne montagne sèche avec de maigres champs en terrasses posés aux redents des rochers ou disputés aux torrents au pied des barres calcaires. Bâtés ou attelés, l’âne et le mulet étaient indissociables du paysage physique où ils gravaient sillons et sentiers. Ils étaient en outre responsables d’une grande partie de l’univers sonore quotidien par l’entremise de leurs conducteurs qui leur adressaient des encouragements de nature fort divers.
Si la lavande a connu un large développement au XXème siècle, l’olivier est là depuis l’antiquité. La patiente culture a modelé le paysage et certainement les mentalités. Depuis la feuille du mûrier jusqu’aux olivades en passant par le tilleul, les "pistoles" (prunes) de Trescléoux ou les noix du haut pays, les cueillettes rythment l’année. Les troupeaux de chèvres et de brebis, aujourd’hui en régression étaient certainement la dominante sonore du pays.

Clochettes, sonnailles, appels et commandements se répercutaient d’une combe à l’autre, dans cette foisonnante solitude de la vie pastorale qui prédisposait au chant et à la musique. La propre voix du berger était souvent la seule compagnie humaine dont il puisse disposer pendant de longs mois. Soumis à une telle pratique, le chant, semble-t-il, se charge de montagne et de ciel, d’herbe de suif et de quotidien rustique au point que Gustin Depeyre, rencontré à la Piarre, berger depuis toujours, paraît chanter comme il respire, passant sans transition de la parole au chant comme, par une porte, du dedans au dehors, avec une voix qui agrandit l’espace, efface les murs des maisons et nous emmène courir les "travers" en pays de "pastriho".

Pâtres et paysans se retrouvaient le jeudi au marché de Nyons. On s’y rendait souvent à pied, avec la jardinière ou bien encore avec la diligence ou les voitures de poste. De cette vie quotidienne, il n’est pas étonnant que nous soient parvenus plus de récits que de chansons, mais ces dernières, bien qu’en nombre restreint, témoignent d’un environnement motivant et, malgré la dureté des travaux et la précarité des ressources, d’une implication quelque peu naïve mais résolue de la population dans les cadres de tous les jours.
Etait-ce le bon temps ?
"Viens, je vais t’apprendre à jouer du fifre.
Il fallut s’en aller jusqu’au gros gerbier du large des terres et là, solitaires tous les deux, on fit le jeu jusqu’au plus profond de la nuit. Il me montra comment placer les doigts sur les trous et moi je voulais, de toute ma tête, mais la jointure de mes doigts manquait d’huile, et , tantôt, je levais trop tôt, tantôt je levais trop tard. Puis il me fit connaître la science du souffler et d’abord il soufflait, puis il me passait la flûte toute chaude et je léchais sur l’anche d’osier le goût d’ail et de vin qui était l’haleine de Bouscarle. Les premières notes allaient bien parce que le souffle du berger était encore dans la flûte, puis j’étais abandonné à moi seul dans un vide, plus vide que le grand vide de la mer, et c’était dur à soulever, le poids de la musique avec ce petit roseau creux.
-Tu résistes, garçon, disait Bouscarle, tu résistes, tu vas au fond, laisse-toi porter, fais-toi mou, laisse-toi vivre de la vie sans penser que tu joues de la flûte, et, alors, tu joueras."
Jean Giono, Le Serpent d’étoiles.



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