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Le Gazomètre / Compagnie Mudanza
Créations

Entretien avec Jocelyn Juste Castry, membre du Gazomètre, lieu associatif et culturel situé dans le quartier de la Guillotière à Lyon, et Areski Hamitouche, directeur artistique de Cie Mudanza. Ces deux associations présentent un projet commun pour le défilé de la prochaine Biennale de la Danse de Lyon. CMTRA : Quelle est l'histoire du Gazomètre ?

Jocelyn Castry : Le Gazomètre est un lieu culturel qui existe depuis cinq ans. Cette année on entame la sixième saison. C'est un lieu de création et de résidences artistiques qui est né de la volonté d'une poignée d'artistes réunis autour d'esthétiques musicales afro et latino-américaine. De ces quelques musiciens est né un groupe qui s'appelle Son del Gazo, autour duquel ont gravité quelques personnes, des musiciens et des amis qui nous ont aidé à construire ce lieu. La personne instigatrice du lieu au tout départ, Olivier Marc a su motiver les troupes pour que les premiers travaux se fassent et qu'une équipe, constituée de bénévoles, monte ce lieu. Petit à petit des groupes se sont créés en orbites, d'autres ont frappé à la porte pour travailler leurs créations.

En un an il y a eu un engouement assez fort et le lieu est devenu un espace très convivial. Un réel collectif de musiciens s'est créé. Aujourd'hui le Gazo est toujours un lieu de création mais c'est aussi un lieu de vie et de diffusion musicale. Le restaurant associatif que l'on a monté récemment et l'espace d'exposition sont significatifs de cette évolution.

Areski Hamitouche : Joss a présenté un lieu en évolution et je pense qu'un summum a été atteint l'an dernier suite aux bals que le Gazomètre a organisés pour la dernière Biennale de la Danse. Je pense qu'en montant un événement comme celui-ci, puis d'autres, pour les Invités de Villeurbanne ou les Fêtes d'été, le Gazo a démontré qu'il avait un potentiel, que son lieu de vie pouvait lui permettre de monter des projets d'envergure. C'est un collectif d'artistes, de bénévoles, d'amateurs qui ne demandent qu'à participer à une histoire qui ait du sens, à mettre en jeu leurs compétences, à se mettre en danger (c'est cette fragilité qui est importante) à travers des créations. Je crois que ça n'intéresserait pas le Gazo de monter des événements juste pour monter des événements, l'intérêt est qu'il ouvre des possibilités d'alimenter artistiquement le collectif, et que ses membres s'investissent dans ces projets.

Aujourd'hui le Gazo est en restructuration, en phase de réflexion et fait le bilan de la première période. Quand tu montes des projets comme ça, tu pousses au maximum et c'est là que tu prends conscience du devenir qui s'offre à toi.

J.C. : C'est vrai qu'aujourd'hui on a un potentiel énorme de personnes qui amènent de l'énergie pour monter de nouveaux projets. Au début on fonctionnait un peu en aveugle et c'est petit à petit que l'on s'est rendu compte qu'il y avait des forces vives qui ne demandaient qu'à faire leurs preuves.

Aujourd'hui on a envie de continuer, de proposer de nouveaux projets parce qu'on sent que l'on peut assumer les choses et que l'on peut pousser nos limites encore plus loin. L'arrivée de la Compagnie Mudanza est à mon avis très importante parce qu'elle nous permet de retrouver notre raison d'être originelle, d'imaginer et de porter de nouveaux projets de création qu'ils soient picturaux, musicaux, culinaires ou événementiels. Quelle place a le projet porté par les deux associations pour le défilé de la Biennale de la Danse dans cette restructuration ?

A.H. : Le premier projet concret de cette nouvelle phase est effectivement le Défilé de la Biennale. C'est également le premier projet commun du Gazo et de Cie Mudanza, qui nous permet de nous mettre en risque ensemble. En plus des ateliers de danse et de musique du Défilé, nous allons essayer d'installer jusqu'en septembre une rumeur autour de ce projet, en utilisant ce lieu et en organisant des soirées sur le thème de la Biennale, L'Europe des grands récits, que l'on peut décliner de beaucoup de manières différentes. On va faire en sorte que tout le public d'adhérents, les personnes qui gravitent autour de ce lieu et les participants aux ateliers s'approprient ce projet.

Cela implique qu'ils soient investis dans la conception des costumes, dans la construction du char, dans la mise en oeuvre de soirées thématiques. D'un autre côté le Gazo est face à des difficultés qui font que l'on est obligé de garder une énergie maximum pour assurer la programmation... Et Compagnie Mudanza ?

A.H. : Compagnie Mudanza est née en octobre 2002. Auparavant j'étais chargé de la direction musicale de la Compagnie Azanie qui avait la particularité de présenter des créations danse avec des musiciens en live. On a fait cinq créations en dix ans d'existence, et on a monté la Bande qui a pas mal tourné au niveau national et européen. J'ai quitté Azanie après la Biennale 2002 et j'ai créé Compagnie Mudanza avec une partie de l'équipe qui constituait Azanie.

L'idée principale est toujours de lier ces deux formes d'expressions que sont la danse et la musique. Au niveau de la création musicale, je fonctionne beaucoup en associant des univers et en particulier ceux qui n'ont pas l'opportunité de se rencontrer. Je fais beaucoup de recherches sonores. Par exemple, la dernière création danse que j'ai faite pour la Cie Azanie était une association entre le monde lyrique et le monde afro.

