RCT, la musique de tous les mondes

Entretien avec Bernard Dautant, Président et fondateur de RTC CMTRA :Bientôt 25 ans d'existence pour Radio Charpennes Tonkin et une histoire riche à tous niveaux. Pour définir au mieux la RCT d'aujourd'hui au regard de son histoire, que dirais-tu ?

B.D : RCT est en train de sortir d'une crise de croissance qui l'a amenée à reconsidérer son positionnement sur la bande fm, son organisation interne, sa façon de fonctionner, et son regard sur la réalité associative du moment. Nous étions arrivés au bout d'une logique ou chacun s'est battu pendant des années avec un grand supplément d'âme pour faire une radio bien au dessus de ce que ses ressources financières autorisaient. Faute de soutien conséquent des acteurs publics et de la fatigue inhérante à ce genre de démarche, nous avons vécu une crise nécessitant un repositionnement en 2003. Concrètement, nous en sortons avec un nouveau format musical “autour des musiques du monde”, des outils plus performants, moins de ressources humaines et une stratégie de recherche de partenaires privés tout en gardant notre image de radio curieuse et ouverte à toutes les cultures, avec comme seul editorial politique, les droits de l'homme. RCT est récemment devenue “RCT la musique de tous les mondes”. Que cela signifie-t-il ?

Depuis de nombreuses années nous étions ouverts aux “musiques du soleil” (Afrique, Caraïbes, Océan indien). Nous avons produit quatre albums de musiques issues de l'immigration et des aides publiques, et notamment Les Sud en Rhône-Alpes.

Les musiques du monde ont toujours fait partie de notre programmation. Aujourd'hui, elles en sont le coeur, pour des raisons de goût et de stratégie. Ceci dit, nous avons construit un format autour des musiques du monde avec du jazz, de l'electro, de la chanson et des musiques black, en essayant de retenir de ces idiomes, leur mariage ponctuel ou durable avec la world music.

Nous sommes la seule radio a avoir cette vision large des musiques du monde. Des pays de l'Est à l'Irlande, en passant par l'Afrique , les pays latins, les USA, il y a une grande diversité. Cela inclut aussi les groupes locaux qui font (ou ont fait) un travail de qualité dans ce domaine.

Après, nous sélectionnons les titres qui sont diffusables pour un large public en journée et gardons l'expérimental ou l'ethnique roots pour les nuits. Il s'agit d'une direction musicale qui nous est propre dans laquelle nous souhaitons rassembler autant que possible l'amoureux du genre et l'auditeur qui n'est pas averti mais qui, grâce à cette écoute, souhaitera aller plus loin.

Au niveau national, je ne connais pas d'autres radios ayant organisé ainsi sa programmation. En fin de journée nous sommes en partenariat avec une association antillaise ; le soir et les week end, nous avons gardé la diversité musicale des animateurs bénévoles avec plusieurs magazines culturels (epra, arte radio, attac) qui montrent que nous voulons aussi nous positionner sur le terrain de la reflexion en ce qui concerne les problématiques “Nord-Sud”. Quelles répercussions cette nouvelle ligne directrice a-t-elle sur les play list ? Comment les concevez - vous ?

Dans l'absolu, les play list devraient refléter la diversité de la programmation dans ce qu'elle a de “meilleur” dans l'actualité courante. Vous pouvez les consulter sur notre site ( www.radio-rct.com).

En fait, pour des raisons d'organisation avec les labels, nous devons aussi les faire de manière thématique (électro world, world, jazz,...). Nous n'en sommes qu'au début et nous sommes souvent débordés par d'autres tâches. L'idéal serait de mettre en place d'ici quelques mois une commission de programmation pour les playlist ayant une vision plus transversale des choses. Par ailleurs nous n'excluons pas que des auditeurs attirent aussi notre attention sur tel ou tel artiste. Comment intégrez vous les formations émergentes de la région dans la programmation ?

Pour ce qui est des formations régionales, il n'y a plus, à RCT de traitement spécifique comme l'émission “ZIC D'ici” qui a été programmée pendant dix ans et dont j'étais à l'origine...

César Allan se retrouve au meme niveau que Chico Buarque, Kakarako avec Ali Farka Toure, Dezoriental avec les musiques du maghreb progressistes ou Sueno en la fabrica avec Luis Llach... A partir du moment ou un titre sert la programmation, il est intégré. Par contre nous allons mettre en place des petits modules de 5 minutes, “coup de pouce” avec une interview des artistes régionaux car, au niveau promotionnel, les radios ont un rôle à jouer envers ces artistes, parfois un fonction de relais envers les labels. Avec quels partenaires particuliers comptes-tu développer ce nouvel axe ? RCT est-elle à la recherche de partenaires, de soutiens ?

La question des partenaires est double. Nous avons commencé à travailler avec le Ninkasi, Ysalsa, Fêtes Escales , le CMTRA... Il faut tisser des liens avec les acteurs des musiques du monde en Rhône-Alpes afin que chacun ait le bon réflexe.

Les radios doivent informer et les labels, organisateurs, et producteurs doivent aider les radios qui valorisent leur secteur. On voit souvent des évènements couverts par des médias qui n'ont rien à voir avec la nature de cet évènement. Ce n'est pas qu'une question de solidarité mais aussi une question d'efficacité et de réseau.

C'est vrai que les radios associatives pêchent parfois par manque de professionnalisme et c'est ce que nous voulons éviter. Nous avons eu de nombreux partenariats, y compris de la pub depuis de nombreuses années sur notre antenne.

Le partenariat avec RCT, c'est possible même si nous ne sommes pas dans les radios les plus écoutées. Il vaut mieux toucher 5000 auditeurs dans la cible que 50 000 dont les trois quarts n'ont rien à faire de votre info.

Nous aimerions aussi avoir une émission d'info et de réflexion sur les musiques du monde. L'autre partenariat serait d'un autre ordre. Il s'agirait de trouver des investisseurs qui donnent vraiment à la radio les moyens d'assumer son projet jusqu'au bout tant dans le domaine musical, que de l'info, de la promo, ... mais ça, c'est une autre histoire... Propos recueillis par J.S. E. Ecoute

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