Colloque international Rasgueando
Approche interdisciplinaire du geste sur instruments à cordes pincées

Concert, Conférence
musique, danse, chant, archives, société
Du 22 au 23 janvier 2026
Saint-Etienne (42)
gratuit

L’interprétation historiquement informée du musicien baroque repose sur des sources écrites (partitions, iconographie, textes théoriques) qui ont davantage été mobilisées pour la reproduction du timbre et de la facture que pour celle du geste. Les répertoires baroques, en particulier ceux de la péninsule ibérique, ont voyagé jusqu’au Nouveau Monde ; d’autres sources documentent alors le geste, à partir de musiques traditionnelles qui garderaient le souvenir de techniques anciennes. L’enquête historique et musicologique se double ainsi d’une enquête ethnographique qui bat en brèche l’opposition factice entre savant et populaire, les instruments baroques à cordes pincées trouvant une forme de postérité dans les musiques de tradition orale, en particulier en Amérique latine.
La documentation du rasgueado, geste qui consiste à balayer les cordes vers le bas ou vers le haut avec les doigts de la main droite, se trouve au cœur de différents enjeux. Cette technique a été peu décrite probablement parce qu’elle était considérée comme moins noble que le pincement successif ou simultané des cordes de l’instrument. Ce jeu était en effet lié aux répertoires populaires. Néanmoins, dès le XVIe siècle, en Espagne et dans ses colonies, la guitare rasgueada transcende les barrières sociales et s’introduit dans tous les milieux musicaux. Le geste rasgueado, très caractérisé mais documenté de manière lacunaire, fait ici office d’exemple pour une étude interdisciplinaire. Présent dans le répertoire baroque savant et populaire, faisant le lien entre des mondes, on le retrouve dans le galeron du Venezuela, le son jarocho du Mexique et le torbellino de Colombie. Il est également au centre d’un projet ArtsxSciences intitulé Rasgueando (laboratoire Hubert Curien/unité de recherche ECLLA), le participe présent désignant ici une forme d’expérimentation et une dynamique collaborative.

programmation

Afin de saisir la manière dont les différents musiciens baroques d’aujourd’hui comprennent, inventent et exécutent leurs gestes techniques, la vision par ordinateur s’invite pour analyser le geste de la main à partir d’une captation fine du mouvement. Les images haute définition générées ouvrent un dialogue inédit entre musiciens et chercheur.es en musicologie, ethnomusicologie et génie informatique.
Deux sessions de captations en 2025 sur la plateforme IXR et une journée d’étude ont suscité des réflexions que le colloque des 22 et 23 janvier 2026 souhaite poursuivre. Le visionnage au ralenti d’images d’une grande finesse amène les musiciens à conscientiser et à verbaliser ce qui ne l’est pas toujours. Au-delà du cas emblématique du rasgueado, les participants réfléchiront ensemble aux documentations du geste et aux phénomènes de corporalité musicale. Ils reviendront sur les méthodes de la biomécanique, de la vision par ordinateur, de la musicologie, de l’histoire, de l’ethnomusicologie et de l’anthropologie et sur l’intérêt d’une approche croisée. Ils échangeront sur la construction du geste dans la génération actuelle de musiciens et musiciennes baroques, entre recherche et pratique.
UN CONCERT EST PREVU A 16H30 A LA MAISON DE L'UNIVERSITE : Las villanelas españolas de Antonio Gutiérrez par l’ensemble « Música de cifras »;

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