Cie Mudanza a une ligne directrice qui se définit en une phrase : " de la scène à la rue, de la rue à la scène ". Nous fonctionnons en collectif avec une volonté de fédérer un ensemble d'associations, d'individus artistes, d'institutions, autour de différents projets.

Ces individus et associations peuvent s'interpeller, se solliciter en fonction de leurs compétences. Notre domaine d'inspiration est la diversité des formes d'expression traditionnelles profanes et populaires que nous mettons au service d'une écriture contemporaine. Nous avons développé en particulier une relation très forte avec le Brésil et Cuba. Nous avons également un réseau formé de différentes associations en France parce que Mudanza gère différentes Bandes. La bande est un groupe d'amateurs réunis autour de la musique et de la danse.

Ça a démarré par le monde traditionnel brésilien, la batucada, la samba qui ont démontré leur efficacité dans la rue et puis nous passons par différents domaines musicaux et chorégraphiques qui nous permettent de former les gens à cette pratique. Très rapidement, nous abordons des créations originales pour ne pas tomber dans le biais de la reproduction simple d'une forme. Chaque bande a un minimum de 40 musiciens et presque autant de danseurs.

La Bande est donc le projet de rue de Cie Mudanza. Il y en a une à Beauvais, à Bézier, à Belfort et une à Lyon. Il y a un noyau d'amateurs confirmés dans chaque Bande qui transmet les techniques aux autres et qui commence à s'accaparer le projet et à imaginer avec nous une direction artistique qui leur est propre. Par ailleurs, Cie Mudanza se lance dans une création de rue qui se nomme Urbanobal. Quelle direction artistique allez-vous donner à la création pour le Défilé de la Biennale ?

A.H. : Le défilé de la Biennale est conçu avec un chorégraphe, Rui Morera, de la Cie Séra Qué ? de Belo Horizonte au Brésil. Le thème, cette année, est L'Europe des grands récits. On a choisi de le décliner en s'inspirant de cette époque des grandes découvertes. La géopolitique mondiale que l'on connaît aujourd'hui a été définie par le vieux continent, qui a cette relation à assumer vis-à-vis des autres continents. Ce qui est intéressant, c'est que dans cette volonté de revenir sur l'histoire de l'Europe, on peut aller à la rencontre d'univers musicaux et culturels comme les musiques irlandaises, le Fado, le monde du Flamenco.

Le lien avec les autres continents, on le cherche à partir de ces cultures musicales du vieux continent. Tu vois, ce projet est génial parce qu'il nous concentre sur notre histoire au milieu d'autres histoires. D'un autre côté, on va essayer de raconter une histoire en relation avec ce que l'on vit ici, dans notre environnement proche. Le lien avec le Maghreb, par exemple, est complètement évident : le Maghreb ne commence pas en Afrique du nord mais à Marseille ou ici dans le 7ème arrondissement !

On a démarré les ateliers car on avait envie de lancer la dynamique avec les participants. À partir de décembre ou janvier, différents in-tervenants vont venir alimenter la chorégraphie. On se donne jusqu'au mois d'avril pour se charger de toute cette matière. Il y aura également un gros travail autour des danses traditionnelles françaises, les bourrées, les gigues... Je crois que c'est important que les gens étudient différentes choses. C'est ça aussi le projet du défilé de la Biennale, que les gens se nourrissent. L'objectif du Défilé, pour moi reste toujours le même. C'est un espace pour que des amateurs travaillent avec des professionnels qui vont essayer de les pousser au maximum.

J.C. : Pendant le montage du défilé, les participants ont libre accès à toutes les soirées programmées au Gazo. On va essayer d'accueillir pendant le deuxième et le troisième trimestre les groupes issus des ateliers musique et danse du défilé et monter des soirées à thème pour leur permettre de présenter une partie de leur travail en public. Cela va permettre de créer une synergie et quand viendra le mois de septembre, théoriquement, il n'y aura plus rien à encadrer parce que le corps du défilé tiendra par lui-même. Pour le Gazo comme pour Cie Mudanza, le défilé c'est un bon lien, un bon liant.

A.H. : C'est ça qui est important, c'est que les gens soient continuellement actifs par rapport à cette histoire et ne se contentent pas d'être encadrés. Le défilé de la Biennale c'est l'occasion pour tout le monde de fédérer sa culture, de montrer son environnement. C'est pour ça que je le défends. C'est l'espace de fête de la communauté lyonnaise, de Rhône-Alpes. C'est l'écoute de notre environnement et de notre vie de tous les jours qui m'inspire. On est dans une période où l'on nous baratine sur le métissage, sur la rencontre des cultures mais ça reste pour moi au stade de l'enseigne alors que dans le monde de la rue on n'a pas le choix !

Tu vois, l'acte de création, c'est un miracle, tout le temps. On peut y passer 24h sur 24h, aller dans le moindre détail, tout prévoir, c'est comme la rencontre entre les gens ou entre les cultures... Quand la rencontre a réellement lieu, c'est un miracle. Ce qui est important c'est comment tu te formes, comment tu travailles et comment tu grandis pour assumer ces moments-là et c'est en ça que le projet de la Bande est très fort. Il est né lors du premier défilé et il est entretenu depuis. C'est vrai que le jour J, tu défiles, tu as une heure et demi de spectacle, et puis à la fin, tout le monde vient te dire : " ouaouh, c'est fini ... ". Et là les gens se rendent compte de tout le travail accompli et de tout ce qui reste à faire. Tu te rends compte, ils vivent un processus de création qu'ils présentent devant des milliers de personnes dans leur ville... Ça fait grandir, ça donne des ailes ! Propos recueillis par Y.E. Contact

Le Gazomètre

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