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Lettre d'information n°54. Eté 2004 Chorale Gomidas de l'Eglise apost

[Voir des extraits musicaux de la chorale de la Guillotière->article1491] Entretien avec Jean Berbérian, chef de la chorale Gomidas de l'Eglise Arménienne de Lyon, Alice Bodourian et Gérard Humbert, membres de la chorale CMTRA : Quand a été créée l'Eglise Arménienne de Lyon ?

Jean Berbérian : Après le génocide arménien de 1915, de nombreux Arméniens sont arrivés en France et notamment à Lyon. Dans les années 1920, il y a eu d'abord une petite chapelle avenue Berthelot puis une autre rue Louis Blanc, jusqu'en 1963. En 1954 a été posée la première pierre de l'Eglise actuelle, l'Eglise Saint-Jacques, qui a été consacrée en 1963. La communauté arménienne se trouvait donc dans ce quartier ?

J.B. : Oui, jusqu'à la dernière guerre, ce quartier, entre la rue Moncey et la Part-Dieu, les rues Rabelais et Dunoir, la Place Guichard, tout cet ensemble formait le quartier arménien de Lyon. Tout le monde se retrouvait dans la chapelle, rue Louis Blanc qui était située au-dessus d'un atelier de décolletage. C'était un quartier qui était abordable au niveau des locations, parce qu'il s'agissait de maisons déjà très anciennes. Les premiers arrivants s'y sont installés et quand les autres sont arrivés, il y a eu un phénomène de regroupement. Il faut penser que nos grands-parents ne parlaient pas un mot de français, et qu'ils arrivaient dans des conditions très difficiles. Ils avaient donc besoin de s'entraider...

Alice Bodourian : A Décines par exemple, beaucoup d'Arméniens se sont installés dans cette agglomération ; ils ont construit une Maison de la Culture, une Eglise, l'école arménienne hebdomadaire. De très nombreux commerces étaient tenus par des Arméniens. Je suis originaire de Décines et dans notre quartier il n'y avait pas une seule maison habitée par des Français !

J. B : Aujourd'hui le quartier arménien de Lyon n'existe plus. Il a été démoli. Après la guerre, la situation des Arméniens s'est un peu améliorée, les jeunes ont grandi et se sont installés dans d'autres quartiers. Mais l'Eglise reste le point central, et elle demeure dans ce quartier... J'imagine que cette installation dans la région est en lien avec la présence d'industries, de sources de travail ?

A. B. : Oui, c'est la raison première. Quand nos grands-parents sont arrivés en France, la première étape était Marseille. Ils se sont installés tout le long de la vallée du Rhône. Beaucoup se sont arrêtés en Ardèche parce qu'il y avait des fabriques de verrerie et à Décines à cause des industries textiles, la fameuse usine de la Soie.

Un très grand nombre d'hommes et de femmes qui sont arrivés à Lyon ont travaillé à l'usine de la Soie. Nos grands-parents se sont donc fortement implantés autour de ces usines. La première chose qu'ont fait les Arméniens dans toutes les villes où ils se sont installés, avant même de construire leur maison, ça a été de construire l'Eglise. Il y a une importante communauté Arménienne sur Lyon ? Est-ce qu'il y a eu différentes vagues de migrations ?

A. B : Oui, beaucoup d'Arméniens sont venus du Moyen-Orient, notamment du Liban dans les années 1960, après la guerre du Liban. D'ailleurs ça a apporté un plus à la communauté, du sang neuf. Ils se sont très vite intégrés à la communauté. C'est vrai que quand on se retrouve lors d'une soirée, on est tous d'origine arménienne mais de différents pays, d'Arménie, de Turquie, du Liban, de Syrie, d'Iran, de France ... On a donc une origine culturelle commune, et en plus, on a les traditions de chacun de ces pays-là. Il y a eu un souci de regroupement et d'organisation communautaire important ?

A. B. : Oui. Je crois qu'il y a eu une volonté très forte d'intégration mais pas d'assimilation pour la génération de nos grands-parents. Aujourd'hui le problème est un peu différent parce que l'on arrive à la quatrième génération et que, tout doucement mais sûrement, l'assimilation se produit. Pour la première génération, l'objectif était de survivre. Pour les générations suivantes, le problème était différent puisque les enfants étaient nés en France, donc complètement assimilés à la culture française. La chorale existe depuis longtemps ?

A.B. : Depuis quarante ans. Elle a été créée en 62, avant même la construction de l'Eglise, à l'initiative d'un petit groupe de personnes qui aimaient le chant. Petit à petit, ce noyau a grandi. La chorale a travaillé avec le même chef de chœur pendant dix-sept ans et après c'est Jean qui a pris la relève. Je voudrais également préciser que depuis 7 ou 8 ans maintenant nous travaillons avec la chorale Guiliguia de l'Eglise Arménienne de Décines.

Chacune des chorales participe au sein de son église aux cérémonies religieuses. Mais lorsqu'il y a lieu de se produire en concert, les deux chorales sont réunies sous la direction de Jean Berberian. La chorale interprète des pièces de la liturgie traditionnelle arménienne ?

