Boutique Mon compte
page facebook du CMTRA page twitter du CMTRA page youtube du CMTRA
accueil > nos actions > ressources > lettre d'information n°61 > rural café Adhérer
menu
page facebook du CMTRA page twitter du CMTRA page youtube du CMTRA

Rural café
En suivant la Draille

A l'occasion du nouvel album du Rural Café, En suivant la draille, entretien avec le musicien-collecteurcompositeur- arrangeurinterprète- ethnomusicologue (...) Patrick Mazellier. Détours en mondes occitanoardécho-dauphinois.


CMTRA : Après un premier album aux couleurs d'Ardèche et du Dauphiné mais aussi un peu d'Irlande et du Canada, quelles sont les couleurs du nouvel album du Rural Café ?

Patrick Mazellier : En suivant la draille... c'est le titre de notre nouvel album et cela me paraît assez explicite : la draille est ce petit chemin qui nous emmène dans la montagne et qui peut aller très loin, jusqu'à Compostelle par exemple. C'est aussi symboliquement ce qui relie les hommes entre eux et donc les musiques. Il y a dans cet album, en plus de notre dimension occito-ardécho-dauphinoise (!) des influences plus affirmées, dans le choix des répertoires, les arrangements, mes compositions. Elles viennent principalement de l'apport de chacun, musiques orientales pour Karim Ben Salah le percussionniste, musiques celtes et orientales pour le bouzouki de Patrick Chanal, musiques anciennes pour les flûtes de Nicolas Zorzin, jazz moderne pour la contrebasse de Christian Devaux et le clavier de Stéphane Vettraino... J'essaie de coordonner un peu tout cela, avec des choses plus ou moins écrites mais RURAL CAFÉ c'est avant tout un espace de rencontres où l'on essaie de garder intacte l'envie de jouer, l'énergie, un certain esprit et je crois que cela transparaît dans ce CD.

Mais il y a aussi d'autres intervenants, dans cet album ?...


Nous avons, en plus des 6 musiciens qui constituent la formation habituelle, invité deux chanteuses de langue occitane : Huguette Betton et Pascale Aymes. L'aspect vocal est donc plus développé que dans le premier album avec, entre autres, une adaptation d'un chant de mai, d'une chanson de carnaval, du chant à danser... En fait, le sixtet a beaucoup de possibilités d'alliages de timbres, il permet d'utiliser des rythmiques d'esprit très différents avec le bouzouki, le piano, la contrebasse. Les percussions peuvent être mélodiques, pour renforcer le violon et la flûte, ou plus dans les basses, comme dans certaines bourrées où nous avons emprunté des « plans de tourne » à notre folkloriste ardéchois préféré, Vincent d'Indy. En rajoutant des vocaux à 3 ou 4 voix, on obtient une palette sonore qui permet d'aborder des répertoires qui me tenaient à coeur, et que j'avais envie de chanter depuis longtemps.

Et d'où viennent tous ces morceaux ?


Il y a un fond traditionnel assez important qui provient de collectes anciennes d'A.et D. Laperche, S.Beraud, J.Dufaud ou de moi-même. Il y a quelques pièces rares, chant à danser, bourrées « boiteuses », mélodies du Vercors, une mélodie turque... et même un très beau cantique à la Vierge. En plus du travail d'arrangement, il y a beaucoup d'adaptations, réélaborations de mélodies traditionnelles et bien sûr des compositions, rigodons, bourrées, rondes.

Et quelle est la part des mélodies à danser ?


Mis à part deux chansons, tout est dansable : rondes, bourrées, rigodons... et nous avons même indiqué la chorégraphie de la Vire du Coiron. Bien sûr, il y a des parties improvisées, mais dans ce cas la rythmique reste très fidèle au rythme moteur de la danse. Il y a aussi des danses peu connues que nous enseignons en stage : Al grand prat, Los Escarpis... Nous nous orientons de plus en plus vers un genre de bal « concertant », avec du chant à danser, des pauses d'écoute pour reposer les danseurs et sortir de cette dichotomie entre une partie concert et une partie bal.

Est-ce que le travail créatif, la recherche des répertoires, permettent d'entrevoir des connexions musicales avec des cultures éloignées ?


Nous avons pris le parti instrumental d'interpréter les mélodies avec le violon et la flûte, ce qui nous rapproche beaucoup des musiques celtes, orientales dans la souplesse du phrasé, les timbres.

Nous pratiquons tous à des degrés divers, en plus des musiques régionales du Vivarais et du Dauphiné, la musique irlandaise, la musique orientale, les musiques transalpines... RURAL CAFÉ est donc transculturel depuis le début, tout naturellement, ce qui ne nous empêche pas de cultiver des styles de jeu très traditionnels, de les confronter et de constater que cela marche plutôt bien, sans pour autant tomber dans une normalisation musicale qui nous limiterait à des « collages » folk-jazz ou des ambiances uniformes et répétitives. L'utilisation des percussions orientales convient parfaitement à notre démarche musicale, comme pour le bouzouki et ses accords particuliers, le clavier avec un jeu mélodico-harmonique et un son un peu « raï »...

Mis à part cela, il est clair que les échelles mélodiques de certaines bourrées, plus rarement de certains rigodons, sont proches de certaines échelles orientales, voire araboandalouses, que le rythme de la bourrée, qui a pu être décliné de multiples façons, contient des éléments de rythme complexes, irréguliers, que l'on retrouve, entre autres, dans les Balkans. Au-delà de l'ethnomusicologie, ce qui me paraît important c'est d'arrêter de définir les individus uniquement par leur appartenance à des groupes ethniques ou religieux mais aussi par leur capacité à créer, à partager, à transcender leur condition, et la musique, quand elle est belle, bonne et sincère, sert aussi à cela.

Propos recueillis par F.L.



logo CMTRA

46 cours du docteur Jean Damidot
69100 Villeurbanne

communication@cmtra.org
Tél : 04 78 70 81 75

mentions légales

46 cours du docteur Jean Damidot, 69100 Villeurbanne

communication@cmtra.org
Tél : 04 78 70 81 75