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Une "cité-monde" à l'ENM de Villeurbanne

Entretien avec Martial Pardo, directeur de l'Ecole Nationale de Musique deVilleurbanne CMTRA : quel sera le programme de la Nuit des Cultures pour cette année ?

Martial Pardo : nous accueillons une formation d'Azerbaïdjan, par le biais de Marc Loopuyt, qui a résidé six mois dans ce pays, dans le cadre d'une bourse de la Villa Médicis hors les murs. Marc Loopuyt participera également à une formation orientale, avec Rajae Drourhi, danseuse orientale, originaire du Maroc. Rajae animait déjà des ateliers de danse dans les quartiers, et elle enseignera cette année au sein de l'école.

Nous aurons également Nasser Hamzaoui, qui joue du oud et chante le chaabi, cette poésie de haute volée de la tradition algérienne, ainsi qu'une formation de salsa, Mandinga, autour de la famille Mardones origninaire du Chili. C'est une formation jeune, mais qui a beaucoup de métier. Nasser Saïdani, professeur de musique traditionnelle mandingue à l'ENM, se produira avec un groupe de musiciens et/ou d'élèves de l'École, d'autres formations sont encore à confirmer. Cette année, la date de la Nuit des Cultures a changé, pour quelle raison ?

Le lieu a changé également. Elle se déroulera au CCVA (Centre Culturel pour la Vie Associative). Cet été, il y a eu un nouveau concept de fête à Villeurbanne, les Invites, qui se déroule à la fin du mois de juin. Le solstice de printemps a donc été consacré à la célébration en plein air de valeurs d'ouverture à toutes les cultures, et notre Nuit a été reportée non loin du solstice d'hiver, dans un lieu clos, plus en intimité, mais sur les mêmes valeurs.

La Nuit se déroulera certainement l'après-midi, portera-t-elle encore le nom de Nuit, je n'en suis pas sûr !... En tout cas, elle s'inscrira dans le cadre de la fête des lumières : un bouquet de lumières et de sons, qui illuminera le centre et les quartiers de la ville. Les quartiers seront animés par des gens de l'ENM ?

Oui, mais cela pourra être aussi des musiciens de la Nuit, qui pourraient se produire dans un quartier si cela s'y prête. Nous avons envie de mettre en sons le prisme multicolore de la lumière blanche, puisque de longue date Villeurbanne et les communes environnantes sont marquées par ce côté terre d'accueil, d'hommes, de sons et de couleurs. Quels sont les liens entre la Nuit des Cultures et l'ENM ?

Cette année, l'école est plus présente dans la Nuit des Cultures. L'École n'est pas quelque chose qui « scolarise », mais elle est un rebondissement : les gens qui entrent à l'École en musique traditionnelle ont déjà, du fait de l'absence d'accueil dans les conservatoires, un bagage qu'ils se sont constitué par leurs propres moyens, et un certain professionnalisme.

La Nuit des Cultures ne doit surtout pas être figée. Il n'est pas exclu que nous programmions un jour des musiciens baroques ou classiques par exemple au côté de musiciens de l'immigration. Mettre coude à coude des musiciens de traditions différentes fait éclater la différence, et peut faire aussi émerger des fondamentaux (postures, manières d'émettre le son, mouvement du corps). Il serait intéressant de mettre en place des groupes de recherche sur ces questions, qui pourraient être les vecteurs de pédagogies très ouvertes. Pouvez-vous nous parler des nouveautés de l'ENM pour la rentrée 2002 ?

Cette année nous ouvrons progressivement un petit département «danses du monde» en reëet de la diversité musicale de l'école. Autour d'un pilier en danse contemporaine, s'articuleront les danses baroques, traditionnelles orientales et africaines et le hip hop.

Pour le domaine européen, la danse baroque est aux racines de la danse classique et la danse renaissance est très proche des danses traditionnelles du domaine français. La danse contemporaine sera le poste le plus important, car elle peut répondre à tous les univers musicaux.

La danse africaine existant déjà dans l'école sera renforcée, et la danse orientale, qui est un prolongement des ateliers menés dans les quartiers, représentera trois heures pas semaine à l'ENM.

La danse hip hop, qui répond à une forte demande dans les quartiers, aura quelques heures dans l'école dans le cadre d'une résidence de la compagnie 10coredence au CCO. Qui participe aux ateliers de quartier ?

Dans les quartiers, ce sont la plupart du temps des jeunes de 6 à 16 ans, dans le cadre du CTL (Contrat Temps Libre), une collaboration entre la ville de Villeurbanne et la Caisse d'Allocations Familiales.

Nous avons des liens permanents avec les animateurs qui travaillent dans les maisons de quartiers et les centres sociaux qui nous traduisent la demande des jeunes tournant souvent autour de la danse hip hop, orientale et du rap. C'est le retour de la demande des quartiers qui nous a encouragé à créer ce petit département danse au sein même de l'École.

Une culture qui est apte à sensibiliser les gens dans les quartiers doit être apte à être enseignée dans l'École, aucune culture ne doit être assignée hors les murs. Les personnes ayant déjà fait un premier pas dans les ateliers de quartier en hip hop et en danse orientale par exemple pourront se perfectionner dans l'école. Dans cette école, il y a une double acception de l'excellence : le niveau vertical, former des amateurs de bon niveau et accompagner des professionnels de très haut niveau dans plusieurs esthétiques ; le niveau horizontal consistant à ouvrir des initiations et des sensibilisations à des publics très éloignés géographiquement et culturellement d'un lieu de formation comme un conservatoire.

Et cela demande une autre excellence, relationnelle et pédagogique. Je ne dis pas que nous y parvenons, il n'y a pas de voie royale pour cela, les choses sont souvent précaires, instables, il y a beaucoup de rotation de personnels dans les centres sociaux et même les écoles, mais l'engagement de l'ENM est fort. Les cursus de formation de l'ENM sont tournés vers les cultures extra-européennes, cependant, vous souhaitez vous ouvrir au domaine français, de quelle manière ?

Nous avons un petit espoir, avec beaucoup de réserves, concernant le domaine français, ou européen. C'est avec plaisir que nous avons accueilli l'an dernier un atelier de cornemuse du CMTRA. Nous espérons accueillir cette année l'atelier de violon traditionnel. C'est important pour nous que ces ateliers soient présents physiquement dans l'École.

Nous avons peut-être une possibilité d'ouvrir quelques heures d'accordéon diatonique. Cet ensemble, même petit en taille, pourrait constituer un petit pôle « domaine des pays de France ». Cela fait partie du projet d'établissement à terme : initier et développer un pôle français et européen.

Cela permettrait d'établir des liens avec la danse, mais aussi d'autres types de liens avec la musique. Cela multiplie les types d'accès possibles à d'autres cultures.

Nous ouvrons une petite section théâtre également, avec le théâtre de l'Iris, qui a mis en place un cursus de formation et avec lequel le lien humain, pédagogique, artistique, se traduira par une convention. Pouvez-vous nous parler des projets que vous avez initié avec l'Outre-Mer ?

En Martinique, existe une expérience très originale appelée IFAS (Institut de Formation aux Arts du Spectacle), qui est une structure associative, soutenue par l'État et les collectivités. Dans une île où il n'existe pas de réel réseau de formation, le porteur de ce projet veut créer un cadre fondé sur les traditions caribéennes. Sachant que dire cela, c'est dire le monde entier... Il ne renie ni le classique, ni le jazz, ni la musique ancienne, à condition que les différentes strates de traditions martiniquaises soient au cœur, ce qui nous paraît un gage de réussite. Étant associatifs, ils ne pouvaient pas délivrer de diplômes nationaux, ce qui obligeait les étudiants martiniquais à s'exiler, ou à rester sur place sans horizon professionnel. Ils avaient donc besoin d'un conservatoire, la rencontre avec Villeurbanne a fonctionné tout de suite, et nous sommes allés délivrer 35 DEM de musiques traditionnelles et actuelles, entre autres et avec l'accord de l'État.

Nous avons invité le Big Band de Martinique à séjourner dans l'école et nous avons programmé quelques musiciens à la Nuit des Cultures. Un lien très fort et unique s'est instauré. Du coup, des musiciens de La Réunion sont venus nous voir. Le contexte est différent, et nous sommes seulement au seuil d'une collaboration, mais des choses vont se passer. Villeurbanne peut jouer un rôle de plaque tournante pour les départements d'Outre-Mer, grâce à la multiculturalité de sa géographie intérieure. Vous demandez aux étudiants de l'ENM des « projets personnels » dans le cadre de leur formation, en quoi cela consiste-t-il ?

Cinq valeurs parcourent tout le projet d'établissement, quels que soient les cursus et les esthétiques : La culture, l'instrument, la pratique collective, la dimension d'invention qui est indispensable, et une valeur que nous appelons « cité-monde ».

Quelle est la relation entre l'étudiant, l'école, la cité, entre l'école et le monde ? Du côté de l'étudiant, cette dernière valeur doit se valider par un projet personnel mené en autonomie et en ouverture. C'est-à-dire à distance de son domaine familier. Cela peut être très large, et une des dimensions possibles, en particulier dans les musiques traditionnelles, est le voyage. Nasser Saïdani a emmené ses étudiants en Guinée l'année dernière. En effet comment avoir un diplôme de musiques traditionnelles extra-européennes sans avoir voyagé ?

Et cette notion de voyage pourrait elle-même voyager : pour les autres esthétiques (classique, baroque, etc...), qu'est ce que le voyage, la source ? un ailleurs ? un autre temps ? Propos recueillis par P.D.J. Contact

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