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Lettre d'information n°56. Hiver 2005 To gledi !

Entretien avec Isidore Georgiades du groupe de musiques grecques “To Gledi”.







CMTRA : Isidore, tu es arrivé de Grèce il y a cinq ans. Où s'est déroulé ton apprentissage musical ?

Isidore Georgiades : En France, en tout cas pour le bouzouki. Ça fait trois ans que j'ai commencé. Avant je chantais et je jouais un peu de darbouka. Je faisais partie d'un groupe avec lequel on jouait en été dans des tavernes pour les touristes. On faisait des rébétiko et de la musique traditionnelle. Quand je suis arrivé, j'ai eu envi d'apprendre le bouzouki parce qu'il n'y avait personne avec qui chanter. Au début on m'a donné une guitare que j'ai accordée comme un bouzouki puis un baghlamas*. Quelques temps après, je suis entré dans l'orchestre d'improvisation de l'École de musique de Villeurbanne et j'ai commencé à apprendre la musique plus méthodiquement. Après un an, j'ai acheté un bouzouki, je m'y suis mis avec beaucoup d'amour et aujourd'hui je commence à prendre du plaisir en jouant. Peux-tu présenter le rébétiko ?

Le rébétiko n'est pas une musique traditionnelle, c'est une musique populaire qui est née au début du siècle, après la catastrophe d'Asie Mineure et qui a existé pendant trente ans, pas plus. Beaucoup de grands compositeurs d'Istanbul et d'Izmir étaient venus s'installer en Grèce, et le rébétiko est né de la combinaison des musiques écrites d'Asie mineure, de la musique traditionnelle de la Grèce continentale, la musique des îles et la musique des Balkans. C'est une musique urbaine née du mélange. Au début il était joué avec les instruments de l'Asie mineure : le violon, le oud, et quelques instruments occidentaux classiques. Après les années trente est arrivé le bouzouki, le baghlamas, le juras. Il y a différents rythmes, certains se dansaient d'autres étaient plutôt à écouter. C'était la musique des quartiers pauvres, des immigrés. Il y a différents rébétiko, ceux qui se jouaient dans les cafés clandestins, ceux des endroits où l'on fumait le narguilé et le hashish, ceux des prisons, d'autres parlaient d'amour. Certains racontent la vie de tous les jours dans les bas quartiers d'Athènes, la misère des réfugiés. C'est cette situation qui à fait naître cette musique, comme le blues aux États-Unis. Après la guerre, tout a beaucoup changé et on ne chantait plus les mêmes choses. Aujourd'hui, pour chanter un “amanè*”, il faut avoir mal, pour que ça sorte de manière juste. C'est un sentiment rare. Il y a très peu de gens qui réussissent à retrouver l'âme du rébétiko aujourd'hui.

Et la musique traditionnelle grecque ? Il y en a beaucoup. Ce sont des musiques non écrites, qui vont à l'oreille. En Grèce, chaque région a ses musiques traditionnelles, ses instruments propres, ses rythmes, ses timbres de voix... C'est encore très vivace et ça se transmet encore d'une génération à l'autre. Depuis les années quatre-vingt il y a un retour aux musiques traditionnelles. Les jeunes se sont intéressés à ces répertoires et ont commencé à chercher les instruments et des morceaux qui s'étaient éteints. Les luthiers ont réappris à fabriquer les instruments, des professeurs ont commencé à enseigner ces répertoires.

Ton groupe s'appelle To Gledi... Qu'est-ce que cela signifie ? “Gledi” ça veut dire “la fête” en grec. C'est même plus fort que ça, c'est quand le moral est au maximum, que les gens sont sur les tables et cassent des assiettes... Quand je suis entré dans l'orchestre de l'ENM, j'ai rencontré des musiciens, dont David qui joue du violon, Léonore qui joue du violoncelle, Léa du ney. Au milieu de l'année, on a eu envie de faire de la musique grecque. Au début on jouait aussi de la musique roumaine, de la musique bulgare, turque. C'était un groupe de musique d'Europe de l'Est et de l'Orient. Après, comme la musique grecque elle-même est très riche, il nous a semblé impossible de faire quelques morceaux comme ça sans se plonger dedans. Alors on a décidé de faire un groupe de musique exclusivement grecque et puis d'autres groupes parallèles. C'est comme ça qu'est né To Gledi. La formation actuelle est difficile à décrire parce que c'est un groupe ouvert. On n'est pas un nombre fixe. Ça nous permet de combiner des instruments, des façons de jouer. On peut avoir le duo violon et violoncelle qui tient les basses, le ney, la guitare ou le oud pour le rythme, des percussions et puis le bouzouki et le chant. C'est une énergie que l'on cherche avant tout. Peux-tu nous parler du bouzouki ?

Bouzouki, ça vient du turc “bouzouk” qui veut dire « qui est abîmé ». Le bouzouki a 150 ans à peine. C'était un saz auquel les quarts de tons ont été enlevés, et le manche modifié. C'est un saz bricolé en Grèce. Le rébétiko utilisait très peu les quarts de tons mais beaucoup d'appogiatures. Le bouzouki à trois cordes est accordé en Ré-La-Ré. Après est arrivé le bouzouki à quatre cordes, plus grand, plus proche de la mandoline et avec les accords d'une guitare, et c'est celui-là que la musique irlandaise utilise. Propos recueillis par Y.E Retrouvez To Gledi dans la [lettre n°59->article41] Lexique

Baghlamas : tout petit bouzouki, de 50 centimètres

Amanè : improvisation vocale sur un mode oriental



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