J. B : Oui. La liturgie arménienne est très particulière. Elle est essentiellement composée du corpus rassemblé par le Révérend Père Gomidas qui était compositeur, musicien et qui a collecté des chants jusqu'en 1915. Aujourd'hui par exemple, on chante la messe telle qu'elle a été écrite par le Père Gomidas.

A. B. : Il est décédé en 1936 à Paris, après l'exode... Il a recueilli aussi bien des chants liturgiques que profanes, une quantité importante de chants d'une richesse extraordinaire, en sillonnant tous les villages d'Anatolie, d'Arménie. C'étaient des chants de tradition orale, qu'il a recueillis en traversant les villages et qu'il a retranscrit sur papier.

Aujourd'hui le répertoire de notre chorale, et des autres chorales arméniennes également, est composé essentiellement des chants du Père Gomidas. Il faisait partie des premiers intellectuels de Turquie qui ont été déportés, il a survécu au massacre mais avec des séquelles irréversibles... C'est un répertoire uniquement vocal ?

J. B. : Aujourd'hui, lorsque nous chantons la messe, nous avons un support instrumental qui est l'orgue, mais à l'origine il n'y avait pas d'instruments. L'Eglise a toléré l'accompagnement musical dans les années trente. C'étaient des chœurs d'hommes uniquement... Aujourd'hui, les femmes sont majoritaires ! La chorale a également un répertoire de chants profanes ?

J.B. : Oui, le répertoire est composé en partie de chants liturgiques et pour une autre part de chants profanes, traditionnels. Beaucoup d'entre eux ont été écrits après le génocide et relatent le parcours du peuple arménien.

A. B. : Gérard peut apporter un autre regard sur ces répertoires, parce qu'il fait partie de la chorale depuis plusieurs années maintenant, mais il est français... Gérard Humbert : J'ai découvert le milieu arménien parce que je suis marié à une Arménienne et après quelques passages à l'Eglise, j'ai été vraiment conquis par cette liturgie ; j'ai fait une première tentative auprès de Jean Berbérian pour intégrer la chorale ; je ne chantais pas auparavant et je n'aurais jamais imaginé faire du chant.

C'est la découverte de la musique liturgique arménienne qui m'a donné envie de participer et d'apprendre à chanter. Ça fait douze ans maintenant que je fais partie de la chorale. Qu'est-ce qui vous a séduit dans cette musique ?

G. H. : C'est une liturgie qui m'a beaucoup touché. C'est vrai que je ne l'avais jamais approchée par ailleurs et que j'aurais pu être sensibilisé par d'autres répertoires religieux. Il y a aussi les sonorités, les mélodies elles-mêmes - j'allais dire orientales, mais c'est typiquement arménien - qui sont très particulières. J'ai participé avec Jean Berberian à une chorale classique, un chœur d'hommes. C'était très enrichissant avec des thèmes très variés, mais ce n'est pas la même chose... Il y a cette résonance d'accords qui m'a touché. Est-ce qu'il y a des jeunes au sein de la chorale ?

A.B. : Il y en a quelques-uns, oui... mais ils sont minoritaires ! Le chant est peut-être a priori considéré, à tort, comme trop classique, statique et peut être trop sérieux. Mis à part les séjours en colonies de vacances, les jeunes ne sont pas souvent invités à chanter en groupe, alors que d'autres activités, telles que la danse, se pratiquent plus régulièrement. Est-ce qu'il y a eu selon vous des évolutions différentes des répertoires et de leur interprétation selon les communautés et les pays d'installation ?

A. B : Ce sont les mêmes répertoires. Il n'y a pas trop de différence, non. Les arrangements sont parfois un peu différents, ils changent selon le chef de chœur, mais la base est restée traditionnelle. Il n'y a pas de variantes notables. L'interprétation peut être plus lente ou plus rapide, mais sinon ça reste très proche, parce que tout le monde travaille sur les mêmes partitions. Il y a quelques variantes au niveau des chants plus populaires, de variété, mais la musique traditionnelle classique est la même. L'interprétation de ces chants, le fait de se retrouver et de chanter ensemble et l'idée qu'un peu partout, d'autres groupes arméniens font de même, ça doit représenter un lien très fort ?

J. B : Ah, oui.

A.B : Nous répétons tous les vendredis soirs. C'est la fin de la semaine, on est fatigués, on a pas forcément envie de ressortir, alors il faut se faire un peu violence pour aller répéter... Et bien je vous assure qu'après tout le monde se sent détendu.

Pour moi, il y a un point important, c'est la relation qui existe entre nous, qui dépasse la pratique musicale, il y a des amitiés très fortes. On est une grande famille et on a plaisir à se retrouver pour chanter ensemble. C'est important. C'est très convivial. Nous chantons la liturgie tous les dimanches à l'Eglise. Il faut préciser qu'il n'y a aucune obligation de présence pour chacun des membres ; peut-être qu'avec un regard extérieur cela peut paraître assez contraignant, mais ça ne s'explique pas. Accepter les répétitions hebdomadaires et être présents tous les dimanches à la messe, vous ne pouvez pas le faire si vous n'avez pas foi en ce que vous faites. Propos recueillis par Y. E.



[ Voir un extrait de la chorale de la Guillotière chantant les répertoires arméniens->article1491]